Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Comme prévu, Ennahdha n’a pas tardé à nous sortir une nouvelle trouvaille, pour nous lancer dans d’interminables polémiques susceptibles de détourner notre attention des priorités, et de retarder d’une façon ou d’une autre le travail de la constituante. Il s’agit de la privatisation des médias. Seulement, cette foi-ci, le bût n’est pas seulement de retarder le travail de la constituante, mais surtout de museler la presse, la liberté d’expression, et les chaînes de télévision qui jouent un rôle clé dans toute campagne électorale ; chaînes qu’Ennahdha désespère d’avoir sous son contrôle. Ceci explique probablement pourquoi on n’a pas voulu signer les circulaires qui concrétisent l’indépendance des journalistes, et pourquoi ces derniers sont constamment agressés.

En effet dans un email qui serait piraté par Anonymous, il est question d’une réunion entre les différents membres de ce parti, pour discuter des violences policières du 9 Avril. Par la suite, ces membres évoquent le problème des médias, pour lequel ils doivent convenir d’une réunion ultérieurement afin de lui trouver une solution. Apparemment, ils l’ont trouvée cette solution : vendre simplement.

Evidemment, Ennahdha ne dit pas que cette idée est la leur, mais se contente de mentionner que : « selon un sondage, une bonne partie de l’opinion publique serait pour la privatisation des médias publiques » ce qui est probablement un mensonge de plus de ce parti.

La privatisation de nos médias serait simplement une catastrophe pour tout tunisien qui aime son pays, car elle signifie la destruction d’une mission qui incombe exclusivement aux collectivités publiques : celle de la culture, de la démocratisation et de l’information. En outre, le souci de l’audimat et du profit l’emporterait sur la promotion de notre identité et de nos mœurs ; sans oublier le fait que les opinions et tendances politiques et religieuses de celui qui possèderait ces chaînes nous seraient infusées progressivement.

D’autre part en termes de lois, quelles seraient les conditions et les modalités de cette privatisation puisque la constitution n’existe toujours pas ? Ou peut-être qu’il faut tout arrêter pour s’en occuper ? Est-ce bien le moment ? Ou serait-ce une bonne diversion pour ceux qui aimeraient tant retarder l’échéance électorale ?

Il faut absolument refuser ce débat puisque nous n’avons pas encore de constitution. Ce gouvernement est provisoire et n’a pas à s’occuper de ce genre de problèmes alors qu’on est en période transitoire. Ses priorités doivent être d’autres problèmes urgents, tels que le développement, l’emploi, l’inflation et la corruption, ainsi que d’autres grands dossiers stratégiques, comme la réforme de la justice qui est toujours sous tutelle ; à moins que le gouvernement et certaines parties de la constituante ne veulent pas vraiment libérer la justice pour continuer à nous matraquer librement ?

A la fin de son débat, le député Nahdhaoui explique que bien évidemment, le capital qui devrait s’approprier nos chaînes nationales doit être tunisien. La question qui se pose, est : si le terme « capital tunisien » signifie pour eux la même chose que la source de l’argent qui a financé la campagne électorale d’Ennahdha ? Si l’argent qui serait forcément avancé par un tunisien, ne proviendrait pas, d’un riche état étranger, grâce à des chemins tortueux difficilement décelables ?

Serait-il légitime de se demander si, à défaut de l’avoir sous leur contrôle, ces députés projettent de faire de notre chaîne nationale une chaîne annexe d’Al Jazira ? Quel meilleur moyen y aurait-il pour bien influencer les tunisiens et les rendre plus réceptifs à la culture Wahabite ?

Pour conclure, disons que, quand on a vendu son âme au diable, par soif du pouvoir, on a vendu sa propre intégrité et on a moins de scrupules à vendre celle des autres