Selon la lettre d’information hebdomadaire, TTU (Très Très Urgent), la cyber-police tunisienne est en pleine croisade contre toutes les voix discordantes à la propagande officielle qui s’expriment sur le net tunisien.

Ainsi, les effectifs de ces officines de contrôle, évalués à 600 cyberflics exerçant « dans des locaux tout neufs situés à moins d’un kilomètre du palais de Carthage », ont été doublés en vue des prochaines échéances électorales. Leur nouveau terrain de prédilection : Facebook, le réseau social préféré des Tunisiens.

Avec près de 800 000 tunisiens et tunisiennes inscrits à ce site, on comprend bien la peur des autorités de perdre le contrôle sur des dizaines de milliers de jeunes instruits, issus de cette fameuse classe moyenne qui fait la fierté de la propagande officielle.

Toujours selon TTU, rien que durant l’emballement médiatique autour de l’affaire des yachts volés où les neveux du président sont poursuivis en correctionnelle, les cyber-policiers ont déclenché « une opération de piratage de plus d’un millier d’adresses électroniques.».

Depuis quelques mois déjà plusieurs administrateurs de groupes sur Facebook, ont fait les frais de cette attaque en règle de la cyber-flicaille. Comptes administrateur désactivés, contenus et membres de groupes effacés et jusqu’à la prise de contrôle pure et simple de certains groupes gênants.

Interrogé, l’un des administrateurs de ces deux groupes, affirme que les pirates ont procédés d’abord à la prise de contrôle du compte Facebook de l’un des administrateurs résidant en Tunisie pour en suite l’utiliser afin de neutraliser les autres administrateurs et ainsi prendre le contrôle du groupe.

Les intimidations ne sont toujours pas virtuelles et peuvent aboutir à des menaces bien réelles. C’est l’aventure du jeune Zeki de Tabarka. Son tort ? Avoir créé un groupe de soutien à Tarek Mekki, un opposant à Ben Ali dont les vidéos, des discours enflammés contre le régime en place, font fureur sur Facebook.

Le jeune a été interpelé dans un café et entrainé de force dans “une fabrique de tomate concentrée” à la sortie de la ville pour y être tabassé. Il a été ensuite relâché, sur un pont, à quelques kilomètres de la ville, obligé de rentrer chez lui à pieds comme il le raconte dans cette vidéo :

Le compte Facebook de Tarek Mekki, n’a bien évidement pas échappé à ces barbouzes du net. Une fois piraté, la photo de son profile a été remplacée par une photo montage le représentant en singe ! Les pirates ont en profité pour envoyer des messages diffamatoires à ses nombreux contacts.

Le profile de Tarek Mekki piraté.

Comme toute compagne de piratage qui se respecte, la dernière en date n’a pas épargné Mokhtar Yahyaoui, cible privilégiée des cyber-poulets. Après la prise de contrôle de son profile Yahyaoui Mokhtar, l’ancien juge en a créer un autre, Mokhtar Yahyaoui. A peine a-t-il eu le temps de l’annoncer par un communiqué que le nouveau profile est à son tour piraté. Une facilité qui pousse nos cyberflics à l’arrogance comme en témoigne ce message « rafraichissant » envoyé à deux amis de Mokhtar Yahyaoui suite à un échange sur le mur de son nouveau profile. Je vous averti de suite : Ça ne vol pas très haut mais ça a le mérite d’être clair.

\"khritou fih el zouz\". Ce qui veut dire en termes convenables : \"vous avez fait un trou dans l\'eau tous les deux\"

Mais la palme d’or de ces bidouillages virtuels revient surement à cette « aventure » survenue à une personnalité, pour le moins, inattendue. Bien qu’il ait l’habitude de faire rire, Taoufik Jebali, grande figure du théâtre tunisien, ne pensait pas le faire de cette manière : Des centaines de personnes de sa liste d’amis, bien garnie, ont reçu de sa part une invitation pour…devenir un « Fan de Zine El Abidine Ben Ali » !

une invitation pour…devenir un « Fan de Zine El Abidine Ben Ali » !

Jebali, pragmatique, y répond par cette réflexion affichée sur son statut et qui pourrait être le mot de la fin :

Une blague qui ne fait pas rire Taoufik Jebali

« Il y a une bonne blague qui circule sur mon compte, ne me prenez pas pour un rigolo, car elle n’est pas de moi ».

Malek Khadhraoui Aka Punica Fides

PS: Merci à tous ceux qui m’ont envoyé certaines des captures d’écran qui ont illustré cet article.