Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Par Nazih Karoui ,

“La nature a horreur du vide”. Si on applique ce principe à la vacation du pouvoir, il serait sage de déduire, qu’à la suite de la fuite de l’ex-président Tunisien, un nouveau gouvernement devrait se former et opérer très rapidement pour éviter tout dérapage vers une situation chaotique. Les arguments tenus par Messieurs Mohamed Nejib Chebbi et Ahmed Ibrahim, quant à la formation rapide d’un gouvernement, sont bien compréhensibles et logiques.

Mais là où le bât blesse, c’est quand ils font semblant de ne pas reconnaître que ceux qui dirigent effectivement les Ministères Tunisiens, sous l’ex-président, ne sont pas les ministres ou les chefs de cabinet, mais bien les directeurs ou secrétaires généraux.

Il est bien connu (sauf pour les deux ex-opposants) que les ministres tunisiens, notamment à partir des années 1990 et à l’exception d’un ou deux ministres, sont au mieux des notaires sinon des messagers entre leurs ministères et le palais présidentiel! En faisant confiance aux directeurs généraux (il y a certainement quelques mauvaises graines qui ont été parachutées), les ministères pourraient tenir et continuer à fonctionner, tant bien que mal, pour quelques mois. Ainsi, un gouvernement de salut national, limité à une dizaine au maximum, et composé de personnalités indépendentes bien connues pour leur honnêteté, pourrait coordonner les activités gouvernementales et veiller à la bonne marche des trois comités nationaux, censés représenter toutes les tendances politiques, syndicales, professionnelles, la société civile, etc., qui ont été crées pour des missions bien spécifiques (réformes constitutionnelles et démocratiques, anti-corruption, enquêtes sur les violences).

Messieurs Chebbi et Ibrahim se sont avérés, malheureusement, avides du pouvoir. Ils se sont précipités sur le gâteau comme des affamés. Le premier, connu pour être éloquent et calme, mais tenu en laisse pour une longue période, s’est vite jeté sur la cerise, quitte à défendre ceux qui l’humiliaient il n’y a pas si longtemps. Personnellement, je misais sur lui pour qu’il soit l’homme providentiel, mais quelle fût ma déception! Le second, n’arrivant même pas à composer une phrase utile en langue arabe, est un francophile convaincu, ne trouve son salut que lorsqu’il rend compte à son journal fétiche, l’Humanité. Monsieur Ibrahim, un démocrate par correspondance, n’ayant aucune chance d’être élu démocratiquement par le peuple Tunisien, ne pourrait se permettre de rater cette occasion pour se faire ministre, et en s’assoyant sur son fauteuil, ivre du pouvoir à la Sarkosy, a commis sa première bêtise en chassant les directeurs généraux et le chef de cabinet de son ministère, confirmant ainsi son ignorance quant au fonctionnement des ministères tunisiens.

Qu’attendez-nous de ces deux personnes cupides du pouvoir? Le futur tout proche nous le dira!

Nazih Karoui
Ancien Fonctionnaire en Tunisie, Canada