La police politique a survécu à la révolution

Les rois croient qu’en faisant sentinelle autour de leurs trônes, ils arrêteront les mouvements de l’intelligence; ils s’imaginent qu’en donnant le signalement des principes ils les feront saisir aux frontières; ils se persuadent qu’en multipliant les douanes, les gendarmes, les espions de police, les commissions militaires, ils les empêcheront de circuler. Mais ces idées ne cheminent pas à pied, elles sont dans l’air, elles volent, on les respire. [ Mémoires d’Outre-Tombe (1848), François-René de Chateaubriand ]

Le 7 mars 2011, soit moins de deux mois après le 14 janvier, le ministre de l’Intérieur a annoncé “la rupture avec toute forme d’organisation s’apparentant à la police politique, aussi bien au niveau de la structure et des missions qu’au niveau des pratiques ” et “Suppression de la direction de la sûreté nationale”.

Est ce que ces engagements ont été appliqués ?

Dans un témoignage filmé chez Nawaat le 13/12/2011 l’ex-directeur du centre de formation des Services Secrets Tunisiens, l’officier de police Samir Feriani dissipe tous les doutes, il expose une preuve qui montre la persistance de la police politique après le 7 mars 2011 (date officielle de la dissolution de ce corps annoncée par le ministère de l’intérieur.


Un document daté du 19 novembre 2011 rédigé par l’administration centrale des renseignements géneraux et soumis à l’attention du ministre de l’intérieur Habib Essid, ce dernier l’a signé et confirmé par écrit qu’il l’a lu. Cela veut dire que Habib Essid, ministre de l’intérieur, a confirmé qu’il a commandité la redaction du rapport et il l’approuve. Le document implique en ordre hiérarchique la chaîne des postes de commande suivante: Le ministre de l’intérieur, l’administration génerale de la police nationale, l’administration générale des services spécialisés et l’administration centrale des renseignements géneraux. Le document en question rapporte les détails d’une rencontre qui a eu lieu au siège du CPR le 16 novembre 2011 entre Samir Feriani et des personnalités politiques tunisiennes, ce qui indique la persistence de la police politique et qu’elle a conservée le credo instauré par la dictature avant le 14 janvier. Nous allons retourner en détails dans l’analyse de ce document dont la publication montre que la police politique n’est pas seulement encore en vie, mais qu’elle est aussi inutile et incompétente, puisque le document a filtré vers la publication, ceci prouve aussi que la compétence du bloc intégre au sein du ministère de l’intérieur dépasse de loin les capacités mentales du bloc corrompu, et c’est normal puisqu’en general la repression tue la créativité de ceux qui l’exercent avant d’inhiber ceux qui la subissent.

On rappelle aussi que le lundi 28 février 2011 au cours du Sit-In la Kasbah 2, les manifestants avaient reconnu un membre de la police politique circulant dans l’enceinte sécurisée du Sit-In, au cours de l’altercation qui a eu lieu ce dernier a perdu une carte mémoire qui m’a été remise par les manifestants, en analysant le contenu avec un programme de récuperation de données j’ai découvert plusieurs fichiers Top Secrets qui prouvent l’abscence d’une gestion independante et intégre des archives de la police politique. Dans la logique de l’audit de sécurité je publie aujourdhui et j’offre en vue d’analyse à l’attention des officiers de la garde presidentielle, des spécialistes et de l’opinion publique parmis ces documents un fichier powerpoint qui détaille le dispositif de sécurité présidentielle avant le 14 janvier:


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43Comments

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  1. 10
    Rafik Rezine

    Je ne vois pas en quoi espionner les agissement de si Samir ne releve pas des prérogatives du MI ou des RG. Peu etre qu’il effectuent une enquete interne?
    Je ne les defends pas, mais le rapport, a premiere vue, ne contiens pas un compte rendu du BP du CPR ou du PCOT ou du FDTL … donc bon, cela ne constitue pas en soit LA preuve de l’existence encore de la Police Politique.

    Les pratiques sont toujours la, les têtes brulées sont vites repérées, certains sont même mis en garde nomément lors des manifs.

    Ceci dit la question est: y a t il toujours une structure intelligente et coordonnée du MI qui a pour but de se renseigner sur le politique des tunisiens et de diriger le débat ou de réprimer l’action politique?
    Je ne pense pas qu’il y est eu des action de répression de l’action politiques, coordonnée par une structure qualifiée.
    Il y a eu des actions isolées, héritées du système qui est toujours en place, surtt lors des manifestations, et quelquefois lors de meetings politiques. Mais non une tentative de démantèlement d’un parti tel que la subi Ennahda et le PCOT par exple.

    Autre chose: posons la question sereinement: est ce que ce serait anti-démocratique que les RG se renseignent sur le fait politique?

  2. 18
    Nach

    Franchement, ce qui est raconte ici est tout simplement le boulot de ce qu’on appelle les Renseignements generaux (RG)
    Leur boulot est de proteger la surete interne de l’etat et de suivre tout ce qui de pres ou de loin pourrait atteindre a cette surete.
    Tant qu’elle n’intervient pas pour satisfaires des comptes personnels pour tel ou tel ministre, ou n’importe quel autre personnalite politique…Eh ben qu’on le veuille ou non, c’est NORMAL
    Ca se passe pareil en FRance, aux USA et meme en Suisse….

    • 19
      Frits la Broussaille

      Et bien non. justement. ça ne se passe pas ainsi en France. Parce que, contrairement à la Tunisie, en France quand on abuse de son autorité publique sur un citoyen, ce-dernier a la possibilité de traduire le fauteur en justice. Ce droit précisément, depuis que Sarkozy est au pouvoir (présidence + ministère de l’Intérieur) est remis en cause. Les non-lieux prononcés dans les affaires de bavures policières en France a de quoi inquiéter. On en est arrivé, dans cette démocratie, non plus à des atteintes aux droits de l’homme (et de la femme) mais carrément à des meurtres par négligence ou par non assistance à personne en danger. Dois-je rappeler le cas du décès de Ziyad et Bouna qui a débouché sur une émeute des banlieues que chacun ici se rappelle, le cas de ce Tunisien de Nantes qui, au lieu de passer par la cellule de dégrisement est laissé ivre mort sur un pont, retrouvé bien “mort” sur le canal, non loin de la ville… les affaires se suivent et les non-lieux s’entassent. ça s’appelle l’impunité.
      Bref… vous retrouverez une liste conséquente de ces cas d’impunité dans le livre à charge contre la police de Sihem Souid (tiens, d’origine tunisiennne!!!), intitulé “Omerta dans la police”.
      AU final, tout ça pour dire que pour contrer toute dérive de la répression d’Etat sur les citoyens, il faut construire avec intelligence les mécanismes lui permettant de condamner cette atteinte via la justice. C’est là que l’indépendance du magistrat et de la justice vis-à-vis du gouvernement en place (le pouvoir) doit être clairement affirmée et inscrite dans la loi!

  3. 20
    Veritas

    Au contraire elle sera encore plus renforcé dans le secret totale pour étouffer tout autre contestation dans l’oeuf,les prochains jours s’annonce rude pour toute éventuel révolte.
    il ne faut pas s’étonner de l’apparition d’un prochain décret pour interdire toute manif pour soit disant l’interet du pays exige cela!!!

  4. 25
    Farhat

    comment appele t’on cela? : une “taupe” un “sous-marin” un “agent double ?….il faut chercher cela peut etre auprés de la DGSE ou de la MI6.

    Ce qui m’étonne c’est qu’il récidive en toute impunité en moins de 3 mois et documents à l’appui. ça se passe en tunisie et nul part ailleurs meme les sources de wilileaks sont anonymes pas lui.

    fallait le faire sous la dictature ça c’est le vrai mérite

    Best regards

  5. 28
    www.nawaat.org

    tunisien says
    on va maintenant taper sur les doigts de ceux qui font leur travaille
    y a t il un pays sans services de renseignement
    qui dit mr que toi haut responsable tu n est pas en train de divulguer des secrets professionnelles
    qui dit mr que ces gents qui monte en pouvoirs sont digne de confiance et ne sont pas guide par la vengeance ou qu il ne sont pas manipule par des forces extérieur et qu il ne risque pas de nous ruinée
    qui dit mr :::::: n est ce pas le service de renseignement

    attention ne soyer pas aveuglée par la fausse note de transparence et de liberté vous faite partie d un corps spécial et tu doit le respecter ne commence pas a faire l héros tu est comme les autre le fils du régime tu n ai pas par hasard policier tu as lutter pour l être et si tu n ai pas corrompus bravo c est surement pas une raison pour jouer l héros et saboter les autre

  6. 29
    tunisien

    on va maintenant taper sur les doigts de ceux qui font leur travaille
    y a t il un pays sans services de renseignement
    qui dit mr que toi haut responsable tu n est pas en train de divulguer des secrets professionnelles
    qui dit mr que ces gents qui monte en pouvoirs sont digne de confiance et ne sont pas guide par la vengeance ou qu il ne sont pas manipule par des forces extérieur et qu il ne risque pas de nous ruinée
    qui dit mr :::::: n est ce pas le service de renseignement

  7. 36
    Frits la Broussaille

    C’est rassurant qu’on pointe l’attention sur cet épineux sujet de la “police politique” (espionnage et contre-espionnage) en Tunisie.
    Son existence, en soi, ne me pose pas de problème. Il est même recommandé pour la sécurité de tout Etat dans le monde qu’il se dote de pareils services. En revanche, c’est la manipulation et le bénéfice (abus de pouvoir) tirés de l’instrumentalisation de cet organe d’Etat par un parti politique ou un clan mafieux pour asseoir son pouvoir sur le domaine public qui pose problème!
    Bien sûr, il faudrait écrire un long article pour débattre des dangers historiques avérés de l’instrumentalisation des services secrets par les différents pouvoirs fascistes et totalitaires (les affaires d’Etat de l’UMP et du RPR en France, par exemple)dans le monde. De quoi prévenir notre reconstruction d’Etat et notre réorganisation des forces de l’ordre public.
    Je vous suggère, pour gagner du temps, la lecture du dernier roman d’Umberto Eco, “les cimetières de Prague” qui détaille de façon intelligente le dédale des milieux du renseignement entre 1870 et 1940 en Europe, particulièrement sur le théâtre de l’affrontement des nationalisme allemand et français. Un excellent roman à la lumière duquel nous pourrions nous inspirer pour la reconstruction de notre chère Tunisie. Sinon, à quoi servent les erreurs du passé?

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