Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

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La réflexion sur la nature de la « transition démocratique » dans la Tunisie postrévolutionnaire passe inexorablement par une analyse minutieuse de la signification de la notion de « peuple » (chaâb).

Représente-t-il tout ou une partie des citoyens ? Ne vaut-il que sélectionné, trié, représenté, ou peut-on espérer ou revendiquer une pleine et entière expression de son entité ? Évoquer ces questions au moment des grandes mutations historiques que nous traversons semble être essentiel pour mettre en œuvre un programme politico-stratégique dont l’objectif est le renforcement de la citoyenneté, de la diversité et de la contribution de la société civile au développement de la culture du pluralisme.

En effet, être citoyen, c’est prendre des décisions ensemble, être partie prenante d’actions auxquelles on participe par le biais des élections. Nous comprenons alors que cette pratique nécessite une forte conscience des droits et des devoirs, non seulement pour soi, mais aussi corrélativement pour les autres.

C’est donc être vigilant non seulement pour la défense de ses propres droits, mais aussi ceux des autres ; non seulement pour l’accomplissement de ses devoirs propres, mais aussi ceux des autres. On peut assurément soutenir à juste titre l’idée que le patriotisme concourt à l’apprentissage de l’égalité citoyenne.

La parole expressive développe le respect mutuel, la reconnaissance de l’égale dignité de l’autre dans sa différence comme dans sa ressemblance. La parole pragmatique permet d’acquérir le sens de l’égalité dans l’action et dans la prise de décision. La parole critique enfin confirme et assure le droit inaliénable de chacun à juger des affaires communes, à apprécier les opinions et les conduites des autres comme les siennes.

Et pourtant cette égalité demeure fragile car les moments d’expression et de reconnaissance réciproques sont toujours susceptibles de dévier vers la compétition pour la reconnaissance unilatérale. Les développements actuels que connaît le champ politique tunisien, où la tendance est à la non convivialité, nous amènent à nous interroger sur la nécessité d’un consensus politique large.

La question est réelle, surtout que les moyens pour assurer ce consensus sont nombreux et variés au moment où ces tensions, sinon ces conflits, peuvent contribuer à remettre en question le consensus omnium et l’unioanimorum, y compris le consensus sociétal qui, en principe, englobe tous les autres consensus.

Donc, l’autonomisme de la volonté est le principe de base de toute stratégie politique rationnelle qui permet de sortir de l’impasse. Ce principe consiste à chercher un nouveau climat socio-politique fondé sur le compromis (tawafûq).

Cette « loi morale » n’exprime donc pas autre chose que l’intérêt général du pays, c’est-à-dire le bonheur des Tunisiens. Si donc la matière de vouloir intervient comme une possibilité de sortir de cette tension socio-politique, il en résulte un nouveau contrat social fondé sur les principes de la révolution et sur la notion de la citoyenneté constructive.

Ce précepte pratique implique une condition matérielle qui doit être comptée pour loi, car elle est la loi de la volonté pure, qui est la liberté qui transporte la volonté de reconstruire. Dans ce contexte, il est indéniable que tout vouloir doit avoir aussi un objet qui se définit comme principe déterminant.

Il est important de noter que ces dernières circonstances que vit la Tunisie nécessitent un consensus qui devrait peser lourdement dans la sphère politique, car il apparaît déminent pour élaborer une feuille de route claire et précise pour tracer l’avenir de la Tunisie à la lumière d’une constitution garantissant un État civil et un régime républicain, démocratique et social.

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