Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Jeune de 22 ans et simple spectateur d’une scène politique tunisienne en ébullition depuis le mois de janvier 2011, je tenais à me prononcer pour la première fois, alors qu’on attend toujours la proclamation des résultats définitifs, sur le constat d’échec du mouvement progressiste tunisien, auquel j’appartiens, qui semble inéluctable.

Cet échec se traduit par le ras de marré d’El Nahda ainsi que par les scores médiocres du Pôle démocratique progressiste d’Ahmed Ibrahim et du Parti Démocratique Progressiste d’Ahmed Néjib Chabbi et Maya Jribi qui ont, eux au moins, ont fait dignement acte de leur défaite. Cet échec contraste, par ailleurs, avec les moyens mis en place par ces partis ainsi que leur présence lassante dans tous les media aussi bien nationaux que privés.

Cette défaite est sans aucun doute due à l’erreur fondamentale commise par les intellectuels de la gauche tunisienne, à savoir d’aller batailler sur le terrain de prédilection des conservateurs, c’est-à-dire sur des notions telles que la religion, la famille ou encore les valeurs traditionnelles. Cette bataille était perdue d’avance, car le peuple tunisien n’a pas gagné la rue afin de demander l’égalité successorale ou la liberté d’expression des artistes. Les Tunisiens du Régueb sont sortis pour demander un droit au travail, à une égalité des chances, enfin à une vie digne quoi !

C’est à des questions telles que l’emploi, la justice sociale, le modèle économique à venir ou le partage équitable des richesses qu’étaient attendus les partis de gauche. Mais l’attente fut vaine. Ainsi l’ensemble de leur campagne, de leur discours dans les media et des meetings populaires n’ont été axés que sur des attaques gratuites contre El Nahda et qui leur a coûté cher en termes de respectabilité et en notoriété.

Cette stratégie médiocre a alors laissé le champ libre à des hommes politiques naissant pour se distinguer et faire la différence. Ainsi, ces élections ont permis à Hechmi Hamdi de devenir l’inconnu le plus connu. On parle ce soir du fait qu’il soit un suppo du RCD et que c’est les cellules destouriennes qui lui ont fait gagner Al Aridha Al Chaabia. Cela reste à prouver.

Si l’on oubli un tant soit peut ces allégations, on peut avoir une autre vision des choses :

D’un point de vu extérieur son résultat électoral peu sembler des plus étonnants, mais il est, en réalité, très logique si l’on approfondi l’examen de sa campagne et de son programme. En effet, contrairement à tous les autres, Hechmi Hamdi possède une chaîne télé, un espace médiatique à sa disposition qui lui permet de faire sa propre promotion et d’y expliquer son programme. Une analyse sommaire de son programme témoigne du fait qu’il a su aller à l’essentiel. Il a ainsi promit la gratuité des hôpitaux, une indemnité pour tous les chômeurs, les transports en commun gratuits et bien d’autres. Tout cela financé par une fiscalité simple à expliquer au plus commun des mortels. Il est aussi le seul qui ait pris la peine de parler aux citoyens de Sidi Bouzid, sa terre natale, de Kasserine, de Kairouan, des campagnes et des petites localités du Sahel et du nord ouest avec leur dialecte leur vocabulaire contrairement aux autres partis qui se sont contentés du discours bon chic bon genre de la banlieue tunisoise.

C’est alors que si les progressistes veulent véritablement travailler pour le développement de la Tunisie et le bien-être des Tunisiens, ce que j’espère, ils doivent impérativement tirer rapidement les leçons de cette première campagne démocratique et ainsi changer leur discours afin de parler de l’essentiel comme du travail, la santé, l’éducation, l’économie, etc. Ce qui touche le simple citoyen contraint à lutter contre les affres de la vie.

Aussi, espérons qu’ils mettent leurs différends de côté et fassent front commun face aux conservateurs afin qu’il existe en Tunisie deux grands pôles pouvant discuter d’égal à égal et ainsi bâtir ensemble un projet commun de constitution garantissant aux Tunisiens leur épanouissement personnel, leur liberté ainsi que leur droit à la vie digne dans ce beau pays qu’est la Tunisie. N’est ce pas ces valeurs qui résument l’esprit de notre révolution ?

Par Yassine