L’Office des Tunisiens à l’étranger (OTE) et le Secrétariat d’État à l’Immigration et aux Tunisiens à l’étranger : une nouvelle arnaque ?

Suite à la parodie de consultation appelée “Le Forum des Tunisiens à l’étranger” qui se déroule actuellement à Hammamet du 19 au 21 août, nous dénonçons ce qui n’est autre qu’une insulte à l’intelligence de la diaspora tunisienne, et une politique dangereuse, digne des pratiques du régime de Ben Ali.

Nous exigeons la création d’une instance (indépendante) pour les Tunisiens à l’étranger regroupant les forces vives de la diaspora et des citoyens tunisiens.

L’importance des Tunisiens à l’étranger

Pour rappel, les Tunisiens résidant à l’étranger représentent 10 % de la population tunisienne : 1 223 213 dans le monde, dont 1 032 412 en Europe. Ils contribuent indéniablement au développement du pays. Ainsi, les transferts globaux des Tunisiens à l’étranger ont atteint, en 2010, 2 904 millions de dinars selon la Banque Centrale, ce qui correspond à 4,5 % du produit national et à 20,5 % de l’épargne nationale. Ces transferts constituent la quatrième entrée des ressources du pays en devises.

Des chiffres qui devraient occuper toute l’attention et le respect des politiques en Tunisie.
Or malheureusement dans le brouillon de la nouvelle constitution tunisienne, censée être la constitution de tous les Tunisiens, nous n’avons trouvé aucune référence aux droits des Tunisiens à l’étranger et à leur place dans la nouvelle république tunisienne. Les appels de certains élus des Tunisiens à l’étranger sont restés sans réponse au sein l’Assemblée nationale constituante (ANC).

Des moyens mais aucune action !

En outre, depuis les élections de l’ANC en 2011, les Tunisiens à l’étranger ont assisté à la création d’un Secrétariat d’Etat à l’Immigration et aux Tunisiens à l’étranger : à sa tête M. Houcine Jaziri, également porte-parole du mouvement islamiste Ennahdha. Une nouvelle institution qui vient se greffer sur l’Office des Tunisiens à l’étranger (OTE) qui a toujours servi de vitrine de propagande et de collecte de renseignements sur les Tunisiens à l’étranger pour le régime de Ben Ali. Le bilan des institutions liées à l’immigration et aux Tunisiens à l’étranger nous laisse sans espoir, et les actions actuelles sont bien loin de nos aspirations.

Pour son budget de 2012 qui est de l’ordre de 15,515 millions de dinars, l’OTE a bénéficié d’un montant de 4 millions de dinars pour la conduite du travail social et culturel à l’étranger.

L’OTE dans le cadre du budget de 2012 profite également de 10 recrutements pour un crédit de 95 000 dinars et pour une durée de 6 mois (5 gestionnaires, 2 attachés de direction, 1 technicien et 2 agents d’accueil), et sous le titre de « location des agents du travail social et culturel à l’étranger » une somme de 5 millions de dinars a été dégagée, ce qui portera pour 2012 le nombre des attachés sociaux à 44, les assistants sociaux à 9 et les directeurs des espaces famille à 4. À souligner aussi qu’un montant de 571 000 dinars est débloqué au profit de l’OTE pour l’acquisition d’un nouveau local.

Malgré tous ces moyens déployés, l’OTE et le Secrétariat d’Etat à l’Immigration et aux Tunisiens à l’étranger restent incapables de répondre à un courrier ou un courriel.

Un bilan désastreux et indigne, qui mélange les genres

Il n’y a eu aucune démarche sérieuse de la part du secrétaire d’État M. Houcine Jaziri, ni de feuille de route établie avec les Tunisiens ou les associations tunisiennes à l’étranger.

Depuis sa prise de fonction, M. Houcine Jaziri n’a cessé de tenir un discours ambivalent entre d’un côté, une volonté d’être à l’écoute des préoccupations et d’engager un travail profond et respectueux au profit des Tunisiens à l’étranger et d’abandonner les pratiques du passé, et de l’autre, la prise d’actions unilatérales sans aucune consultation et aucun échange sérieux et réel avec les Tunisiens à l’étranger.

Les dossiers des « harragas » demeurent sans solution humaine et les mères tunisiennes pleurent toujours leurs enfants portés disparus.

Les préparations pour le retour des Tunisiens à l’étranger en Tunisie pour les vacances d’été se font à la dernière minute sans aucun sérieux. Les billets d’avion ou de bateau sont encore plus chers que par le passé malgré toutes les prétendues déclarations de M. Houcine Jaziri.

L’ouverture des nouveaux centres socioculturels a été engagée unilatéralement par le Secrétariat d’État à l’Immigration et aux Tunisiens à l’étranger sans aucune consultation ou appel à projet préalables. Ces centres ne portent aucun projet global ni un budget de fonctionnement digne d’une programmation respectable et porteuse des aspirations des populations cibles.

M. Houcine Jaziri ne voit pas l’utilité d’assainir ses services des serviteurs du régime RCDiste ; pire encore, il se permet d’inaugurer le nouveau centre socioculturel à Bruxelles aux côtés d’une figure active au sein des réseaux RCDistes en Belgique.

M. Houcine Jaziri n’a jamais apporté son appui ou son soutien aux députés des Tunisiens à l’étranger à l’ANC dans leurs revendications citoyennes.

On l’a souvent vu sur les plateaux télé ou sur les radios en tant que « porte-parole » défendant ou promouvant son parti politique Ennahdha plutôt que les droits des Tunisiens à l’étranger.

Nos revendications

Les Tunisiens à l’étranger restent profondément attachés à leurs droits et à une politique gouvernementale claire et transparente pour l’immigration et les Tunisiens à l’étranger en accord avec la diaspora tunisienne.

Nous ne voyons pas l’utilité d’un Secrétariat d’État à l’Immigration et aux Tunisiens à l’étranger avec une telle mission, utilisant l’argent de la collectivité à des fins de propagande et de campagne électorale sur le dos des Tunisiens à l’étranger.

L’engagement de réforme réelle au sein de l’OTE aux niveaux des services, de la philosophie, de l’état d’esprit et de la mentalité est indispensable pour que les Tunisiens à l’étranger puissent renouer avec leurs institutions gouvernementales.

L’accès à l’information doit être garanti et facilité pour les associations tunisiennes à l’étranger.

C’est pourquoi nous exigeons la création d’une instance (indépendante) pour les Tunisiens à l’étranger regroupant les forces vives de la diaspora et des citoyens tunisiens.

Signataires : FETCA (Belgique), Uni*T (France), Collectif Tunisiens au Canada (Canada), CVDT (Belgique), Jasmin Tunisie Liberté & Démocratie (France), Collectif Mohamed Bouazizi (France)