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Par Farah Hached

Les régimes successifs ont compilé nos vies dans des dossiers (avec parfois des informations erronées) qui constituent aujourd’hui les archives de la « police politique ». Ces archives nous déshabillent dans notre plus profonde intimité, les opinions des citoyens y sont décortiquées, certaines malversations y sont détaillées.

Où sont ces archives ? Dans les caves de quelles institutions ? Est-ce que les archives de la police politique sont sous bonne garde, protégées contre la destruction ou les utilisations frauduleuses, comme le chantage ou les pressions politiques ?

La réponse est non. Des archives ont été détruites, d’autres ont été subtilisées. Elles servent à faire pression sur les citoyens ou à être opportunément utilisées selon les circonstances et selon l’agenda politique ou financier de celui qui a réussi à les obtenir.

N’est-il pas temps qu’une autorité indépendante soit instituée pour réunir ces archives et les protéger ? N’est-il pas temps que des procédures adéquates (y compris informatiques) soient mises en place ? N’est-il pas temps que le citoyen lambda ait accès à ses dossiers s’il le souhaite, qu’il puisse demander la destruction des données relevant de sa vie privée et qu’il ait un droit de rectifier ses données publiques ?

Si ces dossiers peuvent parfois être justifiés pour des raisons de sécurité, ils doivent être gérés de façon rationnelle et réglementée. Ils constituent la mémoire de notre pays et notre pays a le droit de recouvrer la mémoire.
Les pays qui n’ont pas voulu faire un travail de fonds sur cette question n’ont pas réussi leur transition démocratique. L’histoire parle d’elle-même.

Parce que nous pensons qu’il s’agit d’une étape essentielle de la transition démocratique, nous nous sommes constitués en association afin d’organiser plusieurs évènements sur ce sujet des archives de la police politique et sensibiliser les citoyens.

Dans ce cadre nous avons lancé un concours artistique sur le thème « Police politique et transition démocratique » à destination de tous artistes tunisiens ou résidants en Tunisie. Les disciplines invitées à concourir vont de l’art vidéo à la musique en passant par le dessin, la sculpture et la danse.

Les artistes, qui doivent envoyer leurs œuvres et leurs dossiers d’inscription avant le 25 août 2011 14H, seront exposés à Tunis, ainsi que dans plusieurs autres villes tunisiennes et à l’étranger, lors d’évènements scientifiques et culturels. Tous les détails du concours ici.

Pendant plusieurs décennies, et sous les deux dictatures, nous avons été hantés par le spectre de la police politique et des informateurs de toutes sortes, appartenant au Parti ou « âmes bienveillantes ». Même chez soi, avec sa famille ou ses amis, on cessait toute discussion politique si une des personnes présentes entamait une conversation téléphonique par peur des écoutes téléphoniques.

Il est temps qu’aujourd’hui, nous puissions dessiner, danser, sculpter… bref exprimer tout ce que nous pouvons ressentir sur la police politique et enfin la démystifier.