Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.
Nessma - Encore un buzz islamophobe

Nessma crée à nouveau le Buzz en diffusant cette fois le film controversé “Persepolis” et induisant le pays, encore une fois, à un débat chaud qui s’est projeté en une manifestation qui finit dans la répression et la violence Dimanche 9 Octobre.

Je ne discuterai pas la problématique de la liberté d’expression et ses limites.. J’y reviendrai dans d’autres articles.
Je ne m’attarderai pas sur l’agenda de la chaîne Nessma et j’éviterai de poser la question toute bête “Pourquoi ce timing pour la diffusion de ce film?”.. Je veux pas faire un procès d’intention à une chaîne qui se veut “révolutionnaire” et “moderniste”.

Les faits du 9 Octobre me donnent l’impression désagréable d’un déjà-vu mais je suis interpellé par un article paru sur le monde.fr le jour même qui relate les “faits” en relayant l’AFP.

Cet article remet dans ma tête encore une fois le rôle que les médias français n’ont pas arrêté de jouer depuis le 14 Janvier mais là encore j’éviterai de précipiter des jugements ou de faire des analyses peu-fondées.
J’ai choisi de commenter tout simplement et tout bêtement l’article lui même, à chaud, et comme je l’ai lu personnellement.

LeMonde.fr - Un article, Une lecture

Repri du monde.fr – 09/10/2011

Le siège de la télévision privée tunisienne Nessma a été pris d’assaut par près de 300 salafistes [Faux! La majorité des manifestants n’avaient absolument rien à voir avec les salafistes, si vous aviez fait l’effort de vous déplacer ou de faire le relai sur des sources objectives et fiables vous auriez pu avoir une information plus exacte. Dans les rangs des manifestants, il y avait même des artistes et des étudiants], dimanche 9 octobre, en raison de la diffusion, vendredi, du film Persepolis et d’un débat sur l’intégrisme religieux. “Les salafistes, rejoints ensuite par une centaine d’autres personnes, se sont dirigées vers Nessma pour attaquer la chaîne [Aucune violence n’a été faite et aucun signe ne l’indiquait avant l’intervention musclée des forces de l’ordre]. Les forces de l’ordre sont intervenues et ont dispersé les assaillants”, a annoncé le ministère de l’intérieur.

“Après la diffusion de Persepolis il y a eu des appels sur Facebook à brûler Nessma et à tuer les journalistes [La majorité des appels a été pacifique et a insisté sur ce principe qui fait l’unanimité en Tunisie, mais ceci n’intéresserait pas vos lecteurs!], a raconté le président de la chaîne, Nebil Karoui. Nous sommes habitués aux menaces mais ce qui est grave c’est que cette fois-ci ils sont passés aux actes. Nessma est la chaîne moderniste du Maghreb [Il a oublié que ce pays a toujours été un berceau du modernisme et qu’on n’attendait pas Nessma pour un Islam ouvert et tolérant, l’histoire de la Tunisie musulmane (13 siècles) le prouve, mais analyser et comprendre les spécificités de notre pays semble dépasser la rédaction lemonde], on ne se laissera pas intimider et nous continuerons à diffuser les films qu’on veut. On n’a pas chassé une dictature pour revenir à une autre” [“On a chassé!!!” J’invite la rédaction du monde.fr à consulter les propos de ce Monsieur, devenu soudainement révolutionnaire et porteur de la cause de la liberté en Tunisie, concernant Ben Ali quelques semaines avant la révolution. J’invite aussi la rédaction à consulter le programme de sa chaîne au moment où des Tunisiens se faisaient massacrer à Sidi Bouzid, Kasserine, et Théla]

La police protège désormais le siège de la chaîne. Plusieurs journalistes de Nessma ont fait part de leur vive inquiétude, certains craignant que les autres locaux de la chaîne en région soient également ciblés. Cette attaque menée par des intégristes intervient au lendemain de l’invasion par des hommes armés de la faculté de lettre de Sousse [Faux! Il s’agissait de salafistes, oui mais ils ont protesté pacifiquement pour une cause qu’ils croient juste, ce qui est de leurs plein droit. Bien évidement, demander à un journaliste Français d’écouter leurs discours durant cette manif serait trop exigeant…], après le refus d’inscription d’une étudiante en niqab conformément aux directives gouvernementales [Le journaliste oublie que le pays est en révolution et que les lois de Ben Ali ne sont plus à respecter et que toute limitation de libertés doit résulter d’un conscensus et que seule une entité légitîme et élue par le peuple pourra y trancher].

A 15 JOURS DES ÉLECTIONS [Merci pour le rappel, mais il fallait le dire au directeur de la programmation de Nessma]

Pour une cadre de la chaîne, citée anonymement par l’AFP, cette attaque doit inciter les Tunisiens à se rendre aux urnes. “J’espère que ce genre d’événement va pousser les citoyens indécis à aller voter le 23 octobre, car le danger (intégriste) est imminent” [Vous reportez des propos, je comprends, j’espère que plus loin dans l’article il y aura d’autres personnes de qui vous reporterez des propos différents. En effet, ce n’est pas cette zizanie qui va inciter les Tunisiens à voter et je ne peux que y voir un appel à voter contre une sensibilité (Islamiste en l’occurrence, décrite ici par intégriste)], a-t-elle ajouté. Il s’agira du premier scrutin en Tunisie depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier. Les Tunisiens sont appelés à élire une assemblée constituante, un scrutin où les islamistes d’Ennahda sont considérés comme les grands favoris. [Eh voila! là c’est plus honnête, et “inchallah” cette peur que vous espérez diffuser y changera quelque chose!]

Le parti Ennahda s’était publiquement démarqué des salafistes – dont le parti Tahrir [Bon là c’est franchement une énormité… Faudra peut être commencer par se renseigner sur les fondements idéologiques des différents partis avant de traiter l’actualité Tunisienne] n’a pas été légalisé – après l’attaque, fin juillet, d’un cinéma de Tunis qui avait diffusé un film de Nadia El-Fani sur la laïcité. [Je ne sais pas pourquoi je trouve normal que vous fassiez le lien direct avec l’affaire El-Fani… Bon, il y a aussi un autre lien que vous auriez dû mentionner pour des raisons d’objectivité: Là aussi, c’était de la provocation!] Dimanche, un de ses responsables a condamné cette nouvelle attaque. “On ne peut que condamner ce genre d’incident. Il ne faut pas brouiller les cartes et les gens doivent garder leur calme. Si les gens ont des critiques à faire contre Nessma, ils doivent s’exprimer dans la presse, pas utiliser la violence”, a dit Samir Dilou, membre du bureau politique d’Ennahda, qualifiant ces attaques “d’actes isolés”. Le PDP (Parti démocrate progressiste) a également “condamné énergiquement” l’attaque de Nessma alors que le parti Ettakatol (gauche) a exprimé “sa solidarité” avec Nessma et insisté sur “le droit à la liberté d’expression”.

Une manifestation contre l’interdiction du voile intégral chez les femmes à l’université a donné lieu, dimanche, à des affrontements à Tunis entre policiers et manifestants islamistes qui ont été dispersés par des gaz lacrymogènes [Là encore il fallait préciser que la manif était pacifique et que les violences ont été déclenchées par la police. Bon, je ne vais pas vous blâmer, vous étiez à des milliers de kilomètres, loin du lieu, c’est normal]. Cette manifestation, conjuguée aux récentes attaques [C’est vous qui avez fait cette conjugaison… Cela me fait plaisir que vous retrouviez votre sens analytique!], montre la tension entre islamistes tunisiens et les laïques à l’approche du scrutin. [Cette tension n’existe que dans la tête d’une minorité fanatique qui ramène toujours ce débat pour chauffer et ranimer la peur des Islamistes, et toujours par les mêmes méthodes! Qui sont-t-ils? Vous les connaissez. Vous venez juste, par cet article, de  leur donner un grand coup de pouce!] Quant à Persepolis, dont c’était la première diffusion en arabe dialectal tunisien, il sera à nouveau à l’antenne de Nessma mardi soir. [Et on recommence! J’attends impatiemment votre prochain article. En effet, là aussi il y aura des Salafistes super dangereux armés jusqu’aux dents et je sais que le reste de l’actualité ne vous interressera pas]

 

En lisant l’article et en analysant le débat qui se déclenche d’une manière étrangement régulière depuis le 14 Janvier sur le sujet de l’Islamisme et la laïcité, je ne peut m’empêcher de partager certaines réflexions:

  • La liberté d’expression et ses limites est un débat à entreprendre d’une manière responsable et qui doit, obligatoirement, débaucher sur un consensus national tenant compte des toutes les variantes culturelles et sociales. Passer outre se débat et tenter de forcer le passage et d’imposer une manière de voir les choses à la manière Nessma serait une forme de violence intellectuelle.
  • Les médias doivent être libres et je m’oppose personnellement à toute revendication qui part dans un sens contraire, mais la liberté est un acquit qui doit être associé à une certaine responsabilité: S’attaquer aux symboles sacrés de ce pays n’est en riens une expression de liberté mais une démarche condamnable.
  • Toute forme de violence physique, morale, verbale, ou intellectuelle devrait être condamnée unanimement. Comprendre et assumer que le dialogue et les manifestations pacifiques sont les seules formes d’expression acceptables est indispensable pour le reste du processus.
  • Les évolutions positives et révolutionnaires que notre société a réalisé durant notre histoire moderne ne sont pas le résultat de discours vides ni de lois imposées mais d’un processus de changement progressiste et réfléchit pour lequel politiciens et élites se sont alliés. Provoquer les sensibilités et imposer des visions (quelque soit la nature) ne ramènera aucun changement et ne servira en riens les causes progressistes et modernistes de notre nation. J’invite notre auto-proclamée élite à faire plus d’efforts.
  • Dans un contexte aussi sensible que le notre, un média (privé ou étatique) devrait être porteur de cause et cette cause devrait être en lien direct avec les aspirations du peuple qu’il est censé servir et éduquer.