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Par Farouk Ben Miled,

Créateur d’emplois

Et surtout un projet créateur d’emplois gratifiant et de grande compétence. Outre les millions d’heures d’emploi et les millions de dinars en sous-traitance locale, ce serait un projet qui donnerait à l’ingénierie tunisienne l’occasion d’affirmer encore une fois son savoir-faire: rouvrir certaines lignes abandonnées, compléter certaines autres , améliorer certains tracés, desservir les chefs lieux de gouvernorats, atteindre la frontière Libyenne. Autrement dit “optimiser notre réseau” et le rationaliser tout simplement. Il redeviendrait alors cohérent et harmonieux répondant aux critères d’efficacité et de rentabilité.

Faible consommateur d’énergie

Le transport ferroviaire consomme à peine 3% de pétrole, contre 85% pour la route, alors que celle-ci accapare l’essentiel du transport du fret et des voyageurs, minéralier non compris, le calcul est vite fait. Reconsidérer le transport dans son ensemble devient d’une nécessité nationale. Le gouvernement serait bien inspirés d’anticiper un rééquilibrage rail-route dans une saine concurrence, systèmes complémentaires plutôt qu’antagonistes, contrairement aux homélies du lobby de la route, avant que nous soyons en retard d’une évolution, étant certain que le rail est la solution d’avenir. L’Europe, les pays asiatiques, ainsi que les grands constructeurs: Alstrom, Bombardier, Siemens, De Dietrich, etc., ne s’y sont pas trompés! Péjorativement perçu par le tunisien qui lui préfère le “louage” et ce n’est pas par hasard. Le rail doit entreprendre un gros effort de réhabilitation de son image de marque.

Optimiser le réseau

Citons quelques destinations à relier au rail :

  • Mateur et Béja greniers de la Tunisie, et qui mettrait le port de Bizerte aux portes de l’est algérien;
  • Thala et Siliana pour le transport du marbre, de la chaux, des céréales et des voyageurs;
  • Nafta pour le nouveau gisement de phosphate;
  • Korba et Kelibia pour desservir le Cap Bon qui en a bien besoin;
  • Nefza pour ses promesses aurifères;
  • Medenine capitale du Sud, dont la plate forme a été déjà réalisée depuis plusieurs décades, délaissée depuis et ainsi atteindre la frontière libyenne et éventuellement Zarzis ;
  • Zaghouan pour sa proximité à la capitale et de sa nouvelle zone industrielle;
  • Réhabiliter la ligne Sidi Smail / Nebeur (agglomération de 200000 habitants, région céréalière et maintenant industrielle) et la continuer jusqu’au Kef, en contournant le barrage de Mellègue afin d’éviter les ouvrages d’art onéreux (viaduc et tunnels);
  • Se dépêcher de construire notre “RER” , cette Arlésienne, avant qu’il ne soit dépassé;
  • Mateur-Tabarka, la voie au destin pathétique, seule richesse d’une région pauvre en dehors de l’abondance de ses eaux, elles aussi transvasées non sans raison d’ailleurs vers d’autres contrées encore moins favorisées.

Un calcul sommaire pourrait situer ceci à quelques 1250 kilomètres de voies réalisable à raison de 250 km par an à un cout moyen de 600000 Dinars le kilomètre, parait parfaitement envisageable pour un projet d’envergure nationale .

Cette voie Mateur-Tabarka, qui malgré les avanies de l’âge, l’acharnement de ses détracteurs et les insultes du manque d’entretien, est toujours là. Plus belle que jamais, traversant des sites spectaculaires et des paysages à l’insolente beauté, meublés de viaducs, tunnels, ouvrages d’arts, gloire d’une technologie intemporelle. Ils méritent à eux seuls le voyage pour une destination qui se veut touristique et dont elle devrait être l’ambassadrice toute désignée. Cette voie serait le vecteur de développement touristique et économique de toute la région de Tabarka et au delà. Les couts de la réfection de cette ligne dans les règles de l’art, représente l’équivalent du coût d’un seul hôtel!

Alors, on n’ira plus à Tabarka en train, mais on prendra le train pour aller à Tabarka. Encore faut-il pour cela croire à ce projet, avoir une vision prospective , ne pas démissionner devant les difficultés, ne pas être inhibé par des notions de comptabilité étriquée, ne pas céder aux impératifs de rentabilité immédiate, raccourcis réducteurs, et surtout avoir l’exaltation et l’enthousiasme nécessaire pour en faire une épopée. Bref tout quoi !