Crédit photo Lilian Thuram

Mise à jour 3 juin 2013

Le Traité sur le commerce des armes est ouvert à la signature à compter d’aujourd’hui, 3 juin 2013 et jusqu’à son entrée en vigueur. Sur le site de l’ONU et d’Amnesty International, ce traité est difficilement inaccessible. Cliquez ici pour le lire.

Plus de soixante pays, notamment de l’Amérique latine (Argentine, Costa Rica, Brésil, Mexique, Chili), l’ont déjà signé. D’après Lotfi Azzouz, directeur de la section Tunisie d’Amnesty Inter, aucun pays “arabe”, entre autres la Tunisie, n’a encore signé le traité.

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Jusqu’ a aujourd’hui, 28 juin 2012, la liste définitive des martyrs et blessés de la Révolution en Tunisie reste inconnue. Des centaines de Tunisiens ont été tués ou devenus handicapés par des armes dont les fournisseurs restent indéfinis. Militant pour le cessez de ce massacre de par le monde, Amnesty international a décidé de monter le créneau pour appeler, sous l’égide des Nations Unies à New York du 2 au 27 juillet, à un traité comportant les trois points suivants :

1-Des règles strictes qui protègent les droits humains et empêchent que des armes soient envoyées à ceux qui sont susceptibles de les utiliser pour violer gravement ces droits
2-Une liste de contrôle incluant tous les types d’armes et de munitions
3-Des règles claires à appliquer et un système de surveillance pour faire en sorte qu’elles soient respectées.

Le directeur Lotfi Azzouz ainsi que l’équipe de la section Tunisie ont invité le 22 juin 2012 des représentants du gouvernement provisoire à une conférence de Presse pour discuter de ce traité.

Comme d’habitude, le ministre des droits de l’Homme et de la justice transitoire Samir Dilou a parlé pendant plus de 25 minutes de généralités : de la « glorieuse révolution, de nos braves martyrs…) pour ensuite rentrer assurer sa propre publicité avec des photos sur la page facebook sans même un commentaire avec. Quand on se souvient de la position de son ministère lors de la journée noire du 9 avril, où il a soutenu le ministère de l’intérieur, on peut comprendre que M.Dilou, qui est aussi porte parole du gouvernement, ne sert que de décor dans cette période fragile, d’autant plus qu’il fait partie de deux organes du pouvoir exécutif. La blague des droits de l’Homme dira-t-on.

Vient après l’intervention de M.Said Michichi, Secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’intérieur a repris la rengaine de la répression des islamistes sous ZABA et de la loi du 10 décembre 2003.

Quand on lui a demandé s’il y avait un rapport sur le nombre de balles et de bombes de gaz lacrymogène utilisés contre le peuple, le contribuable, qui paye ses ustensiles de la terreur, il nous a fait remarquer « que c’était une question bien intelligente qui se pose pour la première fois » ; néanmoins, il a répondu qu’il n’en savait rien !

Un représentant du ministère de la défense était aussi présent. M.Mohamed Boussnina a parlé du travail « impeccable de l’armée dont plusieurs témoignages en attestent ». Cependant, savons-nous pourquoi et comment plus de 14 tribunaux et plus de 276 postes de police ont été incendiés en 2011 ? Comment peut-on juger de la perspicacité de l’armée alors qu’aucun rapport d’experts n’a été publié à l’opinion publique ? Omerta, encore…

Déviant un peu de l’objet de la conférence, on a voulu poser une question bien simple :« Où sont ceux qui ont été arrêtés par le ministère de la défense et que Ridha Grira lui-même a nommé « snipers » ? La réponse fut :
« Cela est de la compétence de la justice militaire, pas de réponse » … Un autre journaliste voulait savoir ce qu’il en est du commerce des armes auquel s’adonnait le Président déchu… Sa réponse fut pareille.

Lotfi El Wafi, un journaliste de radio Kalima a voulu savoir le degré de prolifération des armes circulant ces derniers mois en Tunisie. La réponse de nos “compétents” représentants au gouvernement fut « On n’a pas d’information concernant le nombre d’armes retenues mais ils seraient quelques dizaines. »

La conférence était bien préparée par la section d’Amnesty International en Tunisie, mais les représentants de notre gouvernement actuel semblaient être présents… pour le décor.

Croyant que le Secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’intérieur était un peu informé quand même, je me suis rapprochée de lui pour lui poser une autre question : « Selon le Maghreb Confidentien, M.Daniel Benjamin, le coordinateur de la lutte antiterroriste au département d’Etat à Washington aurait rencontré fin mai M.Bhiri, le ministre de la justice en Tunisie . Qu’en est-il des groupes privés américains qui vont entrainer notre police et dont l’un d’eux serait Xe Services (Les Blackwater qui avaient changé de nom…)
Ce dernier me donna une réponse qui se passe de tout commentaire. En effet, il me dit « C’est quoi blackwater ?»

La conférence m’était très pénible à supporter. Comment nous, société civile, peut-on communiquer avec de tels représentants qui ne savent ou ne veulent répondre à des questions aussi essentielles ? Ayant toujours espoir de faire de notre Tunisie le pays le plus respectueux des droits de l’homme (certainement pas grâce au gouvernement actuel), on voit d’autres gouvernements qui se disent “démocratiques” et qui ne cessent de palabrer au sujet des droits de l’Homme mais en continuant de vendre des armes au mépris des conventions internationales.

Lors d’un entretien avec M.Günter Gloser, Président du groupe d’amitié parlementaire avec les pays du Maghreb au Bundestag, à nos questions, ce dernier avoue “l’erreur de l’Allemagne”, troisième vendeur d’armes dans le monde, mais « explique » que cela a été la résultante de la lutte antiterroriste…

Grâce à ce traité espéré, le travail d’amnesty International vise à établir des règles pour une stricte régulation du commerce international des armes. Certains voient en cela une chimère car, encore, pour les grands capitalistes sanguinaires de notre XXIème siècle, là « où il y a du sang l’argent coule ». Pourtant, je crois profondément en un principe du prophète de l’islam où il dit : « Que même s’il y a imminence d’Apocalypse et qu’on a une plante à planter, qu’on le fasse ». Même si on croit que le commerce des armes est impossible à stopper ou à restreindre, on ne devrait jamais oublier cette sagesse musulmane car sauver une vie humaine est un principe indéniable.

Articles d’amnesty International au sujet de la vente des armes :

Les « Six grands » exportateurs d’armes

Les exportations d’armes vers des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord illustrent l’insuffisance des contrôles