Ali Laaridh, Chef du gouvernement tunisiendu gouvernement
Photo de Ali Laaridh, chef du gouvernement tunisien, lors de son entretien avec quatre journalistes des radios Mosaique FM, Shems FM, Express FM et Nationale. Crédit photo : Page Facebook officielle du chef du gouvernement

L’interview organisée en direct ce lundi 22 juillet par plusieurs radios nationales avec le chef du gouvernement n’a pas apporté de nouvelles que le citoyen ignore. M. Ali Laaridh a surtout rappelé que cette période transitoire ne dépend pas seulement de son gouvernement, allant jusqu’à rejeter la faute sur ses adversaires politiques.

Honorer sa promesse pour la tenue des élections fin 2013

Durant l’entretien, il a surtout été question des élections. D’emblée, le journaliste de Mosaïque FM Néji Zhiri a rappelé, sous forme de question, la promesse de M. Ali Laaridh de quitter le pouvoir à la fin de cette année 2013 après l’organisation des élections présidentielles et législatives. Une question à laquelle le chef du gouvernement a répondu qu’il travaille « à honorer cette promesse ».

« Nous avons promis que cette période transitoire s’achèverait fin 2013. Nous travaillons et dépensons beaucoup d’efforts pour honorer cette promesse. Ce sujet ne dépend pas seulement du gouvernement mais aussi de l’ANC, des partis politiques, des organisations nationales et des citoyens… »

Pour résoudre les conflits, “les dialogues nationaux” qui se succèdent seraient pour lui la solution pour réaliser le “consensus”. Faisant référence à la crise que traverse l’Assemblée constituante, due à ce que les députés de l’opposition ont qualifié de “falsification des travaux des commissions“, le chef du gouvernement reconnaît ” un retard partiel dans la rédaction de la Constitution “.

Pour M. Laaridh, les partis non élus refuseraient le jeu de la démocratie

Cet entretien, le premier du chef du gouvernement avec des journalistes tunisiens, viserait à rassurer la société civile et les partis politiques quant à la tenue des élections en 2013. Faisant face aux appels de Nidaa Tounes et du Front populaire pour la dissolution de l’Assemblée et du gouvernement, le chef du gouvernement a contre-attaqué en rappelant :

  • qu’il y a des personnes qui ont refusé de reconnaître les résultats des élections du 23 octobre, ayant pour stratégie de mettre des bâtons dans les roues au gouvernement ;
  • qu’il y a des tentatives pour que le gouvernement ne puisse pas parvenir à organiser des élections ;
  • qu’il y a des gens qui veulent fuir l’arbitrage du peuple vers “autre chose” ;
  • qu’il y a des personnes qui ne veulent ni la démocratie ni l’arbitrage du peuple.

A l’instar de son parti Ennahdha, M. Laaridh s’attaque à ses adversaires politiques, qui refuseraient le jeu de la démocratie, tout en affirmant que :

la situation dans le pays n’est pas des meilleures mais [que le gouvernement] avance dans la bonne direction“, a-t-il affirmé face au journaliste d’Express FM, Elyes Gharbi.

Le chef du gouvernement, satisfait du travail de ses ministres

Selon le chef du gouvernement, il n’y aura aucun remaniement ministériel puisqu’il n’y a aucune raison de le faire. Ripostant au journaliste Hamza Belloumi qui a parlé du faible rendement des ministres, notamment ceux des Affaires étrangères et de la Justice, un point de vue qui aurait le “consensus sur la scène politique”, M. Laaridh le désapprouve.

Ce gouvernement a commencé le travail, nous travaillons et nous avons même accéléré la vitesse. Si vous observez notre rendement au niveau du développement régional ou sécuritaire… nous réalisons que nous étions dans une première situation (…) nous sommes passés à la maîtrise (du travail), et nous accélérons beaucoup nos efforts.
a-t-il assuré avec conviction

“Tamarod, un mouvement suspect”

Quant au mouvement Tamarod en Tunisie, il l’a qualifié de “clonage et de copie d’une chose venant de l’étranger“. Travaillant à réunir le plus de signatures possibles pour faire tomber le gouvernement et l’ANC, des Tunisiens ont repris le modèle égyptien “Tamarod” pour l’appliquer en Tunisie. Pour M. Laaridh, ” cette chose est suspecte“.

Je ne sais pas quels sont leurs buts, qui est-ce qui les soutient, qui est-ce qui les finance ?

Il n’y a pas de justice à deux vitesses, selon M. Laaridh

D’autres questions au sujet des nominations dans les administrations et de la dissolution des milices de la Ligue de protection de la Révolution n’auront pour réponse que le déni du chef du gouvernement. Pour lui, ces nominations sont conformes aux exigences de la compétence et de l’intégrité. D’après Laaridh, il n’y a que le principe de la loi qui compte.

Ignorant les attaques des forces de l’ordre à la chevrotine contre les manifestants de Siliana sortis exprimer leur colère, les violences du 9 avril 2012 ou les violences devant le siège de l’UGTT, M. Laaridh défie la réalité en se positionnant comme victime du régime Ben Ali, conscient de l’importance de la liberté.

Il n’y a aucune répression contre la liberté d’expression. […] Celui qui reconnaît son importance… non seulement la reconnaît mais y a goûté, sait ce que c’est que d’en être privé. Il sait ce qu’est la privation…

Les journalistes ont aussi abordé deux autres sujets importants, à savoir l’affaire des djihadistes de Chambi et l’assassinat politique de Chokri Belaid. Le chef du gouvernement n’a apporté aucune nouvelle information. Il s’est contenté de répéter ce qu’il avait déjà affirmé au sujet des “terroristes” en cavale, toujours pourchassés par les forces de l’ordre. Même position pour l’affaire Belaid, avec une réponse déjà entendue à plusieurs reprises : ” Plus de 80 experts y travaillent…” Par ailleurs, selon M. Laaridh, il y aurait onze suspects.

Finalement le chef du gouvernement n’a pas donné de nouvelle information, ni sur le plan politique ni sur le plan économique. Sur les réseaux sociaux beaucoup d’internautes ont fustigé la “déconnexion de la réalité tunisienne” du Premier ministre. Enfin beaucoup s’accordent à dire que l’interview n’était pas d’un grand intérêt.

La twitosphère tunisienne n’a pas été très tendre vis à vis de l’interview du chef du gouvernement.