Campagne créative qui émane de l'initiative personnelle d'une créative en agence de com et qui appelle tourisme engagé. via Les coulisses du Buzz

Par Monia Jaafar et Ali Gargouri

Nos précédents articles portant sur la participation chétive de l’ONTT aux divers Salons à Paris et la relance du tourisme tunisien à Lyon via Borhène Ben Ali, proche de « l’artisan du changement », en tant que représentant de l’ONTT ne sont ni du sensationnalisme ni des critiques pour le plaisir de critiquer mais un coup de pied dans la fourmilière qu’est le secteur du tourisme tunisien.

L’ère du mutisme, de l’approbation unanime de l’«excellence » et de l’immobilisme est révolue, n’est-il pas ? Aujourd’hui, simples citoyens que nous sommes, nous appelons à une refonte de ce secteur :

A court terme, il s’agit de colmater les brèches :

– Assurer tout d’abord un climat de sécurité infaillible (le caillassage du cortège de voitures d’ambassadeurs lors d’une opération de charme initiée par le Ministère du Tourisme n’est pas anodin). La stabilité sur l’ensemble du territoire est essentielle pour relancer la destination (les troubles internes doivent être aplanis, l’enlisement de la situation libyenne peut être perçu comme source d’instabilité).

– Mobiliser tous les intervenants de ce secteur : l’heure est grave et à l’union des forces. Certains professionnels traînent des pieds pour s’engager invoquant un gouvernement provisoire. Le gouvernement est certes provisoire mais la Tunisie est éternelle, il s’agit pour l’intérêt de tous (FTAV, FTH, artisans, ts les prestataires de services dans ce domaine) de joindre ses efforts à la relance de la Tunisie.

– Organiser des opérations de Relations publiques exceptionnelles et communiquer à l’unisson sur la nouvelle Tunisie via voyagistes et TO. Un festival du Jasmin et de la Liberté du 14 Juin au 14 Juillet 2011 initié par les Ministères du Tourisme et celui de la Culture est prévu et auquel seront conviés des journalistes étrangers.

Des packages « Celebrate the New Tunisia » vont être commercialisés par les TO. Amplitravel et Marmara, deux TO sur le marché français lancent des campagnes de publicité ciblées « Tunisie : paradis des enfants » et « la Tunisie, on gagne à y aller » avec des actions promotionnelles.

Dans le métro parisien, affiche publicitaire du tour opérateur Marmara qui propose un séjour pour deux à moins de 300€ vol compris.

– Lancer une opération de séduction d’envergure dirigée vers l’éternelle « 5ème roue du carrosse » : le « touriste » tunisien résidant toute l’année en Tunisie (inutile de préciser la générosité du vacancier tunisien). Qu’il soit accueilli désormais aussi bien que le visiteur étranger.

Ce sont quelques réflexions pour la relance immédiate de la destination. Il n’en demeure pas moins qu’à moyen terme, la refonte du tourisme tunisien est une nécessité. Au 10 Mars 2011, la Tunisie a enregistré une baisse de 41% de ses recettes en devises, de 60% de ses nuitées et de 42% de ses entrées touristiques. Cette baisse est une conséquence directe de la Révolution qu’a connue notre pays mais bien avant le 14 Janvier 2011, le tourisme tunisien boitait et voyait une baisse de ses marchés stratégiques.

Le produit touristique tunisien doit être redéfini.

Élargir l’éventail de l’offre en étudiant au plus près les besoins des divers marchés. « Ne plus bronzer idiot » mais permettre au visiteur de vivre une aventure humaine inoubliable. Décliner les multiples facettes du tourisme tout au long de l’année en investissant dans le terroir et le tourisme authentique (écotourisme, séjours thématiques, gastronomiques,etc..). Par conséquent, varier les cibles.

Le repositionnement de la destination :

bradée, destination réduite à ses plages en haute saison, la Tunisie doit absolument couper avec cette image « cheap », une fois le produit touristique redéfini.

La formation :

tous les métiers du tourisme doivent être basés sur une formation solide de qualité. Que les prestations d’un 5 étoiles tunisien répondent effectivement aux prestations d’un 5 étoiles tokyoïte !

La réorganisation du dispositif institutionnel :

– l’ONTT : Doit renaître de ses cendres en dépoussiérant ses bureaux, ses agents et ses actions ! Que ses représentants ainsi que les CRT (Commissaires Régionaux au Tourisme) soient nommés sur la base de la méritocratie et non l’allégeance au pouvoir ! Que l’ensemble des Directions existantes dans l’organigramme de l’ONTT soient impliquées dans la refonte de ce secteur. Que les CRT évaluent les potentialités de toutes les régions de fond en comble afin de commercialiser des paradis jusqu’ici cachés.

– La FTAV : que les agences de voyage oeuvrent pour la découverte et la commercialisation d’une nouvelle Tunisie et ne se limitent pas à faire le réceptif de TO étrangers et de la billetterie !

– La FTH : que les hôtels évitent de « tenir en otage » les touristes au sein de leur établissement et interagissent avec leur environnement ! Que leur politique d’allotements soit revue ! Que le parc hôtelier soit enrichi par des structures répondant à une demande variée (auberges de jeunesse, maisons d’hôtes,etc…).

– la FTGAT (Fédération Tunisienne des Guides Agréés de Tourisme) : lutter contre les « intrus », des escrocs qui ternissent l’image de la profession et remise à niveau constante des connaissances des guides.

– Création d’une instance INDÉPENDANTE de contrôle qualité :

Composée d’un représentant de tous les prestataires de service dans le domaine (agences de voyage, hôteliers,restaurateurs, agences de location de voiture,etc) ainsi que de particuliers tunisiens et étrangers, utilisateurs de ces services. Cette instance veillera parallèlement aux dispositifs déjà existants de contrôle de signaler tout manquement en la matière.

– Moderniser notre artisanat :

Que nos produits soient empreints de créativité, d’originalité et de tunisianité ! Que les statues africaines et les grigris « made in China » disparaissent de nos étals !

– L’utilisation d’un marketing agressif et exploitant tous les supports notamment le numérique :

Inconcevable qu’en 2011, la Tunisie ne soit pas présente massivement sur le net alors qu’elle doit en grande partie son affranchissement à ce média !

Cette réflexion n’est pas exhaustive mais le recadrage de notre offre par rapport à la demande est essentielle pour la transformation de ce secteur et la venue d’une clientèle pertinemment ciblée. La Tunisie est si belle, que tous puissent profiter de sa beauté réelle ! « Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage ! » écrivait Du Bellay, que nous puissions faire des heureux comme lui !