Affiche d'un event sur Facebook appelant les tunisiens à exécuter un Harlem Shake géant devant le ministère de l'éducation, vendredi 1 mars 2013. En moins de quelques heures, près de 6000 personnes se sont inscrites à l’évènement.
Affiche d’un event sur Facebook appelant les tunisiens à exécuter un Harlem Shake géant devant le ministère de l’éducation, vendredi 1 mars 2013. En moins de quelques heures, près de 6000 personnes se sont inscrites à l’évènement.

Les Tunisiens qui se sont connectés sur les réseaux sociaux ce lundi matin ont pu assister à une déferlante de publications sur le thème du « Harlem shake », cette danse tendance qui se répand comme une trainée de poudre sur la toile et qui n’épargne pas la Tunisie. Particularité de notre pays : s’adonner à cette danse bon enfant est devenu un acte politique depuis que le ministre de l’Éducation a ouvert la boite de Pandore.

Le Harlem shake prend une tournure politique

Il y a quelques jours, les élèves du lycée Père blanc à Tunis se sont filmés en train de danser le fameux « Harlem shake » en déguisement lors d’une fête dans l’établissement. Scandalisé (ou peut-être influencé par certains jeunes islamistes), le ministre de l’Éducation Abdellatif Abid a annoncé l’ouverture d’une enquête disciplinaire sur ce qu’il présente comme des dépassements de la part de la direction du lycée.

Curieusement, le ministre avait été beaucoup plus discret lorsque des lycéens d’un établissement de la banlieue sud de Tunis avaient amené le drapeau national pour le remplacer par l’étendard noir des djihadistes. Les jeunesses d’Ennahdha semblent plus que jamais influentes auprès des plus hautes autorités de l’État.

Les jeunes réagissent au quart de tour

Les menaces de sanctions proférées à l’encontre de l’encadrement du Lycée Père Blanc ont sonné comme une atteinte à leur liberté par des milliers de jeunes qui ont aussitôt riposté. Les danses collectives « Harlem shake » se sont multipliées, et en quelques heures les réseaux sociaux ont vu affluer des dizaines de vidéos tournées aussi bien dans des lieux privés que dans des établissements d’enseignement secondaire et supérieur.

Un appel à la mobilisation a également rapidement été lancé. Plusieurs évènements Facebook invitent à un rassemblement « Harlem shake » massif vendredi 1er mars devant le ministère de l’Éducation. Quelques heures après son lancement, l’évènement a recueilli près  de 6 000 promesses de participation pour une danse géante.

Retour du boomerang

Les caricatures mettant en scène des membres de la classe politique n’ont également pas tardé. Les déclarations du ministre ont achevé de décrédibiliser le gouvernement sortant auprès d’une grande partie de la jeunesse tunisienne.

Par ailleurs, selon plusieurs sources, l’un des jeunes filmés au Lycée Père Blanc est le fils de Souad Abderrahim, membre influente du groupe Ennahdha au sein de la majorité parlementaire. Il était ce matin impossible de contacter l’intéressée, celle-ci refusant de répondre à nos sollicitations.

Rached Cherif