Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Par Mehdi Chenik

L’intervention de Kamel Morjane sur Mosaique FM à propos de l’attribution de passeports diplomatiques à Ben Ali et sa famille après le 14 janvier 2011 a choqué beaucoup de Tunisiens qui se sont sentis trahis par Morjane et les gouvernements post-révolution. En effet, les explications données par cet homme sur la délivrance de ces documents à nos bourreaux ne sont guère convaincantes et l’arrogance avec laquelle il a présenté les faits est choquante et provocante. C’est une trahison pour la révolution et pour ceux qui se sont sacrifiés pour ce pays.

Les faits reprochés sont graves car ils démontrent que lui et ses amis sont encore attachés à Ben Ali et au RCD. Pire, il a le culot de se présenter en victime de la révolution. N’oublions quand même pas que Morjane, de par sa position dans le gouvernement de Ben ali et au RCD, a participé à l’un des régimes les plus répressifs et corrompus au monde. De plus, son histoire d’invitation par le président de l’OUA à participer au déroulement des élections au Congo est une farce. Cette invitation émane de l’un des présidents les plus corrompus et plus répressifs au monde l’équivalent de Ben Ali (peut être en pire) de la Guinée équatoriale (solidarité entre régimes dictatoriaux).

Mr Morjane GAME OVER, vous avez cru comme beaucoup d’autres que vous que Ben Ali et son système étaient éternels et vous n’avez jamais eu le courage de les critiquer ou de les dénoncer. Bien au contraire vous avez continué à les servir bien après la révolution. Vos Ayez au moins le courage de vous excuser auprès des Tunisiens et surtout auprès des nombreuses victimes de ce système. C’est indécent !!!

Aujourd’hui, Kamel Morjane, son parti et les partis satellites du RCD constituent un des risques majeurs pour notre révolution. Il apparaît de façon claire que le RCD et les hommes de Ben Ali n’ont pas changé et ils ne changeront jamais. Leur but est de défendre leur système mafieux et de se maintenir au pouvoir pour préserver leurs privilèges illégalement acquis durant les 23 ans de Ben Alisme. Ils ont réussi tant bien que mal à le faire grâce aux gouvernements post 14 janvier qui les ont protégés (et se sont auto-protégés) pendant les neufs mois de pouvoir. Dommage ces gouvernements auraient pu entrer dans l’histoire de notre pays en accédant aux revendications légitimes du peuple Tunisien basées essentiellement sur la lutte contre la mafiocratie et la médiocratie. Nous avons été bernés par ces dirigeants « non élus et provisoires » dont la plupart ont fait partie de la cour rapprochée du dictateur.

Dès le 14 janvier 2011, ils ont freiné ou bloqué tous les processus menant à la démocratisation du pays notamment dans les domaines de la justice et de la presse. Le paysage médiatique d’avant 14 janvier est resté inchangé et la justice est quant à elle totalement incompétente et sélective. Aucune réforme n’a été entreprise dans ces deux domaines de peur de déstabiliser et de neutraliser le système de ZABA. Il est clair aujourd’hui que le but de ces gouvernements était de faire porter le chapeau uniquement au couple Ben Ali, aux Trabelsi et à leurs familles. En revanche, le clan de la première femme et les proches des gouvernements post 14 janvier ont été de façon inexpliquée innocentés, épargnés et mis à l’abri à l’étranger. Les Tunisiens ne sont pas dupes cependant ils sont conscients que seul un gouvernement légitimement élu pourra réussir le démantèlement du système Ben Ali-RCD et ainsi engager le pays sur la voie de la démocratie. Cette phase de reconstruction sera longue et difficile, elle devra concerner l’ensemble des secteurs du pays infestés par les serviteurs de Ben Ali et de sa mafia. L’implication active du gouvernement, des partis et de l’ensemble du peuple tunisien est capitale pour la réussite de cette étape clé.

Pour l’instant seul ETTAKATOL a immédiatement et vivement réagit aux propos de Kamel Morjane en qualifiant justement celui-ci de traître à la révolution. Cette réaction n’est pas étonnante car rappelez vous au lendemain de la révolution ce parti avait refusé de siéger dans un gouvernement où la plupart des ministres de Ben Ali avaient été reconduits. Espérons que les autres partis suivront…