Salle d'attente d'un hôpital. Crédit image : ATAVEM

Entre le secret médical et la hantise des médecins de parler de leur profession les erreurs, fautes et complications médicales restent un sujet tabou. Mais depuis quelque temps en Tunisie l’Association Tunisienne d’Aide Aux Victimes d’Erreurs Médicales (ATAVEM) œuvre à « étudier les problèmes des victimes d’erreurs médicales, leur proposer des solutions légales et les accompagner en leur assurant l’encadrement juridique et médical. »

De temps à un autre un scandale médical ou sanitaire éclate quelque part dans le monde et les citoyens, impuissants se demandent comment faire confiance aux services de soins. Le fait est que même sans leur faire confiance on ne peut faire fi de la médecine. Quand nous sommes malades nous n’avons pas d’autre choix que de nous en remettre à un médecin.

En Tunisie, comme dans beaucoup de pays, les médecins bénéficient d’une aura particulière. Ils ont la connaissance, ils maîtrisent la science. Alors lorsqu’il y a un problème il semble impossible de poser des questions et de remettre en cause les professionnels de la santé. Les patients ne connaissent pas leurs droits et ne savent pas à qui s’adresser.

Depuis le mois d’avril 2012, il existe en Tunisie une association qui aide les personnes victimes d’erreurs médicales. Le docteur Issam El Amri, son président, a travaillé pendant 24 ans dans le service des urgences du CHU de Sousse. Il a, pendant cette longue carrière, été témoin d’erreurs médicales, de fautes et de complications.

Créer cette association est une action importante pour cet homme très impliqué dans la vie associative : Président de la ligue du centre et du sahel des sports pour handicapés, médecin de divers festivals de films en Tunisie, engagé dans la Ligue nationale du sport pour handicapés…

L’association vient en aide aux patients qui tapent à sa porte. Des médecins, des experts et des avocats conseillent les patients qui en ont besoin. Par ailleurs l’ATAVEM organise des caravanes sanitaires dans le pays. « Nous allons dans les régions et nous amenons avec nous des spécialistes pour répondre aux besoins de la population » explique le Dr El Amri. L’idée est de sensibiliser et d’éduquer les citoyens.

Une mission qui peut être difficile puisque le corporatisme de la profession fait que l’association essuie les critiques de certains professionnels. Mais elle préfère se concentrer sur les personnes qui veulent prêter main forte. « Il y a des milliers de médecins qui nous apportent leur soutien » témoigne le Dr El Amri.

L’autre volet de l’action passe par un travail avec les professionnels. Pour l’instant il n’y aurait pas de chiffre exacts sur les erreurs et fautes médicales en Tunisie d’après le Dr El Amri. Il y aurait tout de même quelques travaux qui auraient été réalisés. L’association souhaite parler des différents cas, monter des dossiers et travailler avec le ministère de la Santé pour que, par exemple, des programmes de formation soient mis en place pour les professionnels, tout au long de leur carrière ou que les jeunes professionnels soient mieux encadrés.

L’ATAVEM organise également des conférences pour que des échanges se fassent entre professionnels de la santé et patients dans un autre contexte que celui de l’hôpital ou des cabinets médicaux.

Voici son manifeste :

L’erreur médicale existe et malheureusement  nombreux sont ceux qui l’ont rencontrée. Elle fait bien souvent la une de la presse : sang contaminé, infections nosocomiales, surdoses en radiothérapie, erreur de patient ou de côté, erreurs de médicaments, notation des établissements de soins.

Ces erreurs, dont le retentissement est chaque fois plus important, sont de moins en moins tolérées dans « la société du risque zéro » où nous vivons.

Pourtant l’erreur médicale et ses conséquences souvent très douloureuses humainement, socialement, économiquement sont la plupart du temps évitables. Il est donc essentiel que notre société Tunisienne se donne le maximum de moyens pour s’en prémunir.

De nombreux professionnels ou chercheurs des industries de la santé, institutions publiques, spécialistes du risque dans les hôpitaux et dans les établissements de soins privés travaillent dans ce but. Il est fondamental que ceux-ci apparaissent au grand jour, pour rassurer une  population qui se met à douter de la sécurité de l’offre de soins.

Ces erreurs génèrent une importante activité associative, de médiation ou juridique visant à réparer les préjudices causés aux victimes. Grâce à elle, l’expression des attentes de la population ainsi qu’un dialogue se structurent.

L’association d’Aide aux Victimes d’Erreurs Médicales a été créée pour concourir par tout moyen approprié à la prévention des risques médicaux. Au-delà des membres fondateurs, elle devrait fédérer dans les prochains mois, plusieurs centaines de milliers de professionnels de la santé, tous mobilisés autour de ce projet essentiel.

Le premier moyen d’action qu’elle a choisi, est celui de la sensibilisation et du dialogue par l’institution d’une table ronde ouverte à tous ceux qui se sentent concernés par cette question (établissements  de soins,professionnels de la santé, industries, associations de victimes…). 

Sensibilisation au sujet lui-même et à ses nombreuses conséquences, mais aussi aux actions menées par les « fournisseurs de soins » pour faire évoluer positivement la situation, malgré des obstacles tels qu’un difficile équilibre entre confort, rapidité et sécurité… 

Dialogue car c’est de cet équilibre entre bénéfice attendu et risque ou plus précisément maîtrise de l’erreur de l’autre, que dépend l’évolution de l’offre de soins.