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Les salafistes djihadistes constituent la meilleure arme qui pourrait aider un régime à instaurer une dictature. Seulement il faut savoir comment manipuler cette arme à double tranchant. J’explique dans ce billet le mode d’emploi de cette arme et comment elle peut aider Ennahdha à réaliser.

Le meilleur moyen pour Ennahdha de régner en maître sur le pays est de lancer une frappe « chirurgicale » forte visant ce mouvement salafiste djihadiste. Un coup de filet en quelques jours avec une dure condamnation.

L’exécution de cette action est très facile pour quatre raisons:

1- Les personnes qui y appartiennent sont déjà fichés par la police et leurs nouveaux adeptes sont facilement repérables dans la société.

2- Les djihadistes vivent en marges de la société et sont facilement repérables. Ils n’ont pas d’organisation politique réelle qui leur permette de vivre dans le secret. Le parti aura bien-sur le soutien de la population qui voient en eux l’ennemi rien que par leur intolérance à la différence caractéristique des tunisien.

3- Ils trouveront une grande coopération de la part de la police. Car d’une part ça leur permettra de se racheter au près d’Ennahdha, de se défouler en pratiquant leur hobby et surtout ça permettrait de créer un lien de complicité sur cette affaire. Ceci établira une relation de confiance entre la police et le gouvernement.

4- L’opposition ne pourrait pas les attaquer sur cette action. Ils pourraient même, avec beaucoup de dépit, l’encourager.

Le plus grand intérêt de cette action c’est qu’elle donne très rapidement ses fruits, avec une étonnante facilité d’exécution. Je présente ici une liste des résultats qui pourraient être obtenus à court terme:

1- Ennahdha tire une épine du pied. Elle n’aurait plus à gérer cette partie incontrôlable de son mouvement. Et elle donnera un signal fort à ces membres qui dépasseront les limites qu’elle leur avait mises.

2- Elle rassure la frange populaire modérée qui a voté pour elle et qui commence à avoir peur de voire le pays sombrer sous l’extrémisme.

3- La faillite de l’opposition. Cette dernière a gagnée fondé galvanisé ses troupes en jouant sur la peur des tunisiens de la dérive islamiste. Elle se retrouve dans l’hors jeu, sans aucune idéologie mobilisatrice.

4- Elle montre aux tunisiens que ce gouvernement est solide et intransigible sur les dépassements. Il peut, quand il le faut, user d’une force extrême contre ceux qui ne respectent pas la loi. Ainsi tout le monde réfléchira deux fois avant de faire des actes de vandalisme de révolte.

5- Elle envoie un message rassurant aux pays occidentaux. Ils se diront que ce gouvernement peut être une barrière à l’extrémisme même s’il est islamiste. Ainsi, ils n’auront pas intérêt à comploter contre eux. Mieux ils vont l’encourager pour montrer la Tunisie en exemple aux autres pays.

6- Les activistes qui défendent la laïcité ne pourraient plus vous associer aux extrémistes barbus qui scandent morts aux juifs avec les messages haineux. Mieux! Vous pouvez les oppresser sous couverture du respect de l’égalité avec les djihadistes.

7- Renforcer les forces de l’ordre et les soumettre au service des intérêts du parti. Habitués à la tyrannie, les chiens de gardes seront heureux de devenirs fidèles aux nouveaux maîtres.

Les difficultés pour appliquer ce plan proviennent surtout de la cuisine interne d’Ennahdha que je résumerais en deux points:

– La discorde: Même s’il parait un parti solide et solidaire, le parti Ennahdha comprend différents courants contradictoires. Il y a la branche dure de Sadok Chourou, la branche souple de Samir Dilou. Il y a le conservatisme des vieux et le modernisme des jeunes. Mais surtout dans ce parti il y a l’ambition caché de remplacer Rached El Ghannouchi et s’accaparer de ce parti.

– Le courage: La diversité citée précédemment donne une richesse certes, mais elle empêche la prise de décision courageuse au sein de ce parti. Chaque tiers est dans l’attente des erreurs des autres pour rebondir, explique la mollesse de réaction face problèmes de l’actualité. Même Rached Ghannouchi ne tient le parti que par son pouvoir financier et ses appuis à l’étranger.

Le mouvement d’ennahdha pense, en protégeant le mouvement salafiste djihadiste, garder la confiance de sa base d’électeurs et combattre ses opposants . Ce choix est certes appuyé par la branche dure de cette partie comme Sadok Chourou et qui s’avère une grosse erreur.

Ceci prouve l’immaturité de ce parti qui n’apprend pas de ses erreurs. Il a vite oublié que son grand déclin dans le début des années 90 n’est pas dût seulement au régime de Ben Ali mais surtout au retournement du peuple contre eux. D’ailleurs ils donnent les mêmes réponses qu’ils ont données à propos des actes terroristes de l’époque « c’est des actes isolés », « c’est des initiatives personnelles ».

Si à l’époque ils ont pu avoir des circonstances atténuantes par leur statut d’opposants à un régime qui prépare la dictature. Aujourd’hui, ils sont au pouvoir et ils doivent assumer cette responsabilité et démontrer sont prêts.

Le premier qui aura les couilles et l’intelligence politique dans ce parti pourrait devenir facilement dictateur. Il doit faire vite, sinon il sera devancé par Moncef El Marzouki. Oui… oui, ce président que tout ce monde amnésique traite de débile et de fou. Il prépare sa mainmise sur le pouvoir dans ce pays de bisounours. J’essayerai d’écrire mon conseil pour Marzouki, même si je sais qu’il n’en a pas besoin. Il est déjà en train d’appliquer son plan.

Par Moez Mharouech