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Une embarcation d' immigrés tunisiens acostée par la Gendarmerie italienne au port de la ville de Lampedusa

Apres la première vague de bateaux clandestins tunisiens, le gouvernement italien avait proposé de déployer ses policiers sur le territoire tunisien pour contrer le phénomène. Le gouvernement de transition tunisien a qualifié cette idée d'”inacceptable”, réponse bien comprise par Rome qui propose ensuite une aide d’urgence de 5 millions d’euros, tout en rappelant à ses amis européens de mettre la main à la poche. Devant cette “invasion” inattendue, comme disent quelques médias, les dirigeants européens n’ont comme unique choix d’aider le gouvernement tunisien à gérer ses 1 298 km de côtes.

Si on se penche bien sur la question : la résolution du problème serait-elle seulement le bon équipement de la police maritime tunisienne, le renforcement de la surveillance des côtes, ou n’importe quelle autre solution répressive ayant pour simple but de bloquer les arrivées indésirables. À court terme la réponse est oui, on ne verra plus ces débarquements en masse comme ces derniers jours. Mais est-ce suffisant pour garantir aux européens que le même scénario ne se reproduise pas d’ici quelques temps? Car il faut bien savoir que ces jeunes qu’on empêchera de d’aller vers le Nord continueront de rêver de L’Europe tant qu’il n’auront pas de travail, garantie de la dignité tant criée lors de la Révolution Tunisienne (que les médias occidentaux continuent de la qualifier maladroitement de Révolution du Jasmin pour faire joli dans le bouquet avec les œillets portugais!). Pendant des années le gouvernement de Zaba a plus ou moins réussi à ne pas dépasser les quotas en terme de clandestins promis aux européens, mais son système corrompu s’est déclaré incapable de trouver des solutions durables pour réduire le nombre de candidats à la “harga”.

La réponse de ce phénomène ne se trouve sûrement pas dans la solution répressive qui sera menée par le gouvernement qu’il soit de transition ou pas . Il faut donc que les Européens comprennent que leurs “aides d’urgence” en millions d’euros vont peut être aider à ne pas voir ces images à la télé, des bateaux inondés de jeunes désespérés qui pointent une direction: le Nord.

Mais pire, ces millions serviront à acheter des matraques et d’autres matériel de répression et moyens de maintien de l’ordre (que Mam livrera le plus tôt possible car la commande de Zaba s’avère très gênante dans son stock) pour maintenir cette fois ci le calme en Europe qui ne verra pas ces milliers de Maghrébins dans ses rues.

Il est dans l’intérêt des Européens que les choses tournent bien en Tunisie. L’Europe doit apprendre après son aveuglement face au malaise social pourtant si proche sur l’autre rive de la méditerranée. Il faut investir en Tunisie, et il n’est pas question de ces crédit minés qui ne font qu’élargir cet écart entre le Sud et le Nord. Il faut une solution de fond qui répond aux exigences d’un peuple culturellement ouvert sur l’Europe et qui a pour délit une surqualification de sa jeunesse! Ça serait vraiment stupide de rester aveugle et de ne pas profiter de ce contexte actuel et mener une stratégie pour une coopération qui projette un vrai développement économique de la Tunisie. Ce développement durable est le seul argument qui pourra convaincre tous ces jeunes de rester au Bled et de ne pas risquer leurs vies en plein mer.

La” belle au bois dormant” doit se réveiller de son sommeil car ce n’est plus la même histoire et le “grand méchant loup” a faim.

MAN