Le ministre de la Culture tunisien Mehdi Mabrouk

Suite à l’affaire Abdellia, le Procureur de la République a décidé d’attaquer en justice Nadia Jelassi et Mohamed Ben Slama, accusés d’avoir causé des troubles à l’ordre public par leurs œuvres artistiques. Ces derniers, soutenus par leurs confrères, ont riposté à cette injustice par une campagne artistique qui a porté ses fruits.

Suivant de près l’évolution des Droits de l’Homme en Tunisie, Human Right Watch a réagi le 3 septembre en demandant aux autorités tunisiennes d’abandonner ces poursuites. M.Mehdi Mabrouk, qui, rappelons-le s’est désolidarisé des artistes lors du point de presse du 12 juin en annonçant la fermeture du Palais Abdellia et le dépôt d’une plainte contre l’association organisatrice du Printemps des arts, a finalement changé d’avis.

Lors de la conférence de presse qui a eu lieu hier 4 septembre, M.Mabrouk a annoncé qu’il soutient entièrement les artistes, que 16 personnes sont poursuivies en justice suite aux actes de violence lors de l’éclatement de l’affaire Abdellia et que son ministère a déposé cinq plaintes contre ceux qui ont entravé les spectacles et événements artistiques durant le mois de Ramadan.

Hier, entre 13h et 14h30, une rencontre a également eu lieu au ministère de la Culture entre Amor Ghedamsi, Secrétaire général du Syndicat des artistes plasticiens tunisiens, l’artiste plasticienne Nadia Jelassi, Samir Triki, directeur à l’école des Beaux Arts à Tunis et le ministre de la Culture Mehdi Mabrouk.

Suite à cette réunion, M.Ghedamsi nous a informé qu’un communiqué sera publié dans les prochaines heures par le ministère de la Culture comportant les points suivant :

-Le ministère de la Culture tient à la liberté de création et des artistes
-Le ministère de la Culture a confiance en la justice qui ne peut que garantir la liberté de l’art et des artistes et que le système judiciaire ne pourra que soutenir Nadia Jelassi et Mohamed Ben Slama
-Le ministère travaillera désormais avec le syndicat pour que le Palais Abdellia soit ouvert aux artistes en toute liberté.
-Les deux parties : ministère de la Culture et Syndicat travailleront à constitutionaliser la liberté de l’art et des artistes

M. Ghedamsi pense que

certes cette rencontre, ainsi que le communiqué qui en sortira, représente un pas très important mais cela ne veut pas dire qu’on a gagné le combat des libertés. On continuera notre lutte pour la liberté de création et des artistes.

Ainsi, on remarque que le pouvoir exécutif, notamment le ministère de la Culture, qui a accusé à tort les artistes de trouble à l’ordre public et d’avoir “porté atteinte au sacré”, semble se rétracter. Par ailleurs il est important de rappeler que pendant que 27 artistes tunisiens étaient et continuent à être menacés de mort, les ministres des Droits de l’Homme, des Affaires religieuses et de la Culture n’ont montré aucune solidarité vis-à-vis d’eux, lors du point de presse du 12 juin. La nécessité de constitutionnaliser la liberté de création et la promotion de l’art devient aujourd’hui plus que nécessaire.

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