Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

A travers les publications de ces jours, nombreux sont les commentaires sur la religion, sur la politique et sur la laïcité.

Les uns écrivent et d’autres partagent … Les uns rédigent et d’autres commentent … Les uns soutiennent et d’autres s’opposent. Tout ceci pour dire que cette nébuleuse est complexe, et qu’il arrive que les différents points de vue, donnent naissance à une série de divergences entre amis ; divergences de principes, d’idées, de phrases, de mots et même de ponctuation !

A ce sujet, plusieurs constats : primo, les questions évoquées de religion, de politiques et de laïcité sont noyautées l’une dans l’autre et donnent du fil à retordre pour les séparer. Secundo ces questions font la une dans plusieurs journaux notamment étrangers. Et tertio, ces questions dépassent à mon avis les échéances tunisiennes des élections annoncées.

Dans un débat d’idées, je pense que le temps est venu pour commencer à en parler…
Et pour démarrer, voici mon avis … celui d’un citoyen ?

A propos de religion

Je pense que le débat religieux est important pour approfondir sa relation avec Dieu. Comprendre les textes, le sens des mots et les paraboles donnent à la religion des fondamentaux de vie et par delà servir à construire une philosophie et des principes intemporels.

De ce point de vue, un parti politique dit religieux aurait à mon sens du mal à dessiner des solutions … justement du fait du caractère intemporel de la religion. Un parti politique qui prêche pour une religion donnerait peut être de la bénédiction … mais certainement pas de solutions pratiques et adaptées à la situation ; auquel cas il sortirait de ce cadre religieux sur lequel il tire son label et devient à mon sens fallacieux.

A propos de politique

Que veux dire « politique » ? Des débats de plus de 50 ans en Tunisie et des évènements internationaux ont fait de ce mot un ancrage à manipulation, à trahison, à corruption et à bien d’autres vocables négatifs. Or, ce mot revêt à mon sens une tout autre signification.

Je le comprends comme étant le sens donné à la compréhension de la vie, à son organisation et à ses projections. La manière d’éduquer des enfants, la manière de gérer la santé, la famille et les loisirs, l’économie et les budgets, sont autant de sujets qui déterminent notre manière de voir le cheminement de notre vie.

Certains d’entres nous souhaitent une ouverture, alors que d’autres font le choix légitime de réserve. Et c’est ainsi que des courants d’idées se construisent et donnent naissance à des partis politiques, et qui donnent à leur tour des idées et des programmes. Dans ces programmes, le court terme est important pour mieux vivre, le moyen terme est essentiel pour mieux travailler et le long terme est fondamental pour simplement espérer.

Quant à la Liberté, à la Justice et à l’Egalité, je pense que ce sont des fondamentaux universels qui ne sont pas sujet de politique. Ils émanent de la société civile, de l’action citoyenne et je pense que leur construction est une œuvre qui à commencer à être ciselée à partir du 15 janvier 2011, le jour où dans toute la Tunisie, chaque voisin à protéger son voisin de la peur, de la violence et de l’anarchie.

A propos de laïcité

Sujet complexe … Mais, quand bien même notre culture, notre langue, et notre surmoi freudien sont pour la large majorité des tunisiennes et des tunisiens dans une construction arabo musulmane, quand bien même nous avons été sevrés par Ramadhan et par un appel à la prière cinq fois par jour et quand bien même nous avons des traditions de naissance et de mort, de fête et de douleur, de rires et de pleurs baignées dans un terreau tuniso-tunisien, nous restons aussi ouvert à la diversité, à l’échange et à l’ouverture avec le Monde qui nous entoure.

L’éveil critique et curieux nourri par les études et l’apprentissage fait par chacun d’entre nous est une réalité bien ancrée en Tunisie qui laisse à notre identité déjà bien construite des portes ouvertes à une logique d’amélioration, à une universalité scientifique et à une ouverture sur des cultures bien différentes de la notre. Je pense que la question de laïcité est une réalité qui autorise chacun d’entres nous à partager, à intégrer et à enseigner des règles améliorant la vie en générale, quelque soit les convictions religieuses de la personne qui les propose.

En conclusion

Sans prétendre tenir la vérité par son bout, et comme le dirais John Keating dans le film « le cercle des poètes disparus » : On lit ou on écrit non pas parce que c’est joli. On lit et on écrit parce que l’on fait partie de l’humanité et que l’humanité est faite de passions. C’est pour dire que nos divergences sur la politique, sur la religion et sur la laïcité sont de nobles poursuites et elles sont nécessaires pour construire notre démocratie. Mais en fait, la Dignité … la Liberté et l’amour de La Tunisie sont des principes encore plus forts pour lesquels nos martyrs sont morts … et nous … c’est aussi pour ces mêmes principes de Dignité, de Liberté et d’Amour pour la Tunisie que l’on vit !