Photo de la destruction de la Grande Mosquée, en Arabie Saoudite, prise par des activistes
 

Les autorités saoudiennes ont décidé de démolir la demeure d’Abou Bakr Al-Siddîq, dit « le véridique», premier converti et calife de l’Islam en un hôtel de luxe et transformer la maison de Khadija, première épouse du prophète Mohamed en des toilettes publiques. Une pétition de Avaaz.org a été lancée pour arrêter la destruction d’un patrimoine historique relative à la civilisation musulmane.

Prochaine sur la liste, d’après un plan récemment publié : la maison de naissance du prophète Mohamed qui se transformera peut-être en un building avec centre commercial de luxe au grand dam des millions de pèlerins de La Mecque.

Le gouvernement saoudien se livre ainsi depuis plus d’une vingtaine d’années à une campagne de destruction irréversible d’édifices historiques et religieux « pour les remplacer par des hôtels haut de gamme et des centres commerciaux accessibles aux plus riches » dans l’indifférence du monde musulman.

Loin de s’en cacher, il légitime ces destructions d’un patrimoine inestimable par la volonté d’étendre la ville et de maximiser le nombre de pèlerins potentiels, particulièrement les plus aisés. Une position décriée, mais également décrédibilisée par de nombreux experts qui soutiennent que l’extension de la ville peut tout à fait aller de pair avec la préservation de ces sites. D’après de nombreuses voix dissonantes, la véritable raison de ces ravages serait tout autre :ces démolitions seraient mûrement réfléchies, les wahhabites saoudiens, qui ont conquis La Mecque en 1924, voudraient imposer leur marque sur ces lieux saints et empêcher que ces sites ne fassent l’objet de vénération, ceci tout en dopant leur économie de luxe.

Le patrimoine historique de l’islam, trésor tout aussi historique et universel que religieux, est en piteux état : 95 % des bâtiments millénaires de La Mecque et de Médine ont été démolis dans les vingt dernières années.Selon le Président de la Fondation du patrimoine islamique, Irfan Ahmed Al-Alawi, moins de vingt édifices historiques datant de l’époque du Prophète subsisteraient.

La mosquée historique d’Abou Qubais et le fort ottoman d’al-Ajyad ont par exemple cédé la place à un palais et à complexe résidentiel et commercial. Un responsable saoudien sous couvert d’anonymat avait ainsi admis, en 2002, que « La forteresse [d’al-Ajyad] devait être démolie, car c’est le seul moyen d’exploiter la colline [Boulboul] » sur laquelle elle était érigée.La Turquie avait condamné ce saccage, la comparant à la destruction par les talibans, en mars 2001, des bouddhas géants de Bamiyan, et avait saisi également l’UNESCO bien que ce site ainsi que nombreux autres monuments musulmans ne figurent toujours pas sur la liste du patrimoine mondial.

Les nouvelles constructions, buildings et tours futuristes construits sans aucun respect d’une harmonie architecturale ou culturelle, défigurent les sites où elles sont implantées. Il en est ainsi de la Royal Mecca Clock Tower complex, deuxième tour la plus haute du monde doublée d’un centre commercial où les sacs Prada côtoient les tapis de prière, et construite côte à côte avec la Kaaba et la Grande Mosquée, qu’elle écrase de ses 600 mètres de haut.

Une construction qui n’apparaissait pourtant pas dans La grande exposition au British Museum de Londres sur le pèlerinage à La Mecque (de janvier à avril 2012) ;une exhibition, organisée en partenariat avec la Bibliothèque Publique du Roi Abdulaziz à Riyad, qui a également passé sous silence les controversés travaux et projets immobiliers.

Des photos, obtenues par le journal britannique The Independent et datant de mars 2013, montrent également des travaux de destructions sur les dernières colonnes Abbasides et Ottomanes vieilles de plusieurs siècles de la Grande Mosquée. Une de ces colonnes est supposée marquer le lieu où le prophète Mohamed a débuté l’Isrâ’ et le Mi`râj, son « voyage nocturne à Jérusalem» et son « ascension aux cieux » sur une monture appelée Bouraq.

Ce saccage est condamné par AVAAZ, mouvement citoyen mondial, qui appelle à une forte mobilisation par le biais d’une pétition ; 50000 signatures sont nécessaires pour éviter ce vandalisme sous couvert de développement urbain. Grâce à cette pétition, des encarts publicitaires pourront être placés dans les publications destinées aux pèlerins du hajj afin de faire pression sur le roi.

Des protestations de ce type se sont avérées efficaces par le passé, intercédant auprès du roi Abdallah qui a ainsi changé certains de ses plans de démolitions, notamment concernant trois des plus anciennes mosquées du monde, situées à Médine dans le Masjid an-Nabawi (Mosquée du Prophète).

Pour Sami Angawi, spécialiste de l’architecture islamique, il n’y a pas de doute ; si rien n’est fait, nous assisterons aux « derniers jours de la Mecque et de Médine. »


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