Sit- in devant le parlement marocain à Rabat, en signe de solidarité avec Amina El Filali, une jeune marocaine, âgée de 16 ans qui s'est suicidée en avalant du poison contre les rats, après avoir été mariée de force avec l'homme qui l'avait violé.

L’affaire a fait du bruit : au Maroc une mineur s’est suicidée aprés avoir été mariée à l’homme qui l’avait violée. Une disposition du Code pénal permet en effet d’éviter la prison aux personnes coupable de viol sur mineurs si un mariage a lieu. Il se trouve qu’en Tunisie une disposition similaire existe.

Celle-là s’est foutue en l’air. Un peu de mort-aux-rats et hop, fini, on n’en parle plus. Entre être la femme d’un chien ou être un corps mort, elle a choisi. Finalement c’était un peu du pareil au même.

Amina, 16 ans, jeune marocaine a été mariée à son violeur. Elle était inutilisable de toute façon, qui allait épouser une fille non vierge ? Alors plutôt que de la garder comme un poids à la maison, on la livre à son bourreau. Penser à la nuit de noce donne la nausée. Quelque chose comme un gouffre noir et infini. Sentir le malheur dans sa chair et ne pas pouvoir s’enfuir.

Encore une chose méprisable autour de l’honneur, un article du Code pénal qui permet à un violeur d’éviter la prison si il épouse sa victime.

« Avec cette disposition le viol continue en fait, car il ne s’arrête pas avec le mariage », explique Semia Massoudi, de l’association Amal pour la famille et l’enfant. C’est son association qui a décidé de se lancer dans la campagne pour l’abrogation de l’article 239 du Code pénal tunisien. Car oui, on peut bien faire les malins avec notre CSP, l’égalité homme-femme, la parité sur les listes électorale… Deux lignes suffisent à nous réduire, nous femmes tunisiennes, à ce que nous sommes : rien.

Dans un texte explicatif Sana Ben Achour, juriste, explique les articles en vigueur en Tunisie. Ainsi l’article 239 du CP Tunisien relatif à l’enlèvement d’une mineure vaut l’article du CP marocain qui a eu comme résultat le suicide d’Amina :« le mariage de l’auteur de l’infraction avec la fille qu’il a enlevée a pour effet la suspension des poursuites, du jugement ou de l’exécution de la peine. » Il y a aussi l’article 227 bis relatif au fait de « faire subir sans violence, l’acte sexuel » à un enfant de sexe féminin de moins de 15 ans accompli ou dans le cas où l’âge de la victime est supérieur à 15 ans et inférieur à 20 ans accompli. Les peines sont, selon le cas, de cinq ou six ans de prison. Mais dans les deux cas : « le mariage du coupable avec la victime arrête les poursuites ou les effets de la condamnation ».

L’association Amal, en partenariat avec Save the Children, se met au travail pour faire abroger ces articles du CP. « En travaillant sur cette thématique on se place dans une campagne régionale, puisque le débat a lieu au Maroc, du coup la campagne a plus de poids. En plus le contexte tunisien du moment se prête vraiment à faire entendre notre voix. » explique Semia.

Une campagne qui a lieu d’être puisque des cas de jeunes a qui on propose cet arrangement sont répertoriés par l’ATFD chaque année.