Cinq ans déjà et pas un jour en prison qui ne soit marqué par un événement terrible ou une situation douloureuse. Et si j’ai toujours été optimiste, la violence inouïe de ceux qui prennent en charge l’administration des prisons ainsi que les violations permanentes des droits et de la dignité de l’homme me font perdre espoir ; je désespère de trouver du bon chez eux. La dernière fois que j’ai dû subir leur violence et leur inhumanité, ça a été à l’initiative du directeur de la prison de Saouaf qui m’a lui-même torturé d’une façon odieuse et inimaginable et pourtant rien ne m’étonnait venant d’eux tant ils sont réputés pour la sauvagerie, le mépris et l’humiliation des prisonniers.

Il m’a suspendu à la fenêtre en fer, aidé en cela par ses agents qui m’ont tordu les bras dans le dos et m’ont attaché les mains en haut de la fenêtre. Entre le barreau où était attachée la main gauche et celui où était attachée la main droite, il y avait environ quatre vingt centimètres. Ma main était complètement tordue et les liens me serraient tellement fort les poignets que le sang ne circulait plus. Ils se sont ingéniés à me torturer par les méthodes les plus odieuses et insoutenables ne serait-ce que pendant une minute. Comment ai-je pu pendant de longues heures, du matin au soir, endurer cette souffrance insupportable ? Que pouvait être le pêché commis pour qu’il soit châtié ainsi ? La raison en est que j’ai demandé à être dans une cellule où il n’y ait pas de fumeurs car celle où l’on m’a mis, dès l’entrée, vous êtes dans un nuage blanc de fumée de cigarettes qui flotte dans la cellule et vous avez vite un mal de tête et la nausée.

Je demande au gouvernement qui appelle à lutte contre le tabagisme et a promulgué des lois interdisant de fumer dans les lieux publics : les prisons ne sont-elles pas des lieux publics où vivent des êtres humains exposés au danger ? Le danger du tabagisme passif n’y est-il pas plus grave que dans n’importe quel autre endroit ? Ce sont dans ces lieux que nous vivons en permanence.

Cette cellule n’a pas d’aération. Les prisonniers ont insisté pour que l’aspiration y soit réparée mais […] l’administration n’en a eu cure et n’a pas agréé les demandes. Quand j’ai voulu préserver ma santé du danger du tabagisme passif dans une cellule de cinq mètres sur douze où il y a quatre vingt personnes qui fument en permanence que j’ai protesté et exigé d’être dans une cellule sans fumée, j’ai été soumis aux plus odieux procédés de torture. La prison de Saouaf a remplacé la punition du cachot par celle de la suspension illégale. Il y en a qui sont restés suspendus à la fenêtre du matin jusqu’à la fin de la nuit. Moi qui y ai passé presque six heures, je suis resté alité trois jours, alors qu’en est-il de celui qui y reste quinze heures ?

Via l’Organisation Liberté et Equité

(traduction ni revue ni corrigée par l’auteur de la version en arabe, LT)