Béchir Sennoun lors de son arrestation à Bamako
« Béchir est né en décembre 86 à Ghorghar (Tataouine). Seul garçon d’une fratrie qui compte six filles, il a effectué ses études primaires entre 92 et 99 et a réussi au concours de sixième. Puis il a poursuivi ses études préparatoires jusqu’en 2002. Il a obtenu son certificat de fin d’études préparatoires et a été orienté sur le lycée secondaire de Tataouine où il a étudié jusqu’en 2006, l’année où il a décroché le baccalauréat ; D’abord orienté sur Gafsa, il a été réorienté vers l’institut supérieur d’Etudes Technologiques de Gabes (ISETG). En dépit de sa condition modeste, de son dénuement, de la répression et des pressions du régime de Ben Ali, il est parvenu à accéder à l’ingenierie mécanique. L’année 2007-2008 a vu s’accumuler les pressions et les menaces du régime, tant et si bien qu’il était acculé entre la capitulation ou le suicide. Pour surmonter ce choix, il a décidé de se rendre en Mauritanie rejoindre des proches pour y étudier la Charia et la religion, étudiant et travaillant en même temps pour survivre. Il vendait des téléphones portables et communiquait hebdomadairement avec nous jusqu’en janvier 2010. Il a passé sa dernière communication à sa tante Salma.
C’est la dernière fois que Béchir nous a parlé. Ensuite, la nouvelle terrifiante, nous l’avons eue par Jeune Afrique.
» [1] Tel est le récit emprunt d’émotion de la famille de Béchir à Tataouine.

Le 4 décembre dernier, la famille Sennoun, des proches et des militants ont organisé à Tataouine une manifestation suite à l’annonce le 29 novembre dernier par la Cour de Bamako, de la condamnation à mort de Béchir Sennoun, afin de sensibiliser les autorités tunisiennes au sort d’un de leurs ressortissants.
Arrêté à Bamako au début de l’année, Béchir Senoun a été accusé de terrorisme suite à l’attentat contre l’ambassade de France à Bamako en janvier 2011, attentat qui a fait plusieurs blessés et un mort. Sa famille ne lui a jamais rendu visite en prison et ignore quelles ont été ses conditions d’interrogatoire et d’incarcération. Il lui est reproché aussi son évasion, qui fut de courte durée. Il aurait également été condamné à une amende de dix millions de FCFA et à verser des dommages et intérêts aux victimes ou à leurs descendants.

Lundi 12 décembre, le ministère de la Justice a publié un communiqué affirmant avoir effectué des démarches en collaboration avec le ministère des Affaires Etrangères, pour Lundi 12 décembre, le ministère de la Justice a publié un communiqué affirmant avoir effectué des démarches en collaboration avec le ministère des Affaires Etrangères, pour empêcher l’exécution du jeune Tunisien [2]
La loi malienne ne prévoit pas d’appel, mais le condamné peut se pourvoir en cassation. Au Mali, des condamnations à morts sont régulièrement prononcées mais aucune n’a été exécutée depuis 1980, le président malien ayant commué des peines capitales en peines d’emprisonnement à vie.

Et l’abolition ? Lors d’une rencontre avec les organisations maliennes et africaines de défense des droits de l’homme et la FIDH le 4 décembre dernier, le président Amadou Toumani Touré a réitéré son engagement à « progresser vers l’abolition de la peine de mort au Mali » [3].

Des propos qui contribueront peut-être à redonner un peu d’espoir à la famille de Béchir Sennoun.

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Notes :

1- Propos recueillis le 7/12/11
2- La Presse, 12/12/11
3- Le président Touré reçoit les organisations de droits de l’Homme