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Le rappeur Alaa Yacoubi, alias Weld El 15, vient de rejoindre le comité de soutien d’Amina. Il était présent hier 17 juillet au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens pour la conférence de presse du comité de soutien de la jeune Femen, en prison depuis près de deux mois.

« Je vais tout donner pour la défendre. Elle est en prison pour des raisons stupides, a expliqué Weld El 15 à Nawaat, insistant sur le fait qu’il ne défendait pas Amina en tant que membre du groupe Femen, mais en tant que victime d’une injustice.

« Je suis contre les Femen. Je ne les soutiens pas. Je soutiens Amina. Amina la Tunisienne, Amina la petite de 18 ans qui galère, qui est en prison pour rien. »

Ce ralliement à la cause d’Amina n’a pas tardé à faire réagir sur les réseaux sociaux, certains rappelant avec ironie que Weld El 15 est l’auteur de chansons aux paroles insultantes pour les femmes, et l’accusant de misogynie.

« J’ai effectivement fait une chanson qui s’appelle « Biatch » (« salope » en anglais), répond Weld El 15. Mais il y a un malentendu en Tunisie avec le rap. « Biatch », c’est un mot utilisé par tous les rappeurs, même pour désigner des hommes, et pas seulement des femmes. C’est un mot symbolique. Et de toute façon on s’en fiche. Moi, j’écris ce que je veux. »

La blogueuse et activiste Lina Ben Mhenni (alias « A Tunisian girl »), membre du comité de soutien d’Amina, a pris la défense du rappeur, qui vient d’être libéré [lien en arabe] après avoir été condamné en appel à 6 mois de prison avec sursis pour sa chanson, « Boulicia Kleb » (« Les policiers sont des chiens »).

« Aujourd’hui, Weld El 15 a appris de son expérience, affirme la jeune femme sur son compte Facebook. Il dit qu’il est prêt à défendre toute cause juste, tout prisonnier d’opinion. »

Pour Human Rights Watch, Amina est détenue pour « des motifs politiques »

Arrêtée le 19 mai à Kairouan après avoir peint le mot « FEMEN » sur le muret du cimetière de la mosquée Oqba Ibn Nafaa, Amina Sboui a vu sa condamnation à une amende de 300 dinars pour port de bombe à gaz paralysant confirmée en appel le 11 juillet. Elle est également visée par des accusations de profanation de sépulture et d’atteinte aux bonnes mœurs, délits pour lesquels elle risque jusqu’à deux ans et six mois de prison.

Enfin, d’après son avocate Radhia Nasraoui, une nouvelle accusation vient d’être lancée contre la jeune fille : celle d’outrage à fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions (article 154 du Code pénal). Une accusation qu émanerait, selon Lina Ben Mhenni, du directeur de la prison de Sousse, après des révélations d’Amina concernant des cas de torture au sein de cet établissement, où elle est incarcérée.

Des « chefs d’inculpation contestables » pour l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, qui appelle dans un communiqué à la libération immédiate d’Amina, dénonçant une détention basée sur « des motifs politiques ».