Paris, Tunis le 25 juillet 2013 – La FIDH a appris avec consternation l’assassinat, ce 25 juillet 2013, anniversaire de la République tunisienne, de M. Mohamed Brahmi, député de l’opposition à l’Assemblée nationale constituante (ANC). M. Brahmi après avoir été secrétaire général du mouvement Echaab, était devenu le Secrétaire général du Courant populaire et membre du Front populaire, une coalition de 12 partis de la gauche tunisienne.

Selon les informations reçues, M. Brahmi aurait succombé à des blessures occasionnées par des coups de feu dont il a été la cible devant son domicile le 25 juillet matin. Les circonstances de cet assassinat sont tout à fait similaires à celles qui ont occasionné la mort de Chokri Belaid, leader du Front populaire, assassiné le 6 février 2013.

« Nous dénonçons ce crime odieux. Ce nouvel assassinat suscite les plus vives inquiétudes quant au risque de voir la Tunisie basculer dans une violence politique grandissante, se manifestant par la perpétration de crimes les plus graves » a déclaré Karim Lahidji, Président de la FIDH.

Il est impératif que les autorités tunisiennes fassent la lumière le plus rapidement possible sur les circonstances de ce meurtre. La FIDH appelle à ce qu’une enquête impartiale soit diligentée dans les meilleurs délais.

Alors que la lumière sur l’assassinat de Chokri Belaid n’a pas encore été faite, le coordinateur du gouvernement a déclaré à l’issue du Conseil des ministres du 24 juillet, que le ministre de l’Intérieur disposait d’informations sur les responsables et commanditaires de l’assassinat de Chokri Belaid.

Depuis plusieurs mois, les violences politiques se succèdent en Tunisie sous des formes diverses : meurtre, incitation à la haine et au meurtre, agressions physiques, destructions de biens et campagnes de diffamation. Celles-ci sont le plus souvent le fait de groupes extrémistes ou des ligues de la révolution dont la dissolution ne cesse d’être réclamée par la majorité des partis politiques tunisiens et les organisations de la société civile. Le 18 octobre 2012, le coordinateur du parti d’opposition Nidaa Tounès, Lotfi Naguedh, succombait aux coups que lui avaient portés des membres des ligues de protection de la révolution dans le cadre d’affrontements lors d’une manifestation à Tataouine (Sud de la Tunisie).

La recrudescence de la violence politique s’est nourrie de l’impunité dont ont très souvent bénéficié les auteurs de ces actes, qui visent à mettre à mal les libertés fondamentales, en particulier les libertés d’association, d’expression et de rassemblement pacifique et le pluralisme politique.

A plusieurs reprises, des leaders politiques ont également tenu des propos violents, contribuant à une situation de tension croissante. Ainsi le 13 juillet à l’occasion d’un manifestation de soutien au président égyptien destitué, Mohammed Morsi, le chef du groupe du parti Ennahdha à l’ANC, Sahbi Atiq, mettait en garde dans des termes virulents, ceux qui entendaient « remettre en cause la légitimité (d’un gouvernement élu) », menaçant de les « écraser ».

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