Post de contrôle de la police de l’air à l’aéroport Tunis-Carthage.

La fin de l’année scolaire et universitaire est là, pour les étudiants étrangers venus étudier en Tunisie c’est le moment de prendre son billet d’avion et de rentrer au pays passer des vacances. Sauf que pour bon nombre d’entre eux le passage à la police des frontières va coûter cher, faute de carte de séjour ils vont devoir s’acquitter d’une amende.

Des étudiants subsahariens sans cartes de séjour

Sur les 6000 étudiants et stagiaires, 60% d’entre eux n’auraient pas de carte de séjour, explique Touré Blamassi le président de l’Association des Etudiants et Stagiaires Africains en Tunisie (AESAT) soit parce que les dossiers traînent au niveau de l’administration si bien que le délai des cartes de séjour provisoires ait expiré, soit parce que les dossiers ont été déposés tardivement.

Cette année le traitement des dossiers est particulièrement long :

« Des étudiants ont déposé leurs dossiers en octobre 2012, comment se fait-il au mois de juin 2013 qu’ils n’aient toujours pas reçu leur carte de séjour ? »

M. est étudiant en Tunisie depuis 3 ans. Il n’a pas pu déposer son dossier à temps cette année du fait de la procédure. « J’ai toujours eu des problèmes à récupérer ma carte de séjour au point de payer des pénalités à chaque fois que je quitte le territoire. Cette fois-ci je m’y suis pris plus tôt, mais le fait est que mon bailleur a mis du temps à rédiger mon contrat de location et le dépôt de mon dossier a pris du temps. »

Ce membre de l’association explique que normalement lors d’un dépôt de dossier une carte de séjour provisoire est remise au demandeur. Puis dans un délai de deux mois la carte de séjour finale est remise. Or cette année les cartes traînent encore plus que d’habitude.

« A chaque fois que je me présente au commissariat près de mon lieu d’habitation on me demande de repasser car la carte n’est toujours pas prête. »

Faute de carte de séjour les étudiants doivent payer une amende

Rien de grave pour l’instant, M. n’a pas été arrêté. Mais Touré Blamassi rapporte le cas d’une étudiante arrêtée par les forces de l’ordre faute de n’avoir pas pu présenter une carte de séjour lors d’un contrôle.

« Nous avons eu en tout une quarantaine d’étudiants en prison et deux directement renvoyés dans leur pays d’origine » explique-t-il.

Si la carte n’est pas prête à temps il faut demander un visa de sorti « mais il faut encore courir dans tous les sens et aller dans différentes administration » témoigne M. et quoiqu’il en soit en cas de dépassement du délai de trois mois pour se procurer la carte de séjour à leur sortie les étudiants doivent s’acquitter d’une amende de 20 dt par semaine passée sur le territoire sans carte de séjour valable.

Or, comme l’explique Touré Blamassi de l’AESAT, le retard dans l’octroi de la carte de séjour dépend de l’administration.

Discriminations et problèmes administratifs poussent les étudiants à quitter la Tunisie

Ces problèmes d’ordre administratifs s’ajoutant à ceux que les étudiants et stagiaires subissent tous les jours- telles que les discriminations dont ils sont victimes-poussent bon nombre d’entre eux à plier bagage et aller s’inscrire ailleurs pour continuer leur cursus universitaire plus tranquillement.

« La destination tunisienne comme lieu d’étude est en baisse et pâtie des problèmes que les étudiants subsahariens rencontrent. C’est un problème pour les universités tunisiennes et les écoles privées » explique Touré Blamassi

Pour la deuxième fois cette année l’association a envoyé une lettre au ministère de l’Intérieur pour discuter de ses problèmes. Au mois de mai dernier une première lettre a été adressée au ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou pour une demande d’audience. Une demande restée sans réponse. Aujourd’hui une deuxième lettre a été adressée pour une nouvelle demande d’audience. En attendant la réponse des autorités, l’association continue à soutenir les étudiants et stagiaires présents en Tunisie.

NDLR : Nous avons essayer de joindre le ministère de l’Intérieur pour avoir une réaction de sa part, sans succés.