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Par Farhat OTHMAN

1 ) L’immunisation comme arme de contamination :

Si l’on sait pertinemment que toute révolution entraîne toujours une contre-révolution, on sait moins qu’elle est comme le train qui peut en cacher un autre. Et comme aux chemins de fer, la seconde révolution dont il faut se méfier peut être d’autant plus dangereuse qu’elle fait irruption par surprise, sans crier gare. Aussi peut-elle se révéler encore plus dangereuse que la contre-révolution, laquelle garde en quelque sorte le mérite d’avancer à visage découvert. Or, il n’est pire ennemi que la cinquième colonne !

De quoi s’agit-il? De cette agitation à laquelle on assiste dans le pays, et surtout à l’intérieur de nos administrations, au nom d’une soi-disant immunisation des acquis de la Révolution et qui n’est, au vrai, qu’une stratégie d’asphyxie lente et méthodique de l’Administration tunisienne dans ce qu’elle a de meilleur : son professionnalisme et sa neutralité politique.

En effet, le gouvernement en place, notamment le parti majoritaire qui le domine des mains et des pieds, essaye par tous les moyens de placer ses partisans partout dans les rouages des ministères. Aussi, la structure solide qu’est l’Administration républicaine qui a permis à l’État tunisien de tenir et de subsister tout au long de sa longue histoire, malgré ses vicissitudes et se soubresauts, est-elle en train de subir des assauts déstabilisateurs sinon destructeurs. Le pire est que cela se fasse au nom d’une Révolution dont l’un des acquis était de venir renforcer la neutralité et le professionnalisme avérés de notre administration.

Cela se passe donc au prétexte, globalement fallacieux et de pure forme, de purification des allées d’une administration dont l’écrasante majorité des membres est connue pour sa neutralité et son impartialité, étant bien plus des commis de l’État que les sbires du régime déchu ainsiqu’on veut le faire accroire.

C’est pourquoi, à tous ceux qui se gargarisent de slogans creux comme cette trop fameuse immunisation d’une révolution qu’on ne veut que contaminer avec les virus idéologiques et politiques, je me permets de rappeler ici que la vraie révolution, ainsi que l’indique son étymologie (revolvere), est un retour à l’état originel, renouant avec ce qui est instituant, original.

Aussi, notre révolution n’est que la rétrocession au nom du peuple à ce qui à l’origine; et en matière d’Administration, cela a toujours été — et doit continuer à l’être vaille que vaille — la neutralité de l’Administration dont la force est de se tenir à l’écart des tiraillements idéologiques et partisans de la scène politique. Car, ce qui a fait et fera toujours l’honneur de l’Administration tunisienne c’est d’être au service du Tunisien dans sa diversité.

Alors, de grâce, Mesdames et Messieurs les politiques, n’ajoutez pas aux problèmes de nos administrations, problèmes inévitables dans tout pays en développement, vos vaines querelles idéologiques ! Agissez plutôt pour renforcer ce qu’il y a de meilleur dansl’Administration tunisienne et qui doit le rester, son professionnalisme que ne peut que garantir une neutralité politique à toute épreuve.

Que toutes les consciences vives en ce pays fassent donc attention : le danger est bien grave et il est imminent ! Notre Administration, qui fait pourtant la fierté du pays de l’avis de tous ceux qui le connaissent vraiment, est en péril !

2 ) Une administration professionnelle, globalement saine :

J’ai servi dans l’Administration tunisienne, même si cela ne fut jamais aux plus hauts postes; mais je la connais parfaitement bien. Et ce pour avoir lutté contre l’administration de la dictature et n’avoir pas eu reconnaissance de mes droits par l’administration de la Révolution. Aussi, suis-je bien aise de témoigner le plus objectivement que l’écrasante majorité de nos fonctionnaires ont toujours été au service du pays. Certes, cela variait selon les contingences et les personnes, mais sans jamais disparaître totalement. Au-delà des apparences, le Tunisien patriote perçait toujours derrière le fonctionnaire au service non d’un régime, mais d’un pays.

D’ailleurs, c’est cela qui a toujours fait l’honneur de notre Administration depuis la nuit des temps, et qui n’est qu’à l’image de la société tunisienne, pliant mais ne rompant jamais avec le sens de l’honneur.

Or, aujourd’hui, on veut politiser notre Administration en travaillant à la politisation des corps administratifs au détriment de leur professionnalisation toujours de rigueur, sinon dans les faits, du moins en droit. Comble du ridicule, on veut actuellement faire rejoindre, par une loi inique, les faits par un droit taillé à la mesure des gouvernants provisoires qui ne font que se servir des rouages de l’État pour instaurer à terme leur propre dictature. Ainsi procède-t-on le plus officiellement et le plus légalement du monde à la caractérisation politique d’une fonction qui, par définition, est d’abord et avant tout technique, professionnelle et apolitique.

En effet, force nous est de constater que la Tunisie possède une administration assez professionnelle pour pouvoir prétendre afficher à bon droit une neutralité politique réelle et avérée. À l’image de l’armée, le service public tunisien a toujours veillé à rester un service officiellement loin des tiraillements politiques et partisans.

C’est que malgré ses travers, encore plus importants dans les administrations des pays en développement mieux placés que nous en termes de capacités financières et de richesses naturelles, notre Administration a une réelle et riche culture du droit, même si cela peut parfois verser dans la caricature et le formalisme outrancier.On pourrait d’ailleurs dire sans se tromper que l’absence d’État de droit en Tunisie, facilitant la mainmise de la dictature, a été possible du fait de l’existence en quelque sorte et par substitution d’une administration de droit ou du moins de légalité formelle.

Il est donc aberrant qu’au nom de la Révolution et au prétexte d’immuniser ses acquis contre les dérives de la dictature, on se laisse aller à des dérives encore plus sérieuses, car attentant justement à cette neutralité. Et pour souligner ce danger, je prendrai l’exemple concret d’une administration que je connais parfaitement bien, celle de mon ministère d’origine où les règles de neutralité et d’impartialité ont toujours été à l’honneur de la tradition diplomatique tunisienne vaille que vaille, et il y a eu toujours des femmes et des hommes libres pour le rappeler au péril de leur carrière. Et je ne suis nullement le seul dans cette situation, loin de là !

Et si je suisautorisé d’affirmer cela le plus solennellement malgré tous les travers de mon Administration, c’est d’autant mieux que j’ai été injustement traité par celle de l’ancien régime et pas encore honoré par celle de la Révolution.Celle-ci, sans raison, tarde à reconnaître mes droits par des manœuvres dilatoires relevant d’anciennes habitudes encore effectives chez nombre de nos fonctionnaires nonobstant leur appartenance ou non à l’esprit de la Révolution.

3 ) Le cas précis de la diplomatie tunisienne :

De quoi il en retourne donc, s’agissant des Affaires étrangères? Le parti majoritaire cherche par tous moyens à placer ses femmes et hommes partout dans les rouages diplomatiques. A priori, me rétorquerait-on, ce n’est pas illégitime puisqu’il s’agit d’un réflexe sinon normal du moins fréquent, y compris dans les démocraties avérées. Le hic est que cela se fait sans normes ni règles précises, et ce de manière sauvage, contraire aux us et coutumes du métier et avec pour tout slogan trompeur et injuste : la diplomatie est pourrie; tous les diplomates en son sein ont été les serviteurs zélés de l’ancien régime !

Et l’imposture atteint son comble quand cela vise une Administration qui a toujours su résister aux assauts de la dictature alors qu’elle a invariablement été sa visée privilégiée, l’ancien régime usant du métier diplomatique comme d’une vache à lait pour rétribuer ses fidèles sbires, au détriment des diplomates de carrière marginalisés et brimés. Avec ses spécificités, la diplomatie a toujours constitué pour nos gouvernants un terrain de chasse à maîtriser aussi bien pour les privilèges s’attachant au métier diplomatique qu’à sa sensibilité intrinsèque en tant que condensé de l’âme du pays, symbolisant à l’extérieur et la politique intérieure du pays et le génie propre de son peuple.

Je parle en parfait connaisseur, étant moi-même diplomate de profession, et je peux d’autant mieux témoigner que j’ai toujours lutté à l’intérieur même du ministère pour les valeurs que j’affiche publiquement, ce qui m’a valu le contentieux ci-dessus évoqué.

Cela ne m’empêche point toutefois de m’inscrire en faux contre les affirmations injustes et farfelues de nos responsables actuels qui, parce qu’ils ont été — pour certains — des opposants de luxe, toisent aujourd’hui les opposants de l’intérieur, bien plus efficaces pourtant puisqu’ils agissaient dans la tanière même du diable au péril de leur pie et de leur carrière. Si donc l’Administration est pourrie, elle ne l’était ni plus ni moins que tout le pays; et je puis affirmer : elle l’était bien moins du fait de la culture de la loi dont je parlais ci-dessus, qui permettait à la dictature de légitimer sa prétention au respect formel de l’État de droit.

Il est temps donc d’arrêter avec les faux arguments de politicaillerie et d’avoir le courage de reconnaître que si les serviteurs de l’État au sein de notre diplomatie ont bien servi le régime, ils ne l’ont pas tous fait de la même manière. Ben mieux, à l’exception de quelques cas précis, la plupart n’a servi qu’en apparence ladictature, compensant cela par un investissement sérieux et honnête dans leurs responsabilités à l’égard du pays, du peuple et de la communauté expatriée.

Tout le monde le dira, le Tunisien a une faculté d’adaptation formidable à toutes les circonstances, et elle était bien évidemment présente chez les fonctionnaires, dont les très hauts, à des degrés divers. Aussi est-il illégitime de soutenir que parce qu’on a été un ambassadeur ou un Consul général sous la dictature, on a forcément servi aveuglément l’ancien régime dans ses turpitudes. C’est faux et c’est malhonnête de l’affirmer; car on sait pertinemment que ce n’est pas forcément vrai !

Je n’ai pas besoin de donner des exemples, mais je connais parfaitement des ambassadeurs, des consuls généraux et des Consuls qui étaient — et pour le moins — réservés sur la politique de la dictature qu’ils servaient en théorie, tout en ne servant en réalité que le pays et son peuple. C’est pourquoi, et je me permets de le dire tout haut ici, il est bien indigne de prétendre aujourd’hui que tous les diplomates ayant assuré les responsabilités les plus élevées dans les postes diplomatiques et consulaires étaient des zélateurs de l’ancien régime.

Je n’en étais pas, et je militais ouvertement contre la dictature, mais je ne peux que témoigner que durant mon combat je n’ai pas eu parmi ces hauts fonctionnaires que de farouches adversaires, aveugles au service de la dictature. Certains même me témoignaient de la sympathie et bien mieux, me soutenaient au péril de leur position élevée et de leur carrière. Et d’aucuns l’ont aussi payé cher à la suite de la dévastation de ma carrière. Mais moi je le cherchais, pas eux !

Je le répète volontiers donc : il est indigne aujourd’hui de la part de ceux qui prétendent défendre les valeurs de la Révolution, notamment celles de la justice, de l’honnêteté et du service de la patrie, de venir décréter que notre diplomatie a été à la botte de la dictature déchue et qu’il faut la purifier.

Et je le redis encore plus fortement : il ne s’agit de la part de ceux qui le disent que de régler des comptes et d’assouvir une vengeance aveugle. Ainsi, au prétexte d’assainir une administration — qui est aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, encore pluraliste et globalement neutre politiquement, même si c’est d’une manière informelle —, on en fait une administration politisée, à la botte d’un parti majoritaire nourrissant les prétentions hégémoniques que même l’ancien parti unique de la dictature n’a pas réussi à concrétiser.

4 ) Rappel de quelques vérités :

Pour être encore plus précis et exhaustif, je me permettrais d’illustrer mon propos par un exemple concret, le mien qui plus est. Cela se passait à Strasbourg à l’automne 1984; je venais d’y être affecté en qualité de consul adjoint et j’avais, comme je l’ai gardé tout au long de mon parcours diplomatique, l’esprit légaliste. J’y ai relevé ce qui n’était qu’une pratique constante tellement banalisée, consistant dans le fait que l’on ne délivrait un passeport, ou l’on ne s’acquittait de n’importe quelle opération de chancellerie, que moyennant la délivrance d’office de la carte d’adhésion au parti unique de l’époque, une adhésion forcée en somme.

Bien évidemment, en légaliste que j’ai toujours été et que je reste, j’ai été prompt à mettre fin à pareille pratique jurant avec l’État de droit, distinguant les deux opérations, spécifiant clairement que l’on ne pouvait, au mieux, que PROPOSER une adhésion LIBRE et SPONTANÉE alors que le passeport et toutes les opérations administratives étaient un DROIT du ressortissant et un DEVOIR de l’Administration.

Certes, cela ne pouvait se passer sans réaction des militants du parti, suscitant leur animosité, mais leur bronca ne m’empêcha pas d’assumer correctement et honnêtement mes fonctions. Et si les plus turbulents du parti finirent par se débarrasser de moi en activant leurs réseaux, j’ai pu compter le plus légalement du monde sur l’appui de ma hiérarchie et de mon ministère. Et, dois-je le noter, cela fut sans particulière démarche de ma part, sinon que de défendre la légalité de ma position auprès d’une Administration connaissant ma rigueur et mon sérieux. Aussi, si mon départ de Strasbourg devait bien avoir lieu, ayant été imposé par le parti, il ne fut nullement une sanction, mais bien une promotion, ayant été affecté à Paris en tant que consul au sein de Consulat général. Bien évidemment, j’ai eu alors à loisir d’y continuer et à plus grande échelle de servir notre communauté et notre pays tout en servant l’État de droit.

Je ne prendrai pas d’autres exemples pourtant pléthoriques, mais je me limiterai à dire que si des sbires de l’ancienne dictature étaient bel et bien présents au sein de la diplomatie, celle-ci ne se réduisait pas à eux et ils étaient contestés et combattus — aussi bien de manière officielle qu’officieuse — par des gens honnêtes ayant le vrai sens de l’État, ce qui limitait forcément la capacité de nuisance des soutiens de l’ancien régime.

Or que vois-je aujourd’hui? Le ministère où l’on pouvait oser parler tout haut pour dire le vrai est devenu muet; les hauts responsables actuels ont peur, car ils voient qu’on les surveille, le régime ayant placé non seulement un œil de Moscou, dont la cécité ne faisait plus peur à personne à mon époque, mais des yeux bien plus efficaces de Montplaisir qui intimident en usant d’une rhétorique censée représenter les valeurs les plus nobles quand elle les viole éhontément.

Je ne parlerai pas de la prestation du gendre de Monsieur Ghannouchi qui a été unanimement jugée catastrophique par les diplomates de carrière, mais je ne pourrais manquer de noter que son passage aux Affaires étrangères a été l’occasion de politiser à outrance la diplomatie tunisienne en la soumettant au lit de Procuste de l’immunisation de la diplomatie alors qu’on ne faisait, dans les faits, que de la chasse aux sorcières, rabotant tous les caractères et consciences libres.

Je ne m’attarderai pas ici sur mon dossier, enterré pour le moins, mais je dirais juste que ce passage a été l’occasion de se débarrasser du maximum de compétences avérées et utiles dont le service de l’État n’est plus à démontrer et dont certains restent tenus à l’écart du service du pays sans raison valide au moment où il a le plus besoin de toutes les compétences avérées.

Surtout, ce passage a permis de placer au ministère une équipe étrangère à la diplomatie dont le seul rôle est d’assurer la mainmise des gouvernants actuels sur une administration qu’ils veulent à leur botte. Passe encore si on avait remplacé des compétences— qu’on accuse à tort pour ce qu’elles ne sont pas et n’ont pas été — par des gens aussi compétents sinon plus et en mesure d’assurer leur service ! C’est tout le contraire qui se fait ; et on vient nous rebattre les oreilles avec la rengaine de la réhabilitation de notre politique étrangère!

Et qu’on fasse attention : si le principe de neutralisation du ministère des Affaires étrangères a fini par être accepté par le parti de cheikh Ghannouchi, cédant sur le départ de son gendre, l’équipe que ce dernier a amenée avec lui, et considérée par les diplomates de carrière comme un bataillon au service de visées partisanes, s’y incruste et ne veut plus quitter les lieux, sa mission étant pourtant achevée avec la fin de la mission de celui qui les a amenés avec lui.

5 ) L’honneur du service diplomatique :

Aujourd’hui, on cherche le plus légalement du monde à imposer une définition politique de la fonction diplomatique et, partant, de faire du chef de poste diplomatique et consulaire le serviteur du régime; ce qui est une aberration en pays de la Révolution, car cela ne s’était même pas vu sous la dictature déchue où tout se faisait de manière informelle, la dictature veillant à respecter une forme trompeuse d’État de droit.

Et c’était déjà dénoncé par les diplomates de carrière sous l’ancien régime qui, usant à loisir de toutes les illégalités, veillait néanmoins à toujours le faire à dose homéopathique, n’osant même pasle formaliser en loi, sachant que cela ne passerait pas, ni sur le plan interne, ni à plus forte raison sur le plan international.
Aujourd’hui, on ne fait que systématiser une pratique de l’ancien régime tout en ayant l’arrogance de ne tenir compte ni du plan interne ni de celui de la légalité internationale, comme si on vivait sur une autre planète. On se permet donc de donner une assise légale à une pratique illégale au nom de la Révolution qu’on malmène ainsi et qu’on viole.

La menace est réelle, car on veut placer au cœur de notre diplomatie des politiciens au prétexte qu’il s’agit de politique étrangère. Or, les normes légales nationales comme internationales sont bien claires : la politique étrangère est, en règle générale, le propre d’un corps de diplomates compétents, mais apolitiques, rompus à leur métier, loin des calculs partisans. On s’achemine ainsi avec les projets actuellement en cours à mettre sous le boisseau tout ce qui est encore bon dans notre diplomatie, à savoir son esprit d’indépendance à l’égard du pouvoir qu’il soit effectif ou velléitaire, en instaurant une sorte de veille partisane au service de certains intérêts censés incarner le peuple dans son entièreté.

Qu’on se le rappelle donc : c’est ce que faisait la dictature déchue d’une manière informelle, sans jamais y avoir réussi, et ce justement à cause du sens de l’honneur et du service de l’Etat de la plupart des diplomates de carrière. Ainsi, malgré la dictature et ses serviteurs zélés, on pouvait rencontrer au sein de la diplomatie des francs-tireurs, des électrons libres, y compris au plus haut niveau de la hiérarchie. Leur seule caractéristique était qu’ils agissaient et réagissaient en silence, mais au cœur du système et non sans efficacité. Cela a assurément aidé à la chute de la dictature, sous les coups de boutoir de la société civile en révolte, mais aussi du fait qu’elle ne cessait d’être minée de l’intérieur par ce long travail de sape.

Avec les projets en cours, avec la veille partisane projetée et imposée par une loi qui ne sera alors que scélérate comme on en voit parfois en régime se prétendant démocratique, une pareille saine réaction ne sera plus possible et notre diplomatie, de pluraliste et globalement neutre politiquement aujourd’hui, deviendra l’instrument obéissant d’un régime et d’une politique, ce que voulait faire la dictature sans y réussir.

Et qu’on se le dise : que l’on use du nom de la Révolution pour parachever l’œuvre de la dictature au sein de notre diplomatie n’y change rien; ce n’est pas l’immunisation de la Révolution qu’on veut, mais bien la contamination du corps diplomatique globalement sain par les germes idéologiques et politiques. Or, la force de notre diplomatie est dans sa santé, et cette santé ne s’entretient que loin des tiraillements partisans. En veillant à respecter ces principes, on ne fera qu’honorer la révolution et ses valeurs.

Immunisons donc notre diplomatie contre les dérives partisanes, renforçons sa neutralité politique et idéologique ! Car les régimes passent, seule la Tunisie éternelle demeurera dans sa diversité, son ouverture à l’altérité et sa tolérance à toute épreuve. Que vive la Tunisie véritablement révolutionnaire !