Le parti Ettakatol vient d’entamer depuis 18h30 une réunion d’urgence de son bureau politique (BP). Il a menacé ce matin, par le biais de son porte parole Mohamed Bennour, de se retirer de la coalition au pouvoir. Selon Samy Razgallah, membre du BP, certaines conditions doivent être prises en compte par leur partenaire Ennahdha, sinon, son parti se retirera de la Troïka.

Pour un vrai remaniement ministériel dans le gouvernement Jebali
Trois conditions ont été émises par le parti Ettakatol à leur allié Ennahdha et ce depuis un mois de négociation. 1.Remaniement ministériel, notamment au niveau du ministère des Affaires Etrangères et celui de la Justice 2.Réduction du nombre de ministères 3.Une ouverture plus large sur d’autres partis politiques

On a rencontré M. Razgallah pour plus d’explications au sujet du rebondissement de son parti, qui pour la première fois, prend une position osée, allant même jusqu’à menacer son allié Ennahdha de se retirer du gouvernement Jebali.

“Ennahdha, à travers son Conseil de la Choura, a décidé sans concertation avec ses alliés de la Troïka (Ettakatol et CPR) que les ministères de souveraineté ne sont pas concernés par le remaniement ministériel annoncé. Pour nous, tous les portes-feuilles sont concernés”, nous a affirmé M. Razgallah

Adoptant la même position que le parti CPR, Ettakatol appelle aussi à réduire le nombre de ministère en proposant ce qui suit.

Selon M. Razgallah, les ministères qui nécessitent une fusion sont :

  • Ministère du tourisme avec celui de la culture,
  • Ministre de l’Investissement et de la coopération internationale avec celui du développement régional et de la planification,
  • Ministère du commerce avec celui de l’Industrie.

Quant à l’ouverture sur d’autres partis, le ministre des Affaires sociales Khalil Zaouia nous a déclaré lors d’une interview vidéo que

“Le pays nécessite un gouvernement dont la légitimité émane de l’Assemblée Nationale Constituante, chose qui puisse nous conduire aux prochaines élections. On a proposé que tous les partis qui y sont représentés y participent afin que le citoyen sente que nous sommes tous unis. On n’a pas réussi à faire cela.”

En effet, le mot clef du parti serait « un gouvernement d’union nationale », un sujet abordé lors de l’Assemblée Nationale d’Ettakatol qui a eu lieu le 6 et 7 octobre 2012 où il serait question « non pas d’une campagne électorale mais d’une campagne nationale. »

Suivisme du parti Ettakatol au parti Ennahdha
Cependant, le suivisme du parti Ettakatol lui a coûté la perte de plusieurs de ses députés, notamment quatre élus du peuple au mois d’octobre.

« On a choisi cette ligne politique, qu’on nous a reprochée, pour le maintien de la stabilité du pays » explique M. Razgallah, « mais le manque de concertation, notamment lors des dernières nominations des gouverneurs et des directeurs de radio, sont inacceptables.»

Après la menace d’Ettakatol, Ennahdha fait de la surenchère
Face à une telle annonce, le parti Ennahdha, par le biais de son Président du Conseil de la Choura Fathi Ayadi, a réagi, sur la radio Jawhara FM, en menaçant à son tour le retrait de confiance du Président de l’Assemblée Constituante Mostapha Ben Jaafer, également SG du parti Ettakatol.

« Ma réponse à moi, en tant que membre du bureau politique, c’est que notre parti Ettakatol a fait preuve de sagesse. Ni M. Mostapha Ben Jaafer ni aucun de nous ne cherche des chaises. » assure M. Razgallah.

Le rebondissement des évènements face aux déclarations du parti Ettakatol rejoignent la position de son autre allié CPR. Ainsi, encore une fois, l’isolement du parti Ennahdha se confirme. La réunion d’urgence du bureau politique d’Ettakatol, entamée vers 18h30, se poursuivra probablement jusqu’à 22h voire plus. Le parti maintiendrait-t-il sa position ou y-aurait-il de nouvelles négociations avec Ennahdha ?

A suivre.

>>18 janvier 2013 : Mise à jour : 9h45
La réunion du bureau politique s’est terminée hier vers une heure du matin. L’ensemble des conditions posées par Ettakatol à Ennahdha, son partenaire dans la Troïka, sera transmis ce matin au Chef du gouvernement Hamadi Jebali et au au comité de coordination de la Troïka.

Le parti de Mostapaha Ben Jaafer demande également une évaluation du rendement des 350 Directeurs Généraux de tous les secteurs publics et nommés par Ennahdha.

Il maintient sa demande de remaniement au niveau des ministères des Affaires Etrangères et de la Justice.

Suite au brouillage de la politique du parti islamiste, ce dernier aurait décidé de décharger le Chef du gouvernement Hamadi Jebali de ses tâches en lui subordonnant un vice-président. Le bureau politique du parti Ettakatol refuse catégoriquement cela pour éviter les déclarations contradictoires.

Ennahdha va-t-elle accepter ces conditions ?

A suivre…