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Il est certain que parmi les nahdhaouis, beaucoup en font parti parce qu’ils croient sincèrement qu’un parti qui adopte les valeurs de l’islam ne peut que privilégier l’intérêt suprême du pays, et combattre la corruption, le mensonge et l’injustice. Or, pour tous ces modérés d’Ennahdha, il est maintenant clair que leurs leaders politiques, mentent à tout bout de champ et nient avoir parlé à des journalistes sionistes, alors qu’ils projettent « attatbiî », ou la normalisation de nos rapports avec Israël.Ces modérés d’Ennahdha savent tous que leurs leaders fanatiques utilisent des mots tels que « état et gouvernement civil », mais rêvent secrètement d’instaurer un état islamique fondé sur la charia dès qu’ils le peuvent; autrement dit dès qu’ils ont suffisamment muselé la liberté d’expression, et asservi la société civile. Ils savent pertinemment que ces fanatiques parlent paix et démocratie, mais soutiennent inconditionnellement les salafistes et extrémistes de tout bord. D’ailleurs, Mr Chourou a carrément autorisé l’usage de la violence,en pleine session parlementaire, au vu et au su de tout le monde. Grâce à cet appel à la violence en direct, de plus en plus de fondamentalistes suivent son exemple, et appellent aux meurtres des laïques, en plein jour et impunément. Quant au parti « Ettahrir » qui n’a même pas d’autorisation, il passe à la vitesse grand V dans sa politique de violence en déclarant la guerre aux laïcs, puisqu’il organise un meeting Dimanche 5 Février, sous le titre « La laïcité : guerre contre l’islam et les musulmans ».

Si le ministre des affaires religieuses tente de diviser les tunisiens, à travers la multiplication des fatwas, Mr Charoun, pardon, Chourou a réussi à les opposer et les monter les uns contre les autres.

Or messieurs les nahdhaouis modérés, pensez-vous qu’ils réussiront ? Pensez-vous qu’un peuple qui vient d’éjecter un dictateur expérimenté aurait des difficultés à dégager un autre qui apprend la dictature ? Ne voyez-vous pas que toutes ces tentatives ratées ne font qu’augmenter le climat d’insécurité dans le pays ? A moins que l’insécurité soit justement le bût qu’Ennahdha recherche pour justifier le report des élections et maintenir l’état d’urgence; ce qui expliquerait les 10000 prisonniers libérés et la recrudescence de braquages, de viols et de vols.

Dans tous les cas de figures, Ennahdha se détruirait elle-même si elle essaye d’asseoir son pouvoir aux détriments de la démocratie et des libertés individuelles fraîchement acquises; car, la vraie révolution, celle que les stratèges comploteurs, n’ont peut-être pas prévue, c’est celle qui se passe dans la tête : Les Tunisiens se sont réveillés, et personne ne pourrait plus les endormir. Ennahdha peut implanter autant de « noyaux » et de cadres qu’elle veut dans toutes les institutions tunisiennes, elle ne pourrait pas changer la nature d’un peuple modéré. De même, la politique suivie par ce parti pour s’octroyer plus de pouvoir devient claire : un « marchandage » déguisé qui consiste à placer la barre très haut, de telle sorte que même en faisant des concessions après, suite aux protestations de la société, il lui resterait encore pas mal de pouvoirs à la fin. Cette même politique a été observée lorsque la constituante a démarré ses travaux,et que tout le monde était choqué par l’étendue des pouvoirs qu’Ennahdha s’est octroyés à travers le premier ministre. En acceptant de se défaire de certaines prérogatives, ce parti a en quelque sorte « roulé les autres députés », puisqu’ils cédaient à la fin, conscients d’avoir obtenu quelque chose, alors qu’en réalité ils n’ont eu que ce qu’Ennahdha avait calculé et prévu de leur laisser depuis le départ. Conclusion, même après toutes les négociations, tout le monde s’accorde à dire que le chef du gouvernement provisoire a des pouvoirs dignes d’un dictateur.

Le deuxième exemple de cette politique du marchandage est justement ce qui s’est passé avec la presse. Comme le parti au pouvoir veut récupérer la tété nationale et la 21, il nomme ses hommes à la tête de la télé et d’autres journaux. Lorsque les journalistes protestent, le gouvernement provisoire s’est soi-disant rétracté et renoncé aux nominations des directeurs des journaux, mais a tenu bon à la direction de la télé; ce qui lui donne 2 nouvelles chaînes de propagande.

Néanmoins, ces procédés peut démocratiques ne font que ternir de plus en plus la réputation de ce parti, et les modérés d’Ennahdha doivent réagir immédiatement pour mettre fin à toutes ces dérives; car si quelques semaines plus tôt, beaucoup pensaient qu’une nouvelle révolution marquerait la fin de ce gouvernement, ils voient maintenant que sa fin viendrait plutôt d’un parti adverse ; comme celui que Mr Essebsi cherche à constituer : Plus les extrémistes agresseraient et violenteraient, et plus il y auraient des personnes de la société civile qui iraient rejoindre ce parti; car si l’on doit choisir entre la violence et la division, ou l’union et la corruption, le deuxième choix serait un moindre mal.