Dans quelques semaines, nous fêterons le 1er anniversaire de la révolution tunisienne. A Nawaat, comme la plupart de nos concitoyens, nous avons vécu une année extraordinaire. Depuis le 13 janvier au soir, date de la levée de la censure sur Nawaat.org, beaucoup de Tunisiens qui n’étaient pas familiers avec l’utilisation des proxy, nous ont découvert. Pour ces lecteurs, comme pour d’autres, nous avons souhaité éclaircir certaines interrogations, voire incompréhensions, notamment concernant la ligne éditoriale de Nawaat ainsi que son mode de financement.

I – La ligne éditoriale du blog collectif Nawaat.org

Notre ligne éditoriale n’a jamais été celle de défendre des intérêts partisans ni des écoles idéologiques. L’objectif de notre blog a toujours été celui d’offrir une plateforme ouverte à toutes et à tous, où chacun est en mesure d’exprimer ses idées sans la moindre censure. Les lignes rouges que nous nous imposons sont celles qui consistent à ne pas diffuser des approches destinées explicitement à porter atteintes aux libertés fondamentales, aux droits de l’Homme et au fonctionnement démocratique des institutions.

Hormis ces lignes rouges, nous ne choisissons pas nos contributeurs. Ce sont eux qui nous font l’honneur de choisir notre plateforme. Aussi, convient-il de rappeler qu’il est inutile de blâmer Nawaat lorsqu’un article déplaît. Quand bien même des articles pourraient froisser, et parce que nous n’exercerons jamais une police de la pensée, il appartient donc à ceux qui désirent porter la contradiction de le faire. Et nous nous ferons un devoir de publier leurs écrits, comme nous l’avons d’ailleurs toujours fait. A cet égard, il est également utile de re-préciser que le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. Et pour cause, nombreux sont les articles que nous publions et dont nous sommes loin de partager les points de vue. La démocratie, c’est d’abord et surtout le pluralisme d’opinion. Et nous ne ménagerons aucun effort pour que cela soit toujours le cas sur Nawaat.org.

Malgré ce qui vient d’être précisé, nous reconnaissons pourtant quelques maladresses en dépit de notre vigilance face à la fougue de quelques plumes qui n’étayent pas suffisamment leurs affirmations. Nous essayons quotidiennement de faire de notre mieux mais la gestion d’une plateforme hébergeant des centaines de contributeurs demeurera toujours délicate.

S’agissant des commentaires postés en dessous des articles, tant sur le blog de Nawaat que sur notre page Facebook, il est important de rappeler que la modération se fait a posteriori. Une première modération purement technique (détection de code malicieux, hacks, etc.) se fait avant publication. Mais la modération du contenu à proprement parler se fait après publication de l’article. Et nous n’avons jamais hésité à supprimer des commentaires indignes de figurer sur notre blog à chaque fois que nous en avons été alertés. Il convient d’ailleurs de remercier nos lecteurs qui n’ont pas hésité à solliciter notre attention sur la dérive de certains commentaires.

De même, et étant donné le choix pour lequel nous avons opté afin de rendre les commentaires postés sur notre page Facebook interagissant avec ceux postés sur le blog de Nawaat, nous attirons votre attention sur le fait que la mise en forme de ces commentaires peut parfois prêter à confusion. En effet, la mention « www.nawaat.org », juxtaposée à celle du nom de l’auteur du commentaire, peut laisser croire qu’il s’agit là d’un commentaire de l’administration de Nawaat, alors qu’il n’en est rien ! Nous rectifierons cette source de confusion dès que possible.

II – Le financement de Nawaat

Comme indiqué dans « l’à propos » du blog de Nawaat, nous avons toujours été indépendants financièrement et organiquement et nous le demeurerons.

Cela dit, depuis la création de l’ « Association Nawaat pour la promotion de la citoyenneté », et parce que nous avons aspiré à réaliser des projets plus ambitieux, nous avons fait le choix de cofinancer certains de ces projets avec des partenaires.

L’entité Nawaat est -et demeurera- comme indiqué, toujours indépendante. Et c’est cette même indépendance qui nous permet aujourd’hui de choisir des partenaires afin de cofinancer des projets qui vont dans le sens de nos objectifs.

Toute la trésorerie de l’association Nawaat sera prochainement publiée dans la transparence la plus totale.

III – Les projets de l’ « Association Nawaat pour la promotion de la citoyenneté »

Depuis la création de l’« Association Nawaat pour la promotion de la citoyenneté », nous avons eu l’honneur de collaborer avec des partenaires nationaux et internationaux pour la réalisation des projets suivants :

1. La 3ème rencontre régionale de la communauté Creative Commons dans le monde arabe.

En partenariat avec Creative Common (Organisation non gouvernementale à but non lucratif) et sponsorisée par Aljazeera Network. 30 Juin – 2 Juillet 2011 à Tunis.

Le premier objectif de cette rencontre était de faciliter l’émergence d’une communauté Creative Commons tunisienne. Des créatifs, artistes, blogueurs tunisiens ont rencontré leurs semblables venant des quatre coins du monde arabe, du Maroc au Qatar en passant par la Syrie et la Palestine. Aljazeera Network, un des partenaires de Creative Commons, a sponsorisé, avec d’autres, l’évènement. Nawaat, utilisant la licence CC pour son blog, était le partenaire local de l’ONG.

Le rôle de Nawaat, en tant que partenaire local de l’évènement, était de sélectionner les participants tunisiens et d’organiser un concert gratuit qui s’est tenu le 2 Juillet 2011 au Centre des musiques arabes et méditerranéennes (CMAM), Ennejma Ezzahra, à Sidi Bou Saïd.

Les collaborateurs qui ont aidé Nawaat ainsi que les artistes qui y ont participé l’ont fait à titre bénévole. Les frais liés à l’organisation de l’événement ont été directement pris en charge par Creative Commons. De ce fait, Nawaat n’a reçu aucun financement pour cet événement.

2. La 3ème réunion des blogueurs arabes (AB11) 3 – 6 Octobre 2011 à Tunis.

Pour l’organisation de cet événement majeur, l’« Association Nawaat pour la promotion de la citoyenneté » s’est associée avec la Fondation Heinrich Boell (HBS) et Global Voices Online (GV), en tant que partenaire local.

Cet événement lancé en 2007 par HBS a réussi à créer une alliance de blogueurs et de militants qui se sont soutenus mutuellement auparavant, pendant et après ce qui constitue l’un des moments politiques les plus turbulents dans l’histoire récente de la région. Les deux organisations ont organisé la deuxième réunion des blogueurs arabes (AB11) à Beyrouth en 2009.

Le financement de cet événement a été partagé par HBS et GV qui ont directement réglé les différents prestataires de services. Là aussi, Nawaat, en tant que partenaire local de l’organisation, n’a reçu aucun financement pour cet événement.

3. Formation au “e-journalisme” d’animateurs des maisons de jeunes en Tunisie

En partenariat avec le Ministère de la jeunesse et des Sports et Canal France International (CFI), ce projet a pour but de créer des clubs de journalisme citoyen au sein des maisons de jeunes dans toute la Tunisie. Au moyen, dans un premier temps, d’une formation de formateurs qui auront à charge d’animer les clubs et de former d’autres jeunes aux techniques vidéo et au journalisme participatif sur internet.

Du 26 septembre au 6 octobre 2011, 10 jeunes animateurs de 5 régions différentes (Sidi Bouzid, Kasserine, Kebili, Gafsa, Siliana), réunis à la Maison de jeunes de Sidi Bouzid, ont suivi une formation pratique de journalisme citoyen.

Pour cette formation deux journalistes et deux informaticiens spécialistes des réseaux sociaux ont élaboré un programme de formation alliant l’apprentissage des techniques journalistique et l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et les techniques d’intégration et de diffusion du contenu.

Dans une deuxième étape, ces jeunes formés organiseront des clubs dans leurs maisons de jeunes respectives et formeront d’autres jeunes au journalisme citoyen. Un suivi sera assuré par CFI et Nawaat, toujours en partenariat avec le MJS, à travers une deuxième intervention dans les 5 maisons des jeunes ayant participé à la première formation.

Vous pouvez voir les vidéos produites lors la de la première cession de formation sur la chaine YouTube de l’opération : http://www.youtube.com/user/sbzforma

Pour le financement, le Ministère de la Jeunesse et des Sports a pris en charge les frais d’hébergement et de déplacement en Tunisie ainsi que la mise à disposition des maisons de jeunes. Les frais liés à la rémunération et déplacement des deux formateurs français ont été pris en charge par CFI. Pour les formateurs tunisiens, un accord de principe avec CFI sur une subvention totale de 1500€ a été trouvé. Cette subvention servira à couvrir la rémunération des 3 formateurs Tunisiens pour la première phase de l’opération.

D’autres projets sont en cours de réalisation

– Le premier est celui de la création, parallèlement à Nawaat.org, d’un blog d’information et d’opinion, basé sur le principe de la décentralisation de l’info et la mise en valeur du travail du journaliste-citoyen. Une rédaction et des correspondants régionaux sont en cours de recrutement pour la réalisation de ce projet.

L’association Nawaat finance le projet avec le concours de l’organisation non gouvernementale Open Society Institute (OSI) ainsi que ses fonds propres (les contributions de ses membres).

Nous reviendrons plus longuement sur ce projet et son mode de financement.

– L’autre projet phare de l’Association Nawaat est la création, au sein de ses locaux, d’un HackerSpace regroupant des personnes d’horizons différents, dans l’objectif de produire des projets, de nouvelles idées et de les partager à travers des workshops, des présentations et des cours. Nawaat HackerSpace, propose des espaces afin que leur membres travaillent sur des projets personnels, collaborent avec d’autres groupes et d’autres projets.

Nawaat HackerSpace, héberge déjà le Parti pirate tunisien ainsi que plusieurs groupes de travail sur les problématiques liées à l’open gouvernance, open data et aux technologies open source.

Nous reviendrons également sur les détails de ce projet ainsi que son mode de financement.