Hamadi-Jebali (1)

Un garde national mort dans une opération qui tourne mal

Plusieurs versions existent quant aux évènements qui ont provoqué la mort de l’adjudant de la garde nationale Anis Jlassi (27 ans) le 10 décembre dernier. L’officielle veut que le militaire ait répondu à l’appel d’un citoyen affirmant avoir aperçu des individus armés près de la localité de Bou Chebka, dans le gouvernorat de Kasserine, à 2 km de la frontière avec l’Algérie. Arrivant sur place, il aurait été touché par des tirs d’hommes en armes ensuite identifiés comme appartenant à un groupe islamistes.

Une autre version, différente, explique que des opérations de ratissage ont eu lieu après l’arrestation de quatre suspects et la découverte d’une voiture chargée d’armes à Fernana (Gouvernorat de Jendouba) le 6 décembre. Les services de renseignement intérieur seraient alors tombés sur un camp d’entrainement et l’auraient mis sous étroite surveillance.

Une mauvaise communication entre éléments de l’armée et de la garde nationale a fait qu’une patrouille entre sans le savoir dans le périmètre encerclé et se retrouve sous le feu des occupants du camp. C’est lors de ces affrontements que serait mort l’adjudant Jlassi.

16 personnes neutralisées dans les jours suivants

Les renforts envoyés sur place et l’opération de ratissage n’ont donné aucun résultat, tous les suspects ayant réussi à se replier sans être faits prisonniers. Seuls quelques armes, des explosifs et des indices seront retrouvés dans le camp d’entrainement. Pendant plusieurs jours, le dispositif de recherche ne permettra pas de remettre la main sur le groupe armé malgré d’importants moyens.

La région est alors placée sous haute surveillance, ce qui permet aux autorités de mettre la main sur huit individus d’un groupe se faisant appeler « Katiba Okba Ibn Nafaa », dont l’un décèdera des suites de ses blessures. Le 17 décembre, un jeune homme est grièvement blessé par balle par les agents de l’ordre près de Kasserine. Le ministère de l’Intérieur explique que, devant le refus d’obtempérer d’un suspect, les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur lui, ajoutant que sa tentative de fuite fait penser qu’il a des liens avec le groupe arrêté.

Le ministère reconnait le caractère terroriste des groupes démantelés

Le 21 décembre, le ministre de l’Intérieur Ali Laarayedh, jusque-là assez discret sur ces évènements, prend la parole devant la presse après la neutralisation au total de 16 terroristes présumés, répartis en deux groupes, depuis le début de l’affaire le 6 décembre.

Il explique que l’un des groupes démantelés est une cellule terroriste affiliée à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Composé de Tunisiens entrainés en Algérie et en Libye, ce groupe aurait par ailleurs des liens avec plusieurs incidents survenus précédemment en Tunisie : Rouhia en mai 2011, Bir Ali Ben Khalifa en février 2012 et même les affrontements de Soliman en 2007.

Toutefois, les recherches n’ont pas été suspendues, le ministère estimant que plusieurs éléments appartenant à ces deux groupes sont toujours en fuite dans les massifs montagneux de Ain Drahem, et de Chaambi à Kasserine.

L’expérience algérienne au secours de la Tunisie ?

La situation sécuritaire dans les régions frontalières a d’ailleurs été au menu des discussions entre les autorités algériennes et tunisiennes. Le ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia a en effet entamé le 24 décembre une visite de travail, de deux jours en Tunisie, à la tête d’une importante délégation, à l’invitation de son homologue tunisien, Ali Laârayedh.

Cette visite intervient après celle effectuée en Algérie par le chef du gouvernement tunisien, Hamadi Jabali, au début du mois, au cours de laquelle de la coopération et la coordination en matière de sécurité entre les deux pays ont également été évoquées. Le gouvernement tunisien se retrouve en effet face à une impasse après avoir jusque-là tenté le grand écart en ménageant les salafistes, même les plus radicaux. Pour juguler un phénomène qui prend de l’ampleur, les autorités tunisiennes semblent avoir besoin de l’expérience et surtout des moyens algériens en matière de lutte contre le terrorisme.