Imprévisible, foudroyant, exaltant, historique… Voilà comment on pourrait qualifier ce que l’on peut désormais appeler la Révolution Tunisienne. Une révolution particulière mené par un peuple particulier, riche par son Histoire et dont on loue l’ouverture d’esprit et son caractère pacifique. L’avenir d’une Nation se construit par sa jeunesse. Et c’est cette jeunesse, qui par son manque de perspectives, symbolisé par le courageux et désespéré acte de Mohamed Bouazizi, a peut-être sauvé la Nation en déclenchant le soulèvement qui s’est étendu très vite à tout les Tunisiens sur l’ensemble du pays.

Maturité d’un peuple

L’extraordinaire soulèvement du peuple Tunisien, transformé en révolution est remarquable par sa maturité et sa démarche pacifique. Certes, des manifestants ont répondu aux balles réelles de la polices et aux « assassins d’élites » postés sur les toits des immeubles, par des jets de pierres. Il est vrai que les symboles du pouvoir en place, comme les locaux du RCD ont été saccagés et brulés. Mais n’est-ce pas là une preuve supplémentaire de ce caractère pacifique, compte tenu des nombreux assassinats arbitraires de civils ? Précisément, ne pouvons nous pas être étonnés que la situation n’ait pas dégénéré alors même que l’on ordonnait de tirer sur les cortèges funéraires des personnes exécutés ? Dans bien d’autres pays, l’insurrection et la violence auraient été une réponse à tant d’acharnement. C’est la persévérance d’un peuple éduqué et responsable, à qui on avait tant de fois promis qu’il aurait le pouvoir de décider de l’avenir de sa Nation, qui a primé.

L’armée, garde-fou républicain

Déployée à partir de la troisième semaine du soulèvement, l’armée tunisienne a fait preuve d’un comportement exemplaire et a forcé le respect de la population. Cette armée, faiblement dotée depuis l’Indépendance par le Président Bourguiba pour la tenir à l’écart du pouvoir et pour renforcer les allocations pour l’Education du peuple Tunisien, a toujours été confinée dans les casernes, loin de Carthage. Son rôle de protecteur suprême de la République est apparu au grand jour quand le chef d’état major de l’armée Rachid Ammar, a refusé de tirer sur les manifestants. Ces même manifestants qui se protégeaient derrière les camions de l’armée, des tirs des protecteurs de l’Etat que sont les policiers. Ajoutons deux éléments pour expliquer la proximité de l’armée tunisienne envers la population et leur adhésion à la révolution : le premier est la composition de l’armée, qui est une armée d’appelée et pas seulement une armée de métier ; le second est la rancœur de certains hauts officiers de l’armée, après l’exécution de hauts gradés par Ben Ali il y a quelques années par l’explosion d’un avion…

Une révolution exemplaire a eu lieu pour chasser du pouvoir le premier flic morose de la Tunisie et mettre fin au système de corruption généralisée de ses proches. Malgré la confusion qui règne en Tunisie quelques heures après la fuite du dictateur, avec le signalement de pillages qui seraient le fait de voyous et d’anciens policiers, le peuple Tunisien doit rester responsable.

Responsable et vigilent pour la construction d’une chose inédite en Tunisie, à savoir la démocratie. Nous avons su prendre rendez-vous avec l’Histoire, prenons maintenant rendez-vous avec l’avenir en nous impliquant pour favoriser les forces politiques démocratiques, progressistes et laïques, pour que la victoire de cette révolution reste entre les mains du peuple Tunisien et pour que miracle Tunisien ne soit pas un mirage.