Manifestation d'etudiants étrangers afin d'obtenir le retrait de la circulaire Guéant.

Bien que Nicolas Sarkozy ait toujours défendu la politique de l’immigration choisie, la circulaire Guéant qui vise à réduire l’immigration professionnelle pose problème. Il s’agissait originalement de durcir la possibilité des ‘’changements de statuts’’, d’étudiant à salarié. Cette mesure que les étudiants étrangers ont qualifiée d’ « injuste », prend une tournure exceptionnelle en cette année décisive car électorale.

Pourquoi cette circulaire pose-t-elle problème ?

La circulaire Guéant du 31 mai est problématique dans le sens où elle restreint la possibilité pour des diplômés non européens d’obtenir un statut de salarié alors qu’ils ont obtenu leurs diplômes en France et ont même reçu des offres d’embauches. A l’origine, le ministre de l’intérieur, Claude Guéant avait pour but « d’adapter l’immigration légale aux besoins comme aux capacités d’accueil et d’intégration de la société française ». La dite circulaire demandait aux préfets d’instruire « avec rigueur » les demandes d’autorisation de travail des étudiants et des changements de statuts.

On parle selon Laurent Wauquiez de 500 étudiants et selon le collectif du 31 mai de 1000 étudiants. De plus, le décret du 6 septembre concernant l’augmentation de 30% des ressources exigées pour obtenir un titre de séjour (on est passé de 410 euros à 615 euros), à cela s’ajoute la taxe sur le renouvellement du titre de séjour qui s’est vue augmenter de plus de 600%. Le titre de séjour était gratuit jusqu’en 2008 puis il a été soumis à une taxe comprise entre 55 et 70 euros. Cependant, dans le cadre de la loi des finances de 2012, une loi a été promulguée le 28 décembre 2011, visant à augmenter la taxe à partir de janvier 2012. Cette taxe variera entre 200 et 385 euros. Il faudra par ailleurs ajouter à cela une contribution de 110 euros payable dès le dépôt de la demande et non remboursable en cas de refus.

Cette nouvelle taxe va assurément renflouer les caisses de l’Etat sachant que l’on compte en France près de 278 000 étudiants étrangers.

Au vue de l’actualité de ces derniers jours, on peut voir que la circulaire pose toujours problème et commence sérieusement à faire parler d’elle. Ainsi, même suite à la réunion du 4 Janvier 2012 à laquelle ont assisté ministres et personnes de l’Enseignement Supérieur, et au remaniement apporté au texte initial, la circulaire continue, si ce n’est plus, de poser problème.

Quels sont les reproches formulés à l’encontre de cette circulaire, jusqu’ici ?

La circulaire Guéant du 31 mai 2011 a divisé le gouvernement, la droite elle-même et les universités, mais également les associations et les entreprises, jusqu’au président de la République qui a lui même appelé Laurent Wauquiez (ministre de l’enseignement supérieur) à « régler le problème ». Ce dernier confiera, sur France 2, le 17 décembre 2011, que le gouvernement : « s’est planté ». Le ministre semblait alors faire une sorte de mea culpa en essayant de sauver les meubles, tant bien que mal. Il déclarera même dans le journal le Monde que : « Ces jeunes formés chez nous et sur lesquels on a investi, sont des ambassadeurs pour la France, à vie. La France doit continuer d’attirer des talents ».

D’autres ministres se sont ainsi exprimés, tel que Frédéric Mitterrand qui explique sur RMC qu’il « a passé son temps a accueillir des étrangers et que donc cette circulaire lui pose problème »., ou le premier ministre François Fillon qui écrit : « Cette circulaire ne traduit en rien une volonté de fermeture ».

Somme toute, l’ensemble du gouvernement semble vouloir se désolidariser de Claude Guéant et l’idée générale qui s’en ressent se traduit parfaitement à travers les propos de François Fillon : « l’accueil des étudiants étrangers participe au rayonnement de notre enseignement supérieur et de notre pays ».

Une centaine de personnalités dont Anne Lauvergeon (ex présidente Areva), le prix Nobel de physique Albert Fert ainsi que les présidents d’universités Vincent Berger, Alex Kahn et le professeur au collège de France Pierre Rosanvallon estiment que cette circulaire est : « moralement inadmissible, politiquement dangereuse et économiquement absurde ». Ils ont lancé une pétition intitulée : « Notre matière grise est de toutes les couleurs ». Ils s’engagent à parrainer les diplômés et à les aider concrètement dans leurs démarches administratives.

Les responsables du patronat semblent être ouvertement défavorables à cette circulaire, ils estiment que cela risque d’être à terme : « un problème pour la compétitivité de la France et son rayonnement à l’étranger ». Le Medef se dit donc : « préoccupé » par les conséquences que pourraient provoquer la circulaire. Afin d’être plus précis sur les raisons de cette prise de distance, le Medef explique que : « ces jeunes diplômés sont utiles, qu’ils ne prennent la place de personne et que leurs compétences sont très demandées car rares. Ils ont une connaissance des langues, des coutumes, des marchés et des pays ». Ainsi, le remaniement du 4 Janvier semble prendre sens, sachant qu’il concerne « les diplômés hautement qualifiés ».

Quelle solution a été apportée ?

Afin de calmer un peu le jeu, a été organisée le 4 Janvier, une grande réunion à laquelle a participé Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand et surtout Claude Guéant mais également les principaux responsables des universités et des grandes écoles françaises afin d’apporter des petites modifications au texte d’origine. Ils ont ainsi annoncé qu’une circulaire complémentaire spécifique adressée aux ‘’diplômés étrangers hautement qualifiés’’ serait adressée dès la semaine prochaine aux préfets. Le texte ajoute ainsi une sorte de directive : « la connaissance approfondie d’un pays ou d’une culture étrangère peut constituer une compétence spécifique recherchée, par exemple pour la conquête d’un nouveau marché. Cela sera pris en compte dans l’appréciation des demandes de titres de séjour avec autorisation de travailler ».

Ce nouveau texte, loin d’être un rétropédalage, ne remplace donc absolument pas la circulaire du 31 mais la complète. C’est dans ce cadre que Fatma Chouaieb, porte parole du Collectif du 31 mai, réclame : « le retrait encore et toujours de la circulaire », selon elle, il s’agissait de définir des critères clairs et ceux présentés : « sont soumis à l’arbitraire ».

Un micro-trottoir s’impose !

Lorsque l’on interroge un large panel de personnes, on se rend compte qu’il y a plusieurs sons de cloches. Ainsi, un étudiant marocain Yassine explique :

« je ne pense pas que la France doive être fustigée comme elle l’est actuellement. Après tout, il paraît quasi évident et normal qu’elle veuille faire passer ses citoyens et ses protégés avant les autres. Qui ne le ferait pas ? En plus, je voudrais ajouter un petit détail mais qui prend toute son importance ici, ces étudiants étrangers dont on parle là, il ne faut pas oublier que dans la grande majorité des cas, ils profitent de l’expérience et de l’enseignement français pour ensuite rentrer dans leurs pays respectifs. Ce n’est pas du tout rentable pour la France. Je peux donc comprendre sa position. Et concernant les taxes, tous les pays sont en crise, c’est une façon comme une autre de faire rentrer de l’argent. Il faut arrêter de toujours critiquer et de ne voir midi qu’à sa porte ».

Suite à quoi, un chef d’entreprise déclare :

« je comprends les propos de Yassine, et je les trouve justes. Mais je pense également que la France souffre d’un manque de personnes qualifiées pour certains jobs, très précis et hautement qualifiés. Personnellement, je veux bien embaucher français mais uniquement s’ils sont compétents, sinon je suis ravi de pouvoir garantir dans mon entreprise une grande diversité qui m’assure une richesse intellectuelle, économique (car ils connaissent généralement bien les marchés étrangers et ont une certaine habileté à manier différentes langues), et sociale ».

Cette circulaire avait suscité une pétition signée par l’ensemble des syndicats, des employeurs, des universités et des grandes écoles pour critiquer les termes inscrits dans le texte, proposés par le ministre de l’intérieur Claude Guéant. Elle pose dont problème, cela paraît évident. Il convient également de voir que la France accueille 2,3 millions d’étudiants, 12% d’entre eux sont étrangers et 40% environ dont issus des pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne visés par la circulaire du 31 mai 2011. Ainsi, ces 278 000 personnes risquent de souffrir d’un durcissement des conditions d’obtention d’un nouveau statut, mais dans le cas ou elles ne resteraient que quelques années en France, cela est-il si injuste ?