Yassine Ferchichi était hier l’invité inattendu de la conférence de presse convoquée par la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) et la section sénégalaise d’Amnesty International, qui s’est tenue dans les locaux de la RADDHO à Dakar et qui a fait le point sur l’affaire Abdoulaye Wade Yinghou, décédé depuis le 14 juillet 2010 dans le Commissariat de Yeumbeul (Quartier de la banlieue dakaroise) à la suite de son arrestation par des éléments de la police, lors d’une manifestation contre les délestages des jeunes de Yeumbeul Béne Baraque, et qui n’est à ce jour pas inhumé.

Yassine Ferchichi a fait part de son inquiétude grandissante : il a été sommé le 3 août par le propriétaire des lieux de quitter le logement mis à sa disposition par les autorités sénégalaises depuis le 3 juin dernier. Ces dernières ne se sont pas expliquées sur les faits. Mais l’essentiel est ailleurs. Depuis son arrivée au Sénégal, Yassine Ferchichi n’a jamais reçu d’assurance sur sa prise en charge par les autorités. Et quand il l’a reçue, verbalement, cette dernière a été démentie dans les faits. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à la rue en mai dernier. C’est ainsi qu’il n’a jamais pu être opéré d’une fracture, qui s’est consolidée en mauvaise position. Et c’est de la même façon qu’il ne doit sa survie qu’à des aides et à des gestes de solidarité occasionnels. Avec cette nouvelle menace d’expulsion, Yassine Ferchichi se retrouve aussi désemparé qu’au premier jour de son séjour forcé au Sénégal.

Pour rappel, Yassine Ferchichi, de nationalité tunisienne, interdit du territoire français, a été expulsé sans préavis à Dakar par les autorités françaises le 24 décembre 2009, après que la Cour Européenne des Droits de l’Homme ait enjoint à la France de ne pas le renvoyer en Tunisie, où il courait le risque d’être soumis à la torture. Depuis son arrivée au Sénégal, où il n’a pas de papiers d’identité et de séjour, il vit dans la précarité, l’errance et l’incertitude.

Luiza Toscane, 5 août 2010