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Trad : "Si vous revenez, nous revenons"

Par Fatma Bouamaied Ksila

Il se passe des choses dans les sphères décisionnelles de la nouvelle Tunisie du 14 janvier, des choses qui laissent tout tunisien dubitatif quant aux décisions, résolutions et nominations prises et déclarées ces derniers temps….. Et ce doute se transforme en crainte devant tant d’indices qui traduisent d’une part une volonté nostalgique de l’ère benaliste et d’autre une incapacité réelle à répondre aux attentes légitimes de notre révolution dans cette phase décisive que vit notre peuple.

Comment ne pas craindre l’avenir quand nos décideurs à savoir le gouvernement provisoire actuel et ses proches collaborateurs, choisissent la petite politique devant les exigences extraordinaires qu’impose la révolution ! C’est le cas lors de la vague de nominations des délégués dans les différentes régions de la Tunisie, lorsqu’ils se sont contentés du maintien dans leurs fonctions de la majorité des anciens délégués benalistes en les confirmant dans leurs postes actuels ou en les déplaçant vers d’autres lieux…. Notre Tunisie profonde gorge pourtant de compétences dans tous les domaines, des jeunes et moins jeunes diplômés qui ne demandent qu’à servir leur pays….Le même esprit a conduit d’autres nominations enregistrées dans les domaines de la sécurité et la justice, en faisant toujours appels aux Hommes de Ben Ali….Ignorent-ils que leurs prédécesseurs ont été déchus de leur fonction pour, entre autres une telle politique !

Et l’insulte continue encore lorsque ces Hommes décident de remplacer le Conseil National de protection de la Révolution, alors qu’un consensus national a été assuré autour de cette instance, pour une Haute Commission, dont les membres ont été désignés sans la moindre concertation …. Et dieu seul sait sur quelles bases et selon quels critères ces choix de personnes ont été faits !!

Ainsi quelques Hommes, qu’un concours de circonstances a mis sur la route de la nouvelle Tunisie décident d’être les portes-paroles de la révolution et d’agir comme si le pays leurs appartient et agissent en conséquence ! Le sang de nos enfants n’a pas coulé pour cette petite politique.

Personnellement j’avais des craintes et en suivant les différentes réactions des uns et des autres, dans différents espaces d’échanges qui ont tous tiré la sonnette d’alarme quant à l’avenir de notre révolution, mon inquiétude s’est renforcée.

Tout d’abord, pour le rôle extraordinaire que jouent des Hommes d’ombre qui mènent la barque d’une main de maître comme ils l’ont fait les six premières années du règne de Ben Ali, lorsqu’ils étaient aux commandes du pays à faire et à défaire les gouvernements du dictateur et l’ont épaulé dans les années noires de la Tunisie . Ces Hommes, sont non seulement de retour, mais agissent comme jadis en seuls chefs des lieux.

Serait-il, par conséquent un hasard si leur retour coincide avec le départ du juge Rajhi du Ministère de l’Intérieur et les zones d’ombre qui ont carctérisé cette affaire ! Et le retour galopant des arrestations arbitraires qui touchent nos jeunes révolutionnaires ( et personne d’autres) et de la pratique de la torture dans les différents postes de police ! Sans parler des anciens mercenaires de Ben Ali qui ont été appelés à occuper des postes clés dans les différents domaines de la vie politique et notamment la presse, l’appareil judiciaire et l’administration tunisienne……

Un autre problème s’impose et qui consiste en ces Hommes de savoir auxquels Ben Ali a fait appel, un jour avant son départ, des compétences et des valeurs sûres pour le pays…. Seulement ont-ils jamais été des Hommes politiques, ont-ils de près ou de loin la moindre expérience de l’appareil politique et de ses rouages…. Autrement dit sauront-ils faire face à cette situation inédite que traverse notre pays…. Jusqu’à maintenant les réponses ne sont pas au RDV.

Cet handicap se manifeste dans le rapport établi avec la jeunesse révolutionnaire de la Kasbah, avec qui un seul langage a été établi, celui de la matraque et de la répression, tournant le dos à cette profonde aspiration populaire à un changement radical dans la pensée politique et les méthodes entreprises jusqu’à aujourd’hui.

Il est évident que le manque et même l’absence de confiance exprimée par la jeunesse tunisienne ne sont pas fortuits et résultent d ‘un constat véridique partagé par un grand nombre d’Hommes et de Femmes de la société civile tunisienne….

Et c’est la raison pour laquelle nous disons : Non et mille fois non, notre liberté, chèrement acquise, est trop précieuse pour les regarder sacrifier notre révolution sans rien faire !

Paris, le : 30 Mars 2011