Intervention de Wienen Jaap, SG adjoint de la Confédération Syndicale Internationale au siège de l’UGTT à Tunis 11 décembre 2012
Traducteur, Mostafa Tlili, Jaap Wienen, Sami Tahri
Crédit photo : Lilia Weslaty | Nawaat

Lors du point de presse organisé hier 11 décembre, au siège de l’UGTT, Jaap Wienen, SG adjoint de la CSI, Confédération Syndicale Internationale, a soutenu la centrale syndicale dans sa grève générale prévue pour le 13 décembre, reprochant vivement la passivité du gouvernement Jebali qui laisse faire des attaques contre les syndicalistes et ce, en toute impunité. Il a rappelé dans un coup de force que si cette situation se perpétue, la CSI, qui est en relation avec les Nations Unies, le Fonds Monétaire International et autres institutions qui aident la Tunisie financièrement, fera le nécessaire pour aider l’évolution démocratique contre toute atteinte au droit syndical … Car à cause de cette violence cautionnée par le gouvernement Jebali, il n’y aura pas de stabilité pour les investisseurs étrangers et que les projets d’investissement se trouveront du coup bloqués.

Ainsi, pendant qu’Ennahdha et le gouvernement Jebali parlent des pertes du’une journée de grève, l’UGTT parle d’années de pertes économiques à cause des violences impunies voire encouragées implicitement à cause de la passivité de la justice et des déclarations politiques encourageants les provocateurs. Ces pertes économiques seront dues à l’instabilité qui causera une crise d’investissements en Tunisie.

Pour visionner l’intervention résumée en 8 min de M. Wienen Jaap, (en anglais traduite en arabe) cliquez ici

La CSI rencontre des responsables du gouvernement Jebali

Suite à la recrudescence des provocations qui ont abouti à de la violence devant le siège de l’UGTT entre syndicalistes et militants d’Ebbahdha, l’opinion publique s’est divisée entre prour et contre UGTT. Bien que ce soit les islamistes qui se sont rendu devant le siège de l’UGTT dans une action de provocation le jour de la commémoration de l’assassinat de Hached, père de la centrale syndicale, c’est les syndicalistes qui sont sortis avec des bâtons. La situation a dégénéré et des blessés ont été comptés dans les deux camps. A qui la faute ? Chacun donne sa version des faits mais l’essentiel est là : Depuis la montée au pouvoir d’Ennahdha, la provocation de ces contre-manifestations qui se posent presque à chaque rassemblement appelant à la démocratie ou contredisant la voix du gouvernement est devenue dangereuse dans le sens où ça résulte à des heurts entre citoyens. Dans son intervention, le SG adjoint de la CSI a commenté cette situation de violence comme suit :

Nous sommes là en visite à l’UGTT pour exprimer notre soutien et notre solidarité au nom des syndicats de plus de 150 pays contre l’attaque à laquelle il a été visé, une violence qui a choqué tous les syndicats dans le monde entier. Aujourd’hui et demain des syndicalistes du monde entier viendront du Maroc, de la Palestine, des pays arabes, de l’Espagne, de l’Amérique latine, de toute l’Europe…

On ne parle pas là de l’attaque contre un bâtiment, ou des leaders syndicalistes mais de l’attaque organisée contre l’un des piliers de la démocratie qui est le travail syndical.

La CSI : Attaquer l’UGTT c’est s’attaquer au pilier de la démocratie et de la liberté

La CSI a perçu les évènements en Tunisie non pas en tant que faits divers mais en tant qu’une agression réfléchie contre la centrale syndicale ébranlant par là démocratie naissante dans le pays après les décennies de dictature.

L’attaque contre l’UGTT dans cette période de conditions fragiles que traverse la Tunisie est une attaque contre la liberté et la démocratie.

M. Wienen a aussi parlé de contact avec des responsables du gouvernement tunisien. Voulant savoir ce qu’il en est advenu, il a répondu “Ils ont dit qu’ils partagent avec nous les mêmes valeurs

N’ayant donc aucune réponse tangible du gouvernement, la CSI continue son soutien en affirmant qu’on ne peut parler de pacte social si l’un des partis ne respecte pas l’autre. Le SG adjoint a également lancé une alerte sérieuse au gouvernement Jebali sur les répercussions de sa passivité vis-à-vis des attaques perpétrées contre l’UGTT et son impact sur la stabilité du pays qui influencera directement les investisseurs étrangers. Etant du côté de l’UGTT, la Confédération Syndicale Internationale a précisé qu’elle est en relation avec des institutions influentes qui aident la Tunisie financièrement comme les Nations Unies ou le Fonds Monétaire Internationale et que son avis au sujet de la Tunisie compte.