Source : la page d'Albadil.org suer Facebook

La manifestation de l’Union des diplômés chômeurs qui a eu lieu hier 7 avril a été violemment réprimée. Ayant commencé leur marche à partir de la Place Mohamed Ali, les manifestants ont été empêchés d’avancer vers l’avenue H.Bourguiba. Le scénario de la répression s’enchaîne : gaz lacrymogène, matraque… Les manifestants jettent alors des pierres sur les agents des forces de l’ordre, dont six seront blessés selon le porte parole du ministère.

Le ministère de l’intérieur publie un communiqué où il explique que selon la décision prise le 28 mars et outre le fait que cette manifestation n’était pas autorisée, la police a agit de la sorte car ces manifestations à l’esplanade de l’avenue, artère principale de la capitale, nuiraient aux commerçants, au tourisme et bloqueraient la circulation.

Sur un plan légal, l’ambigüité est de mise car sous l’état d’urgence prolongé jusqu’à la fin de ce mois d’avril, aucune manifestation ou sit-in ne peut avoir lieu. Cependant, seule l’avenue H.Bourguiba a été strictement interdite par le ministère de l’intérieur et ce à cause des heurts qui ont eu lieu entre islamistes et artistes le 25 mars dernier.

La décision du ministère d’empêcher la progression de cette manifestation -dont les organisateurs ont pourtant cherché à la déclarer aux autorités- viserait à assurer la circulation, à épargner aux commerçants les ennuis et à aider le tourisme néanmoins le résultat semble être tout autre. En effet, les médias occidentaux –que M.Ali Laraiedh estime beaucoup– n’ont pas manqué cette énième répression. Sur le Nouvel Observateur et selon l’AFP on peut lire :

Plusieurs personnes ont été blessées samedi lors d’une manifestation de diplômés chômeurs dispersée par la police dans le centre de Tunis, ont constaté des journalistes de l’AFP.
La police a tiré des gaz lacrymogènes et donné des coups de matraques pour empêcher l’accès à l’avenue centrale Habib Bourguiba, désormais interdite aux manifestations, de plusieurs milliers de manifestants rassemblés pour réclamer des emplois.

Cela rappelle aux Tunisiens qui étaient en première ligne au mois de décembre 2010 un scénario identique où des manifestants ont protesté pour les mêmes raisons…contre la cherté de vie et le chômage. C’était le 28 décembre 2010 où l’acteur Nassereddine Shili a marqué cette journée en brandissant un pain au milieu des manifestants à la place Mohamed Ali (Tunis) …

“Réprimer au nom du tourisme” a été le credo de la police sous l’ancien régime de Ben Ali. Cela semble continuer alors qu’on est avec un gouvernement Jebali dont la majorité se baserait- théoriquement-sur l’islam. Au lieu de garder la réserve et de se prononcer qu’après enquête, Ali Larayadh (ministre de l’intérieur du parti islamiste Ennahdha) a illico légitimé cette répression en mettant la faute sur le dos des manifestants. Les procédés de l’ancien régime et du gouvernement Jebali ne cesse de converger. Serait-ce une stratégie de la part du ministre pour leurrer son staff terroriste qui travaillerait sous ses ordre ? Ou serait-il vraiment pour la répression quand cela contredirait “ses décisions” ? A suivre …

Le 9 avril, fête des martyrs, une autre manifestation aura lieu à l’avenue H.Bourguiba, elle sera certes réprimée mais le peuple tunisien ne cédera jamais. Ne faut-il pas que Ali Larayadh, qui a enfin le pouvoir, change la stratégie du bras de fer et apprenne des Allemands qui veulent apporter leur « savoir-faire » dans le domaine sécuritaire à la Tunisie ? N’a-t-il pas compris qu’en fin de compte, quand la cause est juste, il est un péché de la réprimer ?