La diffusion du film Persopolis a engagé la Tunisie dans une sorte de chaos. Une première manifestation a été avortée par la police tunisienne le dimanche 9 Octobre. Les appels à manifester contre cette chaîne ont continué et suite à un appel pour un vendredi « de la colère », des manifestations se sont tenues dans toutes les villes tunisiennes.

Il faut avouer que la diffusion de ce film à cette période « transitoire » et pré-électorale amène à poser un certain nombre de questions sur les réelles motivations de la chaîne Nessma TV, surtout qu’autour de cette chaîne, et des médias tunisiens en général, se posent de nombreuses questions sur l’impartialité et la crédibilité.

Autour de Nessma, de nombreuses affaires ont amené des polémiques. D’abord, son soutien et promotion de Béji Caïd Essebsi dès le mois de février 2011 (iterview part 1, part2, part3). Juste avant que Mohamed Ghannouchi ait annoncé son retrait de la vie politique et soit remplacé justement par Béji Caïd Essebsi le 27 Février 2011.

Rappelons que Tarek Ben Ammar, cofondateur de Nessma TV et principal investisseur de la chaine est le neveu de Wassila Bourguiba, deuxième épouse du président Habib Bourguiba, et proche de Béji Caîd Essebsi.

A l’issue de la nomination de Béji Caïd Essebsi, Moez Sinaoui a été nommé en tant que chargé de la Communication auprès du Premier ministère après le poste de directeur de communication de Nessma TV.

Les relations entre médias, affaires et ancien (et nouveau) pouvoir ne se limitent pas à ces faits. Béji Caïd Essebsi et Foued Mbazzaa, associés d’un bureau d’avocats d’affaire tunisiens ont travaillé pour le Holding de Sakhr El Materi et les trabelsi selon les affirmations de l’avocat Abdennaceur L’Aouini.

Nabil Karoui, PDG de Nessma TV, et son associé Tarek Ben Ammar ont été soutien de Ben Ali et ont appelé ce dernier pour qu’il se représente pour un énième mandat en 2014. Nabil Karoui a déclaré que Ben Ali est « son père » et que ce dernier est le père de la nation. Après le départ de ce père le 14 janvier, qui va protéger tous ses orphelins ?

Depuis le 14 janvier, Nessma a tenu, sans relâche, une ligne éditoriale anti Ennahdha, lors d’un débat avec Abdellatif Mourou, candidat indépendant, la chaine Nessma n’arrête pas d’attaquer ce parti. Youssef Essedik, de passage sur le plateau de Nessma, fait une campagne contre Ennahdha, Si certains observateurs s’interrogeaient sur les vraies raisons de cette ligne de conduite de la chaîne et y voyaient une volonté de laïcisation de la politique ou de la société, d’autres voyaient la chaîne d’un bon œil, décrivant un comportement éducatif et « républicain ».

La diffusion de Persepolis, a été une sorte de goutte qui a débordé le vase de la part de Nessma dans son programme. On s’interroge bien si les personnes qui sont sorties manifester sont manipulées par Nessma, par des « islamistes », ou en ont marre de l’être par cette chaîne.

En même temps, Nabil Karoui s’est positionné comme victime. En témoigne ses déclarations sur les ondes de MosaiqueFM après que des personnes ont saccagé sa maison. Il faut cependant constater que sur 3000 manifestants vendredi 14 octobre, il n’y a eu qu’une bonne centaine de salafistes (en tout cas qui ont en l’apparence). On s’interroge bien pourquoi Nabil Karoui ne mentionne que « les salafistes » ?

De même, on se rappelle de la polémique du début du mois d’août, coïncidant avec le démarrage de Ramadhan, où Tunivisions a publié en couverture les photos du mannequin international Kenza Fourati en petite tenue ou presque nue, des photos qui pouvaient heurter les tunisiens. Le magazine a continué lors de son dernier numéro et s’est défendu de vouloir heurter la sensibilité des tunisiens.

Nizar Chaari, propriétaire de ce magazine, (et par le même type d’hasards que ceux de Nabil Karoui et Tarak ben ammar) est un ancien soutien de Ben Ali. Il est aussi gendre de Aziz Miled, un richissime homme d’affaire proche de Ben Ali et ancien associé de Belhassen Trabelsi (Rappelons-nous de l’affaire Alliot-Marie et de son soutien à la répression policière en proposant le 11 janvier d’exporter le savoir faire de la police française, après avoir passé ses vacances de noël en Tunisie et aidé ses parents à faire affaire avec Aziz Miled.

Bien entendu, à part Sakhr Materi et Belhacen Trabelsi (en doux exil respectivement à Qatar et à Montréal), tous les autres noms cités dans ces paragraphes n’ont jamais été inquiétés par la justice tunisienne, et continuent à mener leurs affaires en toute sérénité.

Alors, RCD, es-tu passé par là ? A vrai dire, après l’exclusion des orphelins de Ben Ali des élections, et même si de nombreux partis politiques issus du RCD se sont crées, ils n’arrivent pas à percer et à rassembler des votants, y compris avec des prêtes noms. Continuent-ils à manipuler les tunisiens à travers les médias qui leur sont proches ?

En attendant d’y voir plus clair, il faudrait que nous tunisiens, nous nous saisissons du pouvoir des mains de Béji Caïd Essebsi et de ses manipulateurs, et le chemin le plus court pour y arriver reste les urnes dans une semaine. Alors, VOTEZ co-citoyens.

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