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Par Sadok Ouaghlani.

Dans les pays arabo-musulmans, depuis leurs indépendances ; les dirigeants n’ont laissé aucun espace de liberté à leurs peuples : ils ont muselé la presse, éradiqué l’opposition, emprisonné les opposants et liquidé les plus dangereux.ils ont construit des systèmes sur mesure d’où ils pouvaient donner libre cours à leur avidité pour asservir leurs peuples et les saigner au sens propre et figuré du terme.ils ont fait main basse sur tout ce qui rapporte en s’accaparant le pouvoir absolu et en pillant les richesses de leurs nations. Ils n’ont laissé aux populations que le choix de se taire ou d’applaudir (moyennant récompense) ces « dieux » autoproclamés après Dieu que sont nos dirigeants, rois soient-ils ou présidents, de l’atlantique au golfe persique.

Mais un grave problème se pose à leur étroit esprit, ils se prennent pour des dieux certes, mais ils ne peuvent pas supplanter DIEU l’éternel ni son prophète Mohamed. Devant cette difficulté gigantesque, qu’il leur fallait surmonter pour assoir leur dictature et continuer à piller tranquillement les richesses de leurs pays, ils se sont parés des habits et des apparences des meilleurs de nos croyants afin de tromper leurs peuples et cacher leurs véritables intentions.

Une exception mérite d’être signalée tout de même : il s’agit de Bourguiba qui dans les années 1959 -1960 a osé poser clairement le problème de l’influence de la pratique religieuse, sur l’économie d’un pays fraichement indépendant, sous développé et qui souhaite sortir de cet état où il se trouvait. Nous lui devons encore la libération de la femme, l’abolition du « waqf », l’intégration de l’enseignement religieux dans le système scolaire national… . Il a même osé remettre en question la pratique du Ramadhan pour son action négative sur la productivité des travailleurs .Il était le seul dirigent Arabe à proposer une interprétation dynamique de l’islam né il y a 14 siècles ; pour aborder la situation économique et sociale de son pays en cette deuxième moitié de 20éme siècle .Le levé de bouclier dans le pays et dans le monde arabo musulman était tellement fort qu’il a du reculer. En Arabie Saoudite il a été traité d’apostat.

Subrepticement les dirigeants ont facilité la construction de mosquées et encouragé leurs concitoyens à les fréquenter. Le message sous-jacent est le suivant : peuples occupez vous de vos âmes et gagnez votre paradis ; nous nous occupons de votre vie sur terre. N’est-il pas dit que la vie dans l’au-delà est meilleure que la vie terrestre alors « circulez y a rien à voir ».Les peuples face à ces blocages de toutes parts, se sont engouffrés dans la seule brèche de liberté qui leur restait et au fil du temps, petit à petit, les mosquées se sont remplies ; les femmes se sont voilées en plus grand nombre et le nombre des barbus a considérablement augmenté. L’islamisme est devenu la seule voie pour exprimer son opposition politique face à des dictatures implacables.

Seulement le recours du peuple à cette pratique religieuse a pris deux orientations opposées: la première concerne la grande majorité silencieuse et probablement de bonne foi et qui se traduit par une résignation, un abondant de la lutte « al istislam »:le musulman remet son sort entre les mains de Dieu et opte effectivement pour le paradis au détriment de sa vie sur terre qui n’est qu’un passage et au détriment de sa liberté. L’islam ne préconise-t-il pas d’obéir à Dieu au prophète et aux dirigeants du peuple. Et le deuxième groupe ne se soumet pas sans combattre et instrumentalise sa pratique religieuse pour en faire un mouvement politique de résistance face aux pouvoirs qui le dirigent. Ce groupe reste une minorité politiquement active et qui essaye par tous les moyens de puiser dans la grande masse silencieuse afin de renforcer ses rangs. Ce militantisme se réclame du jihad islamique originel avec tout ce que cela comporte d’arguments spirituels et de manières violentes si nécessaire. Et c’est là où réside la contradiction avec les préceptes de l’islam.

Initialement, le but du jihad était la conquête de l’homme non pour l’asservir ou l’exploiter mais au contraire pour lui ouvrir les yeux et l’esprit et lui donner un code de conduite basé sur le respect des autres dans leurs biens et dans la liberté d’en disposer. Le jihad initial n’a eu recours à la violence qu’en légitime défense lorsque le prophète et se disciples étaient menacés de liquidation par les tribus païennes .Le jihad au nom d’Allah est à mon sens une action de donation et non de privation de liberté ; l’islam apportait une nouvelle spiritualité et un vrai code de société afin d’améliorer la vie et non pas ôter la vie a ceux qui ne partagent pas les mêmes valeurs que lui.

L’islam a pris sa place dans le monde et depuis des siècles déjà, un modus vivendi s’est installé dans le monde entre les différentes religions les transferts de l’une à l’autre restent des mouvements marginaux.je ne crois par à la supériorité d’une religion sur une autre, je respecte la croyance ou la non croyance de chacun car ce fait relève des convictions de tout un chacun.

Au 21éme siècle, se battre au nom du jihad est une erreur grave et une confusion dans les objectifs et les moyens d’y parvenir. Ceux qui au nom du jihad tuent et se font tuer le font pour reconquérir leurs terres, leur liberté et leur honneur peut être ; mais ils ne vont pas à la bataille au nom d’Allah comme allait le prophète et ses disciples au début de l’islam. Ce n’est donc plus du jihad au vrai sens du terme, mais une guerre entre dominant et dominé pour la maitrise d’un territoire, ou de source d’énergie bref une guerre de domination ( colonisation , impérialisme territorial et économique d’un coté ), et de lutte pour la vie et la liberté de l’autre.

Le monde a été le théâtre de multiples guerres et le sera encore et encore ; non plus pour imposer une religion à un autre peuple au détriment de la sienne, mais pour le dominer et piller par là même ses richesses.il est évident qui les peuples soumis à ces guerres impérialistes se défendent du mieux qu’ils peuvent, non pas pour défendre leur religion mais pour leurs terres, leurs richesses et leur liberté. Alors ne brandissons plus la religion quand on se bat pour des terres et des intérêts économiques car en se proclamant du jihad islamique on tronque la vérité et on tend la perche à nos ennemis pour nous battre. Dans les pays occidentaux la menace Islamiste a remplacé le péril jaune comme argument pour justifier toutes les actions menées contre le peuple arabo-musulman pour piller ses richesses.les dirigeant de nos pays ont tous sans exception adhéré à ce système d’exploitation afin de s’accaparer du maximum de richesses à leur profit personnel et du cercle restreint de leurs supporters.

La facette de l’islam militant et parfois violent a été exploitée sur le champ par l’occident pour mettre à l’index la société Arabo-musulmane et par la même justifier sa domination et les guerres entreprises au nom de la sacro-sainte démocratie contre le terrorisme islamique. Cela a constitué une perche tendue aux gouvernants arabes pour justifier et accentuer leur dictature sur leurs peuples et le pillage de leurs richesses. Cette situation satisfaisait tout le monde, saufs les peuples arabes bien sure (mais pour l’occident c’est un détail négligeable vu le déséquilibre des forces) : Ils ont fait admettre au monde entier que l’islam est une religion violente ce qui est totalement faux.et que seuls des pouvoirs dictatoriaux peuvent convenir à ces « peuplades ».

Un 17 décembre, dans une contrée reculée, du nom de Sidi Bouzid, d’un petit pays d’Afrique que de centaines de millions d’occidentaux ne situent même pas sur la carte du globe,( un pays habité par des musulmans donc potentiellement terroriste de leur point de vue ); une flamme a jaillit telle un bruissement d’ailes d’un papillon qui prend son envol ;et cette flamme s’est transformée en torche puis petit à petit en incendie qui s’est vite propagé dans tout le pays et qui a balayé le pouvoir en place .le monde entier a ouvert les yeux, les idées reçu commencent à tomber les unes après les autres : non l’islam n’est pas une religion dangereuse !il n’y a pas de menace islamique !oui ces pays méritent l’accès à la démocratie. Du jour au lendemain Sidi Bouzid était devenu le centre du monde et l’épicentre de la plus grande secousse sociale jamais ressentie par ce monde arabo-musulman endormi depuis des siècles les répliques en court actuellement nous le confirment et ce n’est que le début car elle va submerger non seulement tout le monde musulman mais touchera également tous les pays d’Afrique d’Asie ,d’Amérique et d’Europe où les droits des peuples sont bafoués et les richesses pillées par une poignée de dictateurs.