Scène de désolation à Redeyef.

Décidément, Redeyef est devenue une ville martyre en Tunisie. A elle seule, cette ville de quelques milliers d’habitants concentre tous les maux d’un peuple : pauvreté, chômage, pollution, sous-développement économique, manque d’équipements et d’infrastructures, répression policière. Après la terreur d’état qui s’est abattue sur la ville il y a un an, c’est la nature qui s’est déchainé sur ses habitants. Les inondations ont causé plus de 20 morts et plusieurs blessés, et la ville a été ravagée par les eaux qui ont tout emporté sur leur passage.

Un bilan si lourd est directement lié à la rapidité et la violence de la monté des eaux. Il est aussi dû à des carences dans la prévention et la prévision de telles crues et inondations. Si l’homme peine encore à contrôler les effets dévastateurs de la nature, il peut néanmoins disposer de moyens de prévention pour en limiter les dégâts humains et matériels. Et la prévention passe par la limitation de l’urbanisation autour des zones inondables en cas de fortes pluies, le contrôle des débordements par l’aménagement de digues de protection plus résistantes, par la facilitation de l’écoulement des eaux et le par le reboisement qui favorise leur absorption.

Les prévisions, quand elles sont bonnes et précises, servent à alerter les populations en amont pour épargner le maximum de vies. A redeyef, on a failli à cette tâche. Des prévisions plus précises et mieux communiquées aux habitants auraient certainement sauvé beaucoup de vies. Et on retrouve cette incapacité à anticiper les évènements aussi dans la gestion de l’après-catastrophe, avec deux nouvelles pertes de vies par électrocution suite à la remise en marche de l’eau courante sans prévenir la population des risques qui y sont liés…

L’Institut national de la météorologie renvoie la balle aux autorités en niant s’être trompé dans ses prévisions et en affirmant avoir lancé l’alerte à temps. Les autorités se déploient et communiquent intensivement pour gérer au mieux le retour à la normale, non sans récupération politicienne. Il reste les habitants, qui continuent à accumuler les peines et les souffrances. Aidons-les comme on peut à les surmonter…

Carpe Diem