L'entrée du siège du gouvernorat de Sidi Bouzid saccagé par des manifestants. Crédit photo : Kasserine News

Des dizaines de manifestants ont attaqué, jeudi 26 juillet, le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid. La police a procédé à des tirs de sommation et de gaz lacrymogènes pour les disperser.

Les heurts ont débuté car des ouvriers municipaux non titulaires sont venus réclamer les salaires qu’ils n’ont pas reçu depuis deux mois. Rejoints par des habitants de la ville, les manifestants ont forcé le portail d’entrée et mis le feu à un pneu avant de le jeter à l’intérieur des locaux du gouvernorat.

Les forces de l'ordre ont utilisé des bombes lacrymogènes et effectué des tires de sommation pour disperser les manifestants. Crédit photo : Kasserine News

Les policiers et les soldats, affectés à la protection du bâtiment, ont riposté en procédant à des tirs de sommation et au jet de grenades lacrymogènes pour disperser les protestataires.

Cette vague de protestation survient alors que le gouvernement venait d’annoncer le déblocage des salaires. Les bénéficiaires devaient recevoir leur salaire par mandat postal. Selon les témoignages de certains manifestants, ils n’ont toujours rien reçu.

Plus tard, la tension est montée d’un cran, quand certains manifestants se sont attaqués au local du parti Ennahdha situé à quelques dizaines de mètres du siège du gouvernorat. Les bureaux du parti au pouvoir ont été saccagé et les dégâts matériels sont considérables. Les manifestants ont déboulonné le panneau du parti accroché sur le mur du local et ont brûlé le drapeau du parti.

Le drapeau du parti Ennahdha brûlé par les manifestants devant les bureaux saccagés. Crédit photo : Kasserine News

Un journaliste du la chaîne sattelitaire El Hiwar Ettounsi a été agressé alors qu’une équipe de la chaîne couvrait les manifestations. Le journaliste a du été transporté aux urgences de l’hôpital de Sidi Bouzid. Les agresseurs seraient “des sympathisants du parti Ennahdha”.

Les revendications sociales continuent à alimenter le souffle contestataire dans le pays. Plus particulièrement dans les régions du centre et du sud du pays, berceau du soulèvement populaire du 17 décembre 2010. Ce gouvernement, troisième depuis la fuite de Ben Ali, n’a pas été plus convaincant que ces prédécesseurs quant à sa capacité à apaiser le climat social.

Panneau du parti accroché sur le mur du local, déboulonné par les manifestants. Crédit photo : Kasserine News

L’attaque contre le siège du parti leader de la Troïka au pouvoir est un signe de la non distinction encore persistante chez les citoyens entre les moyens de l’Etat et ceux du parti au pouvoir. Les promesses de la campagne électorale d’Ennahdha qui ont joué sur cette confusion font du parti la cible idéale de la colère populaire, comme l’a été, avant lui, le RCD, dés les premiers jours du soulèvement du 17 décembre.

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