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Ahmed Nejib Chebbi. Crédit: www.europa451.es

Par Mohamed Madhkour

Je m’adresse à vous parce que je respecte votre lutte qui n’a pas commencé un 14 Janvier, je m’adresse à vous par respect à votre militantisme qui n’a pas commencé hier, mais je m’adresse à vous parce que j’ai peur que vous soyez le futur Mohamed CHARFI (paix à son âme) de la prochaine décennie, en ce sens que vous allez servir d’alibi à une future dictature.

Permettez-moi de vous écrire ces quelques lignes en réaction à votre dernier discours à propos de la demande d’un Conseil pour la Sauvegarde de la Révolution.

Permettez-moi de rire de votre premier constat où vous dites qu’un Gouvernement Démocratique se doit d’avoir une opposition !

Mais de quelle démocratie vous parlez ? si vous voulez adresser un discours populiste et démagogue pour séduire votre futur électorat, j’en conviens et vous en avez tout à fait le droit, mais de là à tromper le monde, vous faites un pas très dangereux. De quel Gouvernement Démocrate vous parlez ? avez-vous été élu pour parler de démocratie qui doit faire la place à l’opposition ?

Aujourd’hui nous avons une image très simple, un Gouvernement de transition dont la composition a été nettoyée quelque peu suite à la revendication d’un peuple et les forces vives du Pays qui milite pour la chute du système Ben Ali.

De quel droit, vous vous autorisez à parler d’une Démocratie ? vous n’êtes (en tant que membre de ce gouvernement) qu’un mal nécessaire, avec tout mon respect pour l’homme que vous êtes et les idées, à l’intérieur de votre parti, que vous défendez.

De quel droit vous donner des leçons sur la légitimité des revendications politiques, alors que vous n’êtes là que pour la gestion courante des affaires de l’Etat. Je vous rappelle par la même occasion que vous avez dit que vous seriez dans les régions, dans les coins les plus reculés de la Tunisie, pour entendre les revendications du peuple, alors que depuis un mois, on ne vous voit que sur les plateaux télé ou dans la préparation de votre campagne électorale.

vous n’êtes pas d’accord pour un Conseil de Sauvegarde de la Révolution, très bien, ça n’oblige que vous. Je vais même plus loin, l’idée de ce Conseil, qui est tout aussi bien légitime que toute autre idée pour l’instauration des institutions aboutissant à la démocratie, émane d’un consensus, d’un compromis pour un travail constructif et paisible, mais l’idée la plus légitime est celle qui aboutira à l’élection d’une assemblée constituante.

A travers la lecture de vos dires, vous avez déjà votre propre idée sur le projet démocratique tunisien (développé dans votre interview sur Jeune Afrique). Très bien, encore une fois ça n’oblige que vous. Vous voulez d’une élection présidentielle, dans un futur très proche, où vous serez éventuellement candidat ; élection qui devra aboutir à un Président auquel nous devons nous soumettre, à son bon vouloir pour décider, ou pas, de dissoudre la chambre des députés et celle des conseillers et à penser in finé à l’éventualité d’une nouvelle constitution. Magnifique, vous voulez donc remplacer une dictature par une nouvelle !
Cher Monsieur Néjib Chebbi, vous croyez que ce peuple attendra les bons vouloirs d’un Prince qui décidera ou pas de nous donner la démocratie ?

Cher Monsieur Néjib Chebbi, vous croyez réellement que le salut viendra d’une personne ? Comment allez-vous le garantir ? en jurant sur le Coran ou sur la Constitution de Ben Ali ?

Cher Monsieur, nous faisons partie d’une génération qui ne croit plus en la personnification de la démocratie. Nous faisons partie d’une génération qui croit que le salut viendra par l’édification de nouvelles institutions, par la souveraineté d’un peuple, par les urnes pour l’élection d’une assemblée constituante et un référendum pour décider du régime à adopter.

Cher Monsieur, nous faisons partie d’une génération qui ne croit pas à la Démocratie au goutte-à-goutte.

si en 1955, le peuple tunisien a pu mettre en place une assemblée constituante à côté d’un gouvernement de transition sous l’armoirie de la monarchie, que dire alors aujourd’hui en 2011.

Pour revenir maintenant à un autre point de votre discours par rapport à ce que vous qualifiez de revendications et critiques des opposants (ça me fait rire « opposants » d’autant plus que ça vient de vous). Je reformule donc, les revendications et critiques d’un nombre de forces vives tunisiennes par rapport aux actions de votre gouvernement de transition :

– Revendication sociale :

vous avez parlé depuis un mois d’indemnité aux jeunes diplômés chômeurs. D’après la déclaration d’un responsable de l’administration hier : Rien n’a été décidé jusqu’à aujourd’hui : ni les mécanismes, ni les bénéficiaires, ni les sources. Et vous voyez que je commence par un point qui normalement n’est pas du ressort de votre gouvernement, mais nous accueillons avec toute la bienveillance du monde les actes de solidarité ;

– Revendication politique :

Depuis un mois où en sont les projets suivants :

  • Structuration des élections : carte d’électeurs, code électoral, autorité de supervision,….
  • Médias : code la presse, autorité de supervision des médias,….
  • Association : code des associations, aide de l’Etat
  • Feuille de route pour le projet constitutionnel ;
  • Qui dirige les autres institutions de l’Etat : Conseil Économique et Social, les structures de suivi des plans de privatisation,…..
  • – Revendication économique :

    Nous n’attendons pas que cette chose de transition nous apporte des solutions, mais j’attends des réponses sur les points suivants :

  • Où est la cour des comptes ?
  • Où en sont les entreprises publiques ?
  • Que font les autres autorités de contrôle de l’Etat (premier ministère et autre) ?
  • Où on en est dans le budget de l’Etat au jour d’aujourd’hui ?
  • Où en est vous avec les organes de gouvernance des sociétés publiques ?
  • Je répète ce que j’avais dit auparavant, nous ne sommes pas des enragés ou des impatients, mais où en est la feuille de route de ce gouvernement ? quelles sont vos échéances ?

    Cher Monsieur, vous n’allez pas nous faire taire avec une vidéo montrant les babioles de Ben Ali, l’essentiel n’est pas là. Bien au contraire par cette propagande vous participez à un discours populiste, du genre voilà la cagnotte, on va bientôt se la partager ! un genre de Gaddafi et son partage du pétrole en plus élaboré.

    Nous ne sommes pas dupes, comme personnellement je respecte votre engagement et votre honnêteté et je vous encourage dans votre campagne électorale, mais par votre mutisme sur l’essentiel : assemblée constituante, restauration des institutions, défense des libertés, vous radicalisez le discours et les revendications.

    Je respecte votre engagement comme celui de Iyadh Ben Achour, mais sachez le, vous n’avez pas le monopole des projets démocratiques.

    Rappelez-vous Feu Mohamed CHARFI qui a donné de sa personne pour participer au projet démocratique de Ben Ali, voyez comment cet homme a été trahi.

    Le blog de Mohamed Madhkour