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Image by Anders Hansson

Il était une fois Hanène jeune fille de 15 ans en mal d’amour…un père décédé et une misère affective. Hanène est une mère célibataire, comme des centaines en Tunisie…Hanène quand elle est tombée enceinte n’a jamais été étouffée par des arguments sophistiques à savoir si son acte infâme la plaçait du côté des 3elmanyines العلمانيين (comprenez laïcs) ou de celui des musulmanes qui ont momentanément fauté. Quand elle est tombé enceinte, Mme Souad Palin, cette pauvre gosse avait 15 ans, on avait promis le mariage à cette putain, et cette putain n’avait même pas d’argent pour se faire avorter à temps. Cette putain madame, quand elle a accouché, elle a allaité son enfant, et elle l’a remis à une famille qui devait l’adopter. Elle a donné le fruit de ses entrailles, à une femme qui ne pouvait pas en avoir mais qui au moins avait un mari…Il est certain que la pauvre Hanène n’avait pas les moyens d’élever son enfant et qu’il est sans doute plus heureux chez la famille qui l’a adopté… toujours est-il que quand Hanène a accouché, on ne l’a pas jeté à la rue, à la merci du premier venu, nous l’avions accueillie chez nous, c’était au mois de Ramadan, le mois de el Ra7ma رحمة, le mois de la miséricorde, mot qui semble absent de votre vocabulaire chère Madame. Je suis issue d’une femme musulmane et pratiquante, mon père est haj, et ma mère porte le voile, fait ses prières plus que de raison. Je suis issue d’une famille tunisienne très conservatrice comme des milliers de familles tunisiennes. Cette même famille Madame qui connaît le sens du mot sotra سترة et qui n’a pas traité cette pauvre gamine complètement perdue de fejra فاجرة ni de kefra كافرة … Cette 3ahira عاهرة madame, elle mangeait à notre table, au mois de ramadan et elle dormait dans la même chambre que nous. Mon père n’a jamais pensé que el 9o7eb ya3di القحب يعدي , il l’a invité à habiter chez nous, le temps que sa famille se calme, ma mère qui ne transige pas avec la vertu de ses filles, traitait avec compassion celle qui s’est égarée du droit chemin en demandant à Dieu de lui pardonner et de la protéger et en l’exhortant, à sa manière, de venir vers Dieu pour effacer ses péchés. Mais jamais on ne l’a insulté, on a essayé de l’aider à s’en sortir. Voyez vous madame, mes parents et les Tunisiens, savent ce que c’est qu’un vrai musulman et ce n’est en aucun cas en politisant un sujet social et en injectant votre haine que vous résoudrez le problème de ce genre de femme. Vous semblez occultez que tout bon musulman se doit d’abord de respecter l’Homme avant de le juger, puisque seul Dieu est apte à le faire.

Vous êtes pharmacienne, ancien membre de l’Uget, et porte parole de Nahdha. Je vous inviterai d’abord chère madame, à tenir des propos respectables envers les femmes tunisiennes avant de vous permettre de juger qui est digne d’être respecté et qui ne l’est pas. Vous parlez de, je cite, « machakel ghariba 3an el mojtema3 el tounsi » !!! ah bon ? et les gamins de Atfel Bourguiba c’est des Allemands peut être ? Je vous invite avant de vous exprimer si piteusement sur les ondes d’une radio, à vous entourer de sociologues pour comprendre si ce phénomène des mères célibataires est aussi étranger à notre société que vous voulez bien le croire. Ce que je trouve « gharib 3an el mojatama3 el tounsi » c’est votre haine Madame, c’est votre intolérance. Et nous les femmes tunisiennes que vous ne représentez pas nous ne nous tairons pas quand vous touchez à l’une des notre!

La révolution a pour devise liberté et dignité, votre discours semble ignorer les deux. A la liberté vous mettez les chaînes, celles de votre étroitesse d’esprit, je vous cite encore « el 7orya 3andha 9ouyoud » à la dignité vous vous brandissez le spectre de la morale bourgeoise que vous représentez si bien. Votre moralité me fait penser que l’Amérique ne porte pas seulement son soutien à votre parti, elle vous exporte aussi ce qu’elle fait de pire en terme de puritanisme à la Sarah Palin. Quand on se rappelle que cette dernière qui a été la première à s’insurger contre la liberté sexuelle, a une fille mère célibataire, on se rend compte du gouffre qui sépare la théorie de la pratique et je crois qu’autant de rancune envers les femmes libres cache des douleurs bien profondes dans votre couple et dans votre vie de famille qu’il faudrait commencer par gérer avant d’accuser les autres. Si les gens ont voté pour vous, chère Madame c’est pour écrire une constitution non pour vous faire la gardienne d’une morale populiste qui ne fait qu’occulter la misère au lieu de la gérer. Vous êtes plus scandalisée par l’opinion des autres pays arabes, que de la misère dans laquelle vivront ces femmes et leurs enfants que vous stigmatisez. Votre parti ose accuser l’Occident d’ingérence quand vous-même vous vous pliez à des traditions imposées par l’Orient. Tout ce qui vous importe c’est la vitrine, petite bourgeoise que vous êtes, cela ne m’étonne pas, car vous n’êtes ni plus ni moins qu’une vitrine pour Ennahdha, un alibi, une femme objet si vous voulez… La vertu n’a jamais été fixée par des lois, sinon ça se saurait en Arabie Saoudite…

Je finirais ma lettre par cette réflexion sans doute fort mal venue à vos oreilles pudibondes : la pire des p***ain n’est pas toujours celle que l’on croit….

Et pour vous chère Madame, une chanson de Bob Marley :

 

Don’t you look at me so smug

And say I’m going bad.

Who are you to judge me

And the life that I live?

I know that I’m not perfect

And that I don’t claim to be.

So before you point your fingers,

Be sure your hands are clean

 

Judge not

Before you judge yourself.

Judge not

If you’re not ready for judgement.

The road of life is rocking

And you may stumble too.

So while you talk about me,

someone else is judging you.

 

 

Bien à vous Madame,

Jolanare, femme tunisienne encore LIBRE.