Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Après les déclarations bouleversantes et graves de Mr. Rajhi postées sur Facebook, et l’émoi qu’elles ont suscité auprès des citoyens, nous avons été attentifs à toutes les “révélations” désinformations et autres intoxications, de part et d’autre. Le clou du spectacle devant être, évidemment, l’intervention de Mr. Beji Caid-Essebsi de dimanche 8 mai.

Tout d’abord, je voudrais relever un point important qui semble avoir échappé aux commentateurs (volontairement ou involontairement) : visionnant la vidéo postée sur Facebook, outre les déclaration de Mr. Rajhi, j’ai été choquée par l’irrespect de toute déontologie de la part des deux journalistes.

Mr. Rajhi avait clairement demandé que ses déclarations ne soient pas enregistrées, ce à quoi la pseudo-journaliste a consenti, alors qu’elle faisait semblant. C’est tout simplement scandaleux, indigne et irresponsable. Dorénavant tous les politiciens se méfieront des journalistes par peur d’être piégés à leur tour. Voilà où mène l’amateurisme des rejetons de l’IPSI! Quelle honte!

Cette réserve peut être déjà constatée dans la disposition des sièges lors de l’intervention de Mr. Beji Caïd-Essebsi ce dimanche 8 mai : il se tient à bonne distance et le message est sans ambiguïté: Messieurs-Dames les journalistes, vous êtes des pestiférés!

Concernant votre prestation, Monsieur le Premier Ministre du gouvernement de transition, je trouve inadmissible le ton hautain avec lequel vous vous êtes exprimé. Si vous avez réclamé la présence des journalistes, c’est parce qu’ils sont, bon gré mal gré, le véhicule à travers lequel vous faites porter votre voix auprès des citoyens. Ce ton irrespectueux reflète tout le bien que vous pensez du peuple, j’allais dire populace.

D’autre part, la raison avancée pour expliquer le renvoi de Mr. Rajhi est on ne peut plus ubuesque. Que Mr. Rajhi fût un novice, tout le monde l’admet. Nonobstant, cela ne l’a pas empêché de faire un bon travail en mettant de l’ordre dans son Ministère, et en calmant le peuple. S’il y a eu débordements de la police pendant son mandat, que dire de ceux que vient de vivre Tunis sous l’autorité de votre homme, Mr. Essid? Le devoir de Mr. M’bazaa, suivant votre logique, serait de vous démettre tous les deux à votre tour!

Ensuite vous dites que Mr. Rajhi est irresponsable, entre-autres parce qu’il a remplacé un haut responsable du service de sécurité -alors qu’il agissait dans le cadre de ses prérogatives et dans son Ministère- sans vous consulter. Une petite faute s’il en est, et à laquelle vous auriez pu remédier en prodiguant à Mr. Rajhi quelques bons conseils et le faisant bénéficier de votre expérience… alors même que vous estimez ne rien devoir, ni consulter pas plus que communiquer, avec la Commission de Mr. Yadh ben Achour avant de démettre Mr. Rajhi. Vous vous arrogez des droits que vous niez aux autres. Ne dirait-on pas que la mosquée se moque de la sadaqa?

Cet autoritarisme que vous déployez, la Tunisie n’en veut pas. Je suis tentée de dire que vous confondez l’état, et le prestige de l’état avec votre propre personne.

Monsieur le Premier Ministre du gouvernement de transition, il serait temps de vous réveiller de votre songe. A votre âge on comprend que vous ayez pris des plis et qu’ils sont difficiles à changer. Cependant, la Tunisie a beaucoup changé, et au lieu de l’accompagner dans cette phase, ce sont vos anciennes pratiques qui vous rattrapent. N’espérez pas que le peuple craigne votre personne, ni le gouvernement auquel vous appartenez.

Le peuple n’a pas peur, sachez-le, il est pacifique et veut un dialogue. La réponse disproportionnée de votre police, car ce n’est pas la nôtre, vous accuse plus que quiconque, de vouloir instaurer une nouvelle dictature. Vous allez déchanter. Nous ne vous laisserons pas faire car il ne s’agit pas de vous ni de redorer votre blason. Il s’agit de l’avenir de tout un peuple et de tout un pays. Cet avenir ce n’est ni vous ni vos alliés qui en détenez la clé. C’est la jeunesse de ce pays qui reçoit vos coups de matraque, et qui vous l’arrachera des mains.

Alyssa