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Noureddine Khadmi, ministre des affaires religieuses

Le ministère des affaires religieuses serait-il devenu un ministère des affaires mafieuses ? Il ya quelques temps, un de ses employés appelle vigoureusement à l’assassinat de l’ex-premier ministre, sans oublier tous les appels au meurtre et à la violence qui se font quotidiennement dans les maisons de Dieu. Peu de temps après, le ministre lui-même légalise le blanchiment d’argent sale, en émettant une fatwa selon laquelle l’argent « douteux » peut être dépensé sur les œuvres caritatives .Une telle fatwa n’encouragerait-elle pas la corruption ? Où en est la justice de tout ça ?

Enfin pour couronner le tout, invité au plateau du journal télévisé de la nationale 1 le 11 juin, le ministre ne répond pas à la question de la journaliste qui lui demandait des éclaircissements, et se contente de répéter encore et encore que la manifestation du printemps des arts a porté atteinte au sacré, sans préciser exactement en quoi : le savait-il seulement ? Ou devait-il simplement se contenter de rabâcher les mêmes phrases ?

Quoi qu’il en soit, quelques minutes après, des centaines de salafistes montés et en transe envahissent les rues, brûlant, détruisant et entrainant avec eux des criminels récidivistes.

Malheureusement, au lieu de punir les incendiaires, des postes de police et des écoles des beaux- arts entre autre, on ferme la porte des arts et on punit les artistes.

Les salafistes sont le bras armé d’Ennahdha ! Tout le monde le sait, et les événements ne font que le prouver jour après jour. En effet, Grâce aux événements de ce lundi soir, et mardi matin, Ennahdha va tenter de nous museler en promulguant une loi qui incriminerait toutes « atteintes aux sacrés » ! Mais que signifie atteinte au sacré ? Si une interprétation d’un verset du Coran est différente de l’explication traditionnelle, serait-ce une atteinte au sacré ? Si on ne pense pas comme vous, irait-on en prison ?

Une telle loi mettrait fin non seulement à toute expression artistique, mais également à la liberté d’expression. Utilisée par des extrémistes, elle pourrait radicaliser le pays, voiler les femmes, et mener à l’application de la charia progressivement, mais sûrement.

D’autre part, qui saurait décider de ce qui est une atteinte au sacré et ce qui ne l’est pas ? Autrement dit, si une telle loi est votée par la constituante, il serait indispensable de créer un haut conseil islamique responsable du « sacré », donc ayant pour principale activité les fatwas ,et dont le chef serait un Ayatollah.

Voilà pourquoi ceux qui ont dit qu’Ennahdha n’a pas vraiment abandonné l’idée de la charia avaient raison. Ennahdha a simplement changé de tactique : puisqu’ elle ne peut pas l’instaurer directement à travers une loi dans la constitution , elle tenterait donc de le faire indirectement, grâce à l’aide inestimable des salafistes, en promulguant une loi ; loi qui, en apparence viendrait pour répondre à des troubles de l’ordre public ,mais qui en réalité était programmée depuis longtemps .D’ailleurs n’est-il pas vrai que , ces derniers jours, les députés d’Ennahdha défendaient la suprématie de l’article 1 de la constitution sur tous les autres ?

Comme autre preuve de ce que est avancé, il est probable de voir prochainement :

1) Des manifs salafistes et anti-laïques qui vont s’organiser dans tout le pays ; manifs qui bien évidemment n’auraient pas besoin d’autorisation, et ne seraient pas matraquées comme celle de la société civile qui dénonce la violence.

2) Des sit-in devant la constituante qui vont s’installer pour demander une loi incriminant l’atteinte au sacré, et vous pouvez dors et déjà être sûr que ces sit-in seraient soutenus logistiquement, financièrement et moralement par les nahdhaouis, tout comme ceux qui se sont installés devant la télévision nationale.

En fait, il est légitime de se poser une question : Qu’est ce qui prouve que ce ne sont pas les miliciens d’Ennahdha qui ont introduit ce tableau douteux exprès pour promulguer une loi contre les artistes ?

Toutefois, la succession de tous ces incidents , justement maintenant, fait passer sous silence un fait très important ,à savoir la grève du secteur qui peut sauver le pays de la dictature d’Ennahdha ;autrement dit, le secteur de la justice ,puisque les juges sont en grève à partir du 13 JUIN.

Est-ce un hasard, une coïncidence ? Ou est-ce une tactique de la politique secrète d’Ennahdha pour ne pas libérer la justice ? Une espèce de plan B pour ne pas réformer le secteur, et gagner du temps ; puisque les juges sont bientôt en vacances ? En effet, comment Ennahdha pourrait-elle imposer ses fatwas si la justice et les juges sont indépendants ?