Malgré la faim et la chaleur, la presse tunisienne a fait la fête aujourd’hui, à l’occasion de la pré-victoire aux présidentielles du “fils du peuple“…Et les photos étaient comme à leur habitude délicieuses:

Version 2009

Le plus frappant dans ces scènes devenues si familières, est l’extrême ressemblance des évènements – des textes et des scénarios aussi. J’ai voulu vérifier cette impression de “déjà vu”, en allant fouiller dans les archives de notre Pravda nationale pour comparer les comptes-rendus des journées de dépôt de la candidature “suprême” pour les élections de 2004 et de 2009. Seulement, les archives de LaPresse s’arrêtent exactement au mois d’octobre 2004, impossible de remonter plus loin…Ils ont raison de raisonner en quinquennat, les archives de 22 années de changement pèseraient bien lourd!

Mais j’ai trouvé ailleurs ce que je cherchais, et la ressemblance des photos est troublante :

Version 2004

Vous remarquerez que mêmes les membres du conseil constitutionnel ne changent pas d’une élection à l’autre…Même chose du côté de l’opposition politique, qui comme prévu a fait preuve de courage et d’honnêteté en plébiscitant leur éternel et bien-aimé adversaire…

Évidemment, tous ces efforts font partie du décor pluraliste et constitutionnel qu’on veut absolument attribuer à ces élections. Mais pour qu’un décor soit crédible, il doit faire preuve d’un minimum de vraisemblance et de variété : il ne faudrait pas toujours utiliser les mêmes d’une élection à l’autre…Cette monotonie électorale qui dure depuis 20 ans ne dupe plus grand monde, à part ceux qui veulent bien y croire. Des phrases comme “veiller à ce que la Tunisie demeure constamment la patrie du sérieux, de l’effort, de l’équilibre et de la modération” ne correspondent plus à la réalité du pays. Quand plusieurs partis dits de l’opposition appellent pour voter pour un parti concurrent, ce n’est pas “sérieux”. Quand un parti unique monopolise la scène politique et médiatique, ce n’est pas “équilibré”. Et quand la Cour de cassation rejette le pourvoi des détenus du bassin minier, ce n’est pas ce qu’on peut appeler de la “modération”.

Carpe Diem