La semaine qui vient à peine de s’achever a vu la toile vivre une intense effervescence suite à l’affaire de l’extradition de Baghdadi Mahmoudi vers  la Libye.

Une affaire qui a engendré une crise au sein de la sphère politique tunisienne, non seulement entre l’opposition et le gouvernement mais surtout entre la Présidence de la République et le gouvernement de Hammadi Jebali.

Au début, des commentaires ont circulé sur les réseaux sociaux résumant la crise en un bras de fer entre Jebali et Marzouki, portant sur les responsabilités et les prérogatives de chacun dans une affaire pareille. Une affaire purement diplomatique et humanitaire. Jebali d’un coté, essayant de renforcer sa légitimité électorale et Marzouki de l’autre cherchant à renforcer son image, celle d’un militant pour les Droits de l’Homme. Une image qui  faisait de son intervention  une espérance plus qu’une simple attente. Un discours du président qui était prévu le vendredi soir(jour de la demi-finale de l’euro 2012) a été annulé pour des raisons inconnues.

Dans ce cadre, une campagne d’insultes et de dénigrement a été lancée contre Mohamed Moncef Marzouki, dénonçant sa faiblesse et son inefficacité. Des journaux étrangers de calibre se sont même permis de publier les insultes parues sur les réseaux sociaux, portant atteinte à la personne de Moncef Marzouki ainsi qu’à son parcours.
Avec le même raisonnement, cherchant à minimiser l’affaire en une bataille Jebali-Marzouki et à contrer, coûte que coûte le gouvernement, on a vu des explications plus incroyables les unes que les autres : les « salafistes », qui se sont souvenus, sans trop se casser la tête, d’une déclaration de Marzouki qui les avaient traités de « microbes », ont expliqué que l’attaque contre le chef de l’Etat était une réponse à sa première attaque contre eux.
Personne n’est sur la même longueur d’ondes et chacun interprète à sa façon. Les « youssfistes » (de facebook) ont traité Baghdadi Mahmoudi de criminel et ont essayé de détourner le sujet pour mettre l’accent sur l’affaire de « Ahmed Zarroug » le détenu de l’hôpital Charles Nicole.  Une manière de minimiser l’opposition et de minimiser également la prise de position de tout juriste comptant refuser l’extradition, avec un esprit de « rien ne se perd, tout se transforme ».

L’extradition de Baghdadi Mahmoudi a ouvert la porte à un débat d’ordre juridique sur les Droits de l’Homme et le droit international.

Maître Abdennaceur Laouini a qualifié la décision d’extradition en parlant « d’un scandale juridique international et d’infamie pour le gouvernement actuel », surtout en ce qui concerne le moment choisi pour cette opération: « un dimanche matin pendant que le président était à Borj el Khadra », et a déclaré que ce comportement était purement zabatiste et qu’il n’a rien à voir avec la Tunisie post-révolutionnaire. Mohammed Baccar, avocat et membre de la commission de défense de Baghdadi Mahmoudi, a déclaré au journal Attounisiya  que l’ex premier ministre Béji Caid Essebsi est aussi concerné par cette affaire et l’a même qualifié d’obstacle à l’extradition.

إن إبقاء الأسير في السّجن و إطالة المسلسل لا يمكن إلّا أن يكون قصد المساومة والإثراء و الزيادة من قيمة الغنيمة(المحمودي)، و لك مثال على ذلك ان ‘الباجي قايد السّبسي’ تعمّد تعطيل الاجراءات مقابل حصوله على مبلغ مالي في حدود المليون دينار أما بالنسبة لحكومة الجبالي فقد ارتأت هي الأخرى تعطيل اجراءات الإفراج عن موكلي و تسليمه إلى المجلس الإنتقالي اللّيبي خدمة لمصالحها السّياسيّة الخاضعة حسب حزب الأغلبيّة لإملاأت المحور الخليجي الأطلسي.

Dans une intervention à l’Assemblée Constituante, Mr Abderraouf Ayedi, secrétaire général et fondateur du mouvement “Wafa”, a dénoncé ce qu’il appelle « une déviation de l’esprit et des valeurs de la révolution » et propose une analyse critique d’un angle politique et juridique, sous les sourires narquois à limite de mépris de Jebali et ses lieutenants…

Les nahdhaouis ont, dès le début, supporté la décision du gouvernement, chose habituelle et attendue… En attendant que Hammadi Jebali vienne légitimer ce support aveugle, en faisant un discours devant  l’Assemblé Constituante. Un discours  convaincant et confiant (pour quelqu’un qui vient d’etre menacé par une motion de censure) pour certains , et qui pourrait  etre convaincant pour tout le monde si seulement Jebali avait tenu la même position dans l’affaire de l’extradition de Ben Ali…

Des rumeurs ont circulé annonçant la torture, puis la mort de Baghdadi Mahmoudi en Libye, avant que ce dernier n’apparaisse sur la chaine Zeïtouna d’Oussama ben salem, affirmant que tout était de l’intox, et qu’il allait bien.

Reste maintenant à comprendre la façon avec laquelle la Tunisie est maintenue, et à chercher  les simples éléments de la république Tunisienne, à sa tete la présidence. De cet angle, wejdan majeri a écrit “Marzouki ou le président hybride”, un article dans lequel elle a essayé d’analyser la situation pour en conclure que

Marzouki président de l’exécutif ou Marzouki simple figure institutionnelle, nous avons assisté en Tunisie, non pas à une séparation des pouvoirs, mais à une réelle déflagration interne des pouvoirs,  qui en s’opposant de cette manière ont démontré que la République n’existe pas d’un point de vue institutionnel. Le besoin d’une constitution presse. Le besoin de dignité institutionnelle urge, pour ceux qui encore croient dans un modèle politique classique.