Nabila Barkati, une étudiante en école d’Ingénieur raconte le calvaire qu’elle a vécu le 14 janvier 2011 alors qu’elle participait à la manifestation de l’avenue Habib Bourguiba devant le ministère de l’intérieure.

Lors de la manifestation pacifique du 14/01/2011 à Tunis, les forces de l’ordre ont frappé les manifestants à coup de matraque et ont lancé des bombes de gaz lacrymogènes. Nous étions contraints de nous réfugier dans un immeuble. Vers 18h le couvre feu, nous a obligé d’y passer la nuit.

Des policiers nous ont attaqués aux environs de 2h du matin. Ils nous ont frappés avec des battons. On m’a cassé mes lunettes de vue et on m’a trainé par les cheveux jusqu’au ministère de l’intérieur. Là plus de coups, mais un harcèlement moral durant le reste de la nuit, avec des menaces de viols. Heureusement, ils ne sont pas passés à l’acte. Personnellement, ils m’ont relâché à 9h du matin, lèvres enflés, des bleus par tout, pouvant à peine marcher. Par chance, ma sœur et son mari qui étaient en train de sillonner l’avenue Habib Bourguiba en ma recherche, sont parvenus à me reconnaitre malgré mon état pitoyable. Je n’ai jamais été si mal traité. J’ai entendu des injures dont je ne soupçonne même pas l’existence. Et cela pour être descendu à la rue, réclamer la fin d’un régime tyrannique.

Je me dit que j’ai pas le droit de me plaindre pour si peu. En effet, des tunisiens sont morts pour cette même réclamation. Certes Ben Ali n’est plus là. Cependant, le régime de répression garde encore ses racines. Nos droits ont été bafouillés sous les ordres de Mr le ministre de l’intérieur Ahmed Friaa. Je me demande jusqu’à maintenant qui été à l’origine de cet assaut.

Nabila Barkati