SidiBouzid - Centre Ville
Par : Kerim Bouzouita

Le sang a coulé à Sidi Bouzid mais que les fleurs ont éclos à Carthage…“, 8 mois après la chute du tyran, à Sidi Bouzid, c’est ce sentiment qui domine le quotidien.

Ici, il n’y a pas de “jasmin”, mais il y a une foule de gens : jeunes, vieux, hommes et femmes qui attendent et espèrent devant la municipalité qu’aujourd’hui,peut-être, il y aura du travail pour eux.

Chantiers publics, cueillettes, nettoyage, tout est bon à prendre, 8 dt, 10 dt ou 15 dt la journée pour les plus chanceux. Et à Sidi Bouzid, c’est comme ça tous les jours…Un autre vendeur de fruit s’est appropriée la place préférée de Mohamed Bouazizi.

Pendant ce temps-là, à 265 km au Nord, Tunis et sa banlieue cueillent les fruits de la révolte. Les chanteurs mauves s’engraissent à coup de gros cachetons en chantant la révolution du 14 janvier. les scénaristes et les publicitaires du Ramadan récupèrent maladroitement et sans aucune pudeur la révolution du 14 janvier.

SidiBouzid - Centre Ville - Emplacement préféré de M.Bouazizi
Puis les pires, les indécents, les ambitieux récupérateurs avides de pouvoir : les politiques. Ceux-là même qui ont envahis l’espace public avec leurs campagnes publicitaires omniprésentes.

J’accuse le PDP, Ettakattol, Ennahdha, et l’Union Patriotique Libre qui à coup de grosses liasse billets… des dizaines et des dizaines de milliards de nos millimes – dont ils préfèrent taire les sources – ont transformé le débat socio-politique en un concours d’affiches et de spots vidéo sanctifiant le 14 janvier.

J’accuse ces partis d’incompétence, et d’arrivisme parce qu’ils ont investi des milliard en image de marque et n’ont pas investi un sous pour les fils de Sidi Bouzid. J’accuse les plus vicelards d’entre eux avec leurs associations de bonne charité (le PDP et Ennahdha) de faire perdurer l’esprit du charitisme opportuniste ou bourgeois qui s’achète des voix ou une bonne conscience contre des cartons de biscuits et de vêtements négociés dans une friperie.

Détrompez-vous, el bouzidi ne veut pas de votre charité, il n’est pas non plus paresseux. Il veut travailler, gagner de quoi survivre et rêver d’un meilleur avenir pour ses gosses. C’est ainsi, el bouzidi meurt toujours debout…Et sur les murs de sa ville, il nous rappelle que c’est la révolution de la liberté et de la dignité du 17 décembre, et non pas du 14 janvier.

Parce qu’au fond, il a raison, c’est le 17 décembre que le cours de l’Histoire a changé…

SidiBouzid- Centre Ville 25/08/2011

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Publié initialement sur : Read Write World